Un braquage avorté, une course-poursuite infernale sur l'autoroute, et au bout la mort d'une jeune policière municipale, Aurélie Fouquet. Neuf hommes sont jugés par la cour d'assises de Paris, dont un braqueur médiatique, Redoine Faïd.

Redoine Faïd, avant d'être jugé pour le meurtre de la policière municipale Aurélie Fouquet en mai 2010 à Villiers-sur-Marne

MaxPPP/PHOTOPQR/LE PARISIEN

Sa dernière évasion, dimanche 1er juillet au matin de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en hélicoptère, est encore digne du cinéma d'action, dont il est d'ailleurs un fervent amateur. Redoine Faïd est bien connu des services de police, et ce depuis des années.

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Croquis d'audience représentant Redoine Faïd mardi à son procès en appel

Croquis d'audience représentant Redoine Faïd en février 2018 lors de son procès en appel

© / afp.com/Benoit PEYRUCQ

Premier larcin à 6 ans

Né dans une famille nombreuse de Creil (Oise), dans une cité HLM, il commet son premier larcin à 6 ans, en sortant un caddie de supermarché rempli de confiseries. La "vocation", disait-il, est venue à 12 ans : il sera voleur. De la petite délinquance, il franchit rapidement les étapes en gagnant le surnom, par la police, de "terreur de Creil".

"Il a côtoyé et fait partie de ce caïdat de cités HLM, cette nouvelle génération de voyous qui ont inventé les go-fast, vécu sur l'argent et le trafic de drogues", racontait il y a quelques années un policier. "Lui s'est spécialisé dans les fourgons car il aimait l'adrénaline et voulait ressembler aux plus grands qui ont snobé ou été dépassés par ces types dangereux et fêlés". En janvier 2011, Redoine Faïd était apparu dans un reportage où des "caïds de cités" se flattaient d'en remontrer aux voyous "à l'ancienne". Fanfaronnant face caméra, il expliquait que braquer un fourgon, "c'est le top du top".

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Sa réputation, il la doit aussi à ses spectaculaires évasions. Avant celle de dimanche, il s'était évadé le 13 avril 2013 en moins d'une demi-heure de la prison de Lille-Sequedin, en prenant quatre surveillants en otages, qu'il avait utilisés ensuite comme boucliers humains. Il avait fait exploser cinq portes au plastic, puis avait été récupéré en voiture par un complice. Sa cavale avait duré quelques semaines, avant qu'il ne soit interpellé fin mai 2013.

Fan de films d'action

En avril 2009, à la Cinémathèque de Paris, il y avait Michael Mann, le réalisateur du film "Heat" dans lequel un policier incarné par Al Pacino pourchasse un braqueur à l'explosif, que joue Robert De Niro. Dans la salle, avec son air malicieux que lui connaissent ceux qui l'ont approché, il y avait Redoine Faïd, qui venait de sortir de prison pour des attaques de fourgons et se disait "rangé". "Vous avez été mon conseiller technique", avait-il dit au cinéaste, interloqué.

Par la suite, il publie une livre autobiographique intitulé "Braqueur, des cités au grand banditisme", qui lui a valu le surnom de "l'écrivain" chez les policiers. Il avait raconté que le film, qu'il a vu des dizaines de fois, l'avait inspiré pour sa série de braquages de fourgons blindés. Il avait étudié le fonctionnement des héros du film, appris qu'il faut aller au braquage avec minutie, "pas trop nombreux". Et grimé, comme De Niro.

Condamné à 25 ans de réclusion criminelle

Redoine Faïd a été condamné deux fois aux assises en 2017: à 10 ans de réclusion pour son évasion de la prison de Lille-Sequedin et à 18 ans de prison pour l'attaque d'un fourgon blindé dans le Pas-de-Calais en 2011. Il a fait appel de ces deux condamnations. Dans le cadre de l'enquête sur la fusillade qui avait coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet en mai 2010 à Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), il avait été arrêté après avoir échappé de peu à une série d'interpellations.

En avril dernier, il a été condamné en appel à 25 ans de réclusion criminelle dans ce dossier, en étant considéré comme "l'organisateur" d'une véritable "opération de guerre" qui aurait dû mener au braquage d'un fourgon blindé.

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