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En vue des européennes, LR mise tout sur la lutte contre l’immigration

Le parti de Laurent Wauquiez devait tenir son conseil national sur l’Europe, samedi dans les Alpes-Maritimes.

Par  (Menton (Alpes-Maritimes), envoyé spécial)

Publié le 30 juin 2018 à 09h46, modifié le 30 juin 2018 à 10h13

Temps de Lecture 4 min.

Laurent Wauquiez, président de  LR, et Nadine Morano, visitent le poste frontière Saint-Louis à Menton, le 29 juin.

Nadine Morano patiente sous un soleil de plomb devant le commissariat du poste frontière de Menton, point de séparation entre la France et l’Italie. Laurent Wauquiez est en retard, bloqué dans les embouteillages. Le président du parti Les Républicains (LR) doit visiter les lieux avec elle et son collègue député européen, Franck Proust, vendredi 29 juin. A la veille du conseil national de LR sur l’Europe, qui a été délocalisé dans la cité des Alpes-Maritimes.

La rescapée du sarkozysme, devenue figure de proue du wauquiézisme au fil des semaines, passe le temps en donnant son avis sur l’accord signé à Bruxelles, quelques heures plus tôt, qui prévoit que les Etats membres de l’Union européenne (UE) créent sur la base du volontariat des centres d’accueil pour les réfugiés. « C’est un accord pour rien, comme d’habitude. On verra quels pays seront candidats pour mettre un hotspot chez eux », grince l’ancienne ministre.

« Folie »

Laurent Wauquiez arrive, la gratifie d’une bise et d’une tape dans le dos, puis s’engouffre dans le commissariat. Il ne la désavouera pas, loin de là. « Il ne faut pas de centres de réfugiés sur le territoire européen », assure peu après à la presse le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qualifiant cette perspective de « danger fondamental » et de « folie » qui « va encourager l’appel d’air pour les migrants ». « L’approche » d’Emmanuel Macron, selon lui, « c’est comment répartir les migrants sur le territoire européen », alors qu’il se fixe de son côté un objectif : « reconduire à la frontière ».

Ainsi va la précampagne de LR en vue des élections européennes de mai 2019. L’immigration ébranle les institutions européennes, pousse au pouvoir dans certains pays – Italie, Autriche, Hongrie – les populistes et l’extrême droite, fragilise l’assise plus que décennale d’Angela Merkel en Allemagne… Laurent Wauquiez, lui, s’engouffre tête baissée dans cette brèche qui se mue peu à peu en trou béant. Il s’affiche tout sourire en photo sur Twitter avec Viktor Orban, le premier ministre hongrois, champion du camp populiste et anti-immigration, ou avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz, ce conservateur qui gouverne en coalition avec l’extrême droite.

Le président de LR présente les sept « piliers » du futur projet européen de son parti, relativement consensuels mais qui dénotent d’une idée fixe. « Pilier » numéro 2 : « des frontières sûres » face « à l’immigration de masse incontrôlée et à la menace du terrorisme islamiste ». « Pilier » numéro 3 : « des frontières stables », sans élargissement de l’UE ou de l’espace Schengen.

« Pilier » numéro 7 (dérivé indirect des deux points cités précédemment) : « l’Europe est une civilisation commune, dont nous voulons transmettre l’identité, la culture, les racines et les valeurs ». Le nombre d’arrivées de réfugiés s’est amenuisé par rapport au sommet atteint lors de la crise migratoire de 2015, mais les sondages le disent : « Sécurité et immigration sont les deux thématiques prioritaires dans les 27 pays de l’UE. Il faut changer cette Europe qui ne correspond pas aux attentes du XXIe siècle », considère Franck Proust. « Ceux qui écoutent le peuple, c’est des populistes ? Je veux bien qu’on m’appelle populiste ! », s’enhardit Nadine Morano.

La tombe ne répond pas

Une heure de route plus loin, la petite troupe, à laquelle s’est joint Jean Leonetti, nouveau vice-président délégué de LR, se retrouve à Grasse devant la tombe de Charles Pasqua. Eric Ciotti a publié le matin même une tribune dans Nice-Matin en hommage à l’ancien ministre de l’intérieur, mort le 29 juin 2015, cet « homme dont la droite doit s’inspirer aujourd’hui ». « Face aux bateaux de migrants qui déferlent sur les côtes européennes, Charles Pasqua ne se serait certainement pas tu », écrit le député des Alpes-Maritimes. La tombe ne répond pas et les derniers militants du RPF, le parti gaulliste que Pasqua avait ressuscité pour mener ses croisades souverainistes, observent la scène avec une forme de dédain. La « cérémonie officielle » en mémoire du défunt Charles, comme dit leur porte-parole, a eu lieu un peu plus tôt, le matin.

Laurent Wauquiez et Christian Estrosi, à Nice, le 29 juin.

Direction Nice, maintenant, et le bureau du maire de la ville, Christian Estrosi. Il fut un temps où l’ancien lieutenant de Nicolas Sarkozy aurait accompagné de bon cœur le concert de critiques sur la politique migratoire du gouvernement, mais il s’est rapproché d’Emmanuel Macron depuis plus d’un an et déplore le fait que « la droite n’est jamais allée aussi loin » que le président de la République en la matière.

Toujours adhérent de LR et président de la fédération des Alpes-Maritimes – poste qu’il ne se refuse pas de briguer à nouveau lors d’élections internes, en octobre – il vise, avec son entrevue avec Laurent Wauquiez, à donner une image d’apaisement après des mois de relations tumultueuses. « J’ai un petit cadeau pour le président », glisse-t-il même, sortant d’un paquet la reproduction en maquette du nouveau tramway de Nice, qu’il devait inaugurer samedi. Soit le même jour que le conseil national de Menton, où il essaiera néanmoins de passer une tête. Il ne sera pas dit que l’édile peut être refoulé d’une réunion de sa propre famille politique. Même par les temps qui courent.

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