Après sa découverte en 1983, la prolifération du SIDA a fait émerger une génération de militants, tous bien décidés à remporter cette lutte. Janet Maury, 80 ans, raconte pourquoi et comment elle se bat contre la maladie depuis plusieurs décennies.
Plus de 20 ans de combat. À 80 ans, Janet Maury n’en a pas fini avec la prévention contre le SIDA. Quand un collègue lui a appris sa séropositivité, elle a déchanté. L’histoire ressemble à des millions d’autres : une sortie de travail tardive, “un coup de désir“ mais rien pour se protéger. Ce confrère leur fera promettre, à la secrétaire du proviseur et à elle-même, de ne rien divulguer. Confuse, Janet Maury se souvient lui avoir demandé pourquoi cette dissimulation était nécessaire car “ce n’est pas honteux“. À ce moment-là, elle reçoit une réponse qui la choque : “Tu ne peux pas savoir le poids des discriminations.“
Des batailles difficiles à mener
Cette révélation est l’élément déclencheur de l’engagement de Janet Maury. La lutte, elle a tenté de la mener dans le lycée où elle enseignait. En vain. Par peur pour les lycéens, elle s’est mise à écrire un texte qu’elle a transmis au conseil d’administration de l’établissement afin qu’il soit diffusé. Elle est tombée des nues quand on lui a répondu que ça “ne concernait pas“ le lycée. Plus tard, la réticence fut la même quand, en 1993, elle propose l’installation d’un distributeur de préservatifs gratuit. Là encore, la consternation ne fut pas des moindres. “Mais on n’a pas le droit de se taire, on le sait que ça existe“,a-t-elle déploré.
Le danger est toujours là
Aujourd’hui, il n’existe toujours aucun traitement qui permet de guérir du SIDA. C’est pourquoi Janet voudrait que les plus jeunes redoublent de vigilance. “Le danger est toujours là, il est silencieux, il est traître.“