L'Europe et les États-Unis menacés par une avalanche de déchets plastiques

La Chine, qui recyclait 45 % des déchets plastiques mondiaux, ne veut plus être la poubelle de la planète. Or Américains et Européens ne sont pas prêts.

De notre correspondante à Washington,

Balles de bouteilles en plastique recyclable en France. En Europe comme aux États-Unis, les capacités de recyclage ne pourront pas absorber les déchets que la Chine refuse désormais d'importer.

Balles de bouteilles en plastique recyclable en France. En Europe comme aux États-Unis, les capacités de recyclage ne pourront pas absorber les déchets que la Chine refuse désormais d'importer.

© Gilles ROLLE/REA

Temps de lecture : 4 min

Ça a tout l'air d'un scénario de film d'horreur. Une avalanche de déchets plastiques est sur le point de submerger l'Amérique et l'Europe. En effet, la Chine refuse désormais d'être la poubelle du monde. Le 1er janvier dernier, Pékin a annoncé qu'il réduisait ses importations de déchets plastiques destinés au recyclage. Depuis 1992, la Chine a importé 45 % des déchets plastiques mondiaux à recycler, soit, selon une étude américaine récente publiée dans la revue Science Advances, 106 millions de tonnes, l'équivalent du poids de 300 Empire State Building. En fait, les quantités sont encore plus énormes si l'on ajoute Hong Kong. Les deux pays ont importé sur cette même période 72,4 % de tous les déchets plastiques.

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La décision de la Chine n'est pas vraiment une surprise. Le pays cherche à réduire sa pollution atmosphérique et les usines de recyclage contribuent aux émissions. Il a aussi à traiter ses propres déchets, qui ne cessent d'augmenter. Surtout, il estime que, ces dernières années, les sacs-poubelle, les pailles et autres bouteilles importées étaient constitués d'un plastique inférieur, donc moins lucratif à recycler.

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Mais les gouvernements occidentaux ne se sont pas préoccupés d'un plan B. L'étude publiée par des chercheurs de l'université de Géorgie leur donne une idée de l'ampleur de la crise. En s'appuyant sur le montant des importations de la Chine sur les dernières décennies, les scientifiques en ont tiré des projections affolantes. Si rien n'est fait, l'Europe, le Japon et les États-Unis, les principaux exportateurs, vont se retrouver avec 111 millions de tonnes de déchets plastiques sur les bras d'ici à 2030.

« Un signal d'alarme »

L'annonce de la baisse des importations chinoises a été accueillie comme une victoire par les environnementalistes. Non seulement cela devrait réduire la pollution en Chine, mais ça devrait aussi obliger les pays industrialisés à gérer enfin le problème de leurs poubelles. « C'est un signal d'alarme. Historiquement, nous avons été dépendants de la Chine pour prendre en charge nos déchets à recycler. Maintenant, elle dit non. Ces déchets doivent être gérés, et de manière correcte », observe Amy Brook, l'un des auteurs de l'étude. Seulement 9 % du plastique mondial est recyclé. Le reste termine dans les décharges et les océans.

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Mais, pour le moment, les États-Unis, notamment, se retrouvent coincés avec des montagnes de plastiques. Ils n'ont pas les usines de traitement nécessaires. Et, si d'autres pays, comme les Philippines et le Vietnam, ont augmenté leurs importations, aucun n'a les capacités de remplacer la Chine. »Ce qui se produit est historique », estime Steve Frank, le président de Pioneer Recycling Services, un groupe américain. « Le reste du monde ne peut absorber » les déchets que la Chine ne veut plus.

Résultat : le Massachusetts et l'Oregon ont levé les restrictions qui limitaient le dépôt de déchets plastiques dans les décharges. Un peu partout, les municipalités, échaudées par l'explosion des coûts des recycleurs, annoncent qu'elles n'accepteront plus certains types de déchets ou les envoient carrément à la décharge.

Interdire les produits à usage unique

Le problème, c'est qu'entasser le plastique dans des décharges est dangereux. Les composants chimiques contaminent le sol, les rivières et la mer. L'incinérer n'est guère mieux, car ça produit des émissions toxiques. « Il faut réfléchir à des idées et des actions hardies au plan mondial pour réduire les quantités de matériaux non recyclables, revoir la conception des produits et financer des équipements de traitement de déchets », estiment les auteurs. Autrement, « les taux de recyclage actuels ne pourront pas être respectés ».

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L'une des solutions serait de limiter des emballages et des ustensiles en plastique qu'on n'utilise qu'une fois, comme les gobelets et les pailles. Alors que l'Union européenne planche sur le sujet, l'Inde a annoncé un plan pour les interdire d'ici à 2022. En France, les gobelets et assiettes en plastique seront interdits au 1er janvier 2020. Selon, un rapport des Nations unies, une cinquantaine de pays ont lancé des efforts pour interdire les sacs plastiques et le polystyrène. L'Union européenne, elle, réfléchit à une taxe sur l'utilisation du plastique.

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Commentaires (13)

  • Marc-B

    Dans la même veine :
    - Autoriser l'utilisation des eaux grasses dans l'alimentation animale (l'interdiction actuelle est une hérésie).
    - Arrêter de distribuer des gadgets à la noix au Mac Do.
    - Réhabiliter les friches industrielles au lieu de bétonner les côtes et les terres arables...

    Finalement ce refus de la Chine est une bonne nouvelle ; avec un peu de chance, cela nous forcera à traiter le problème à la source.

  • TortillaFlat

    Mobiliser des fonds européens ou des partenariats entre européens pour construire des usines de recyclage. Des ingénieurs indiens ont trouvé un moyen de récupérer le pétrole des sacs pour en faire du carburant, les pulls en polaire sont faits à partir de bouteilles en plastique, etc.
    Cela devrait être la priorité absolue car la catastrophe pointe son nez, le plastique se décompose en micro billes, on le retrouve dans le poisson et Interdire l’entrée des sacs plastique en Europe. Préserver la pollinisation, preserver la mer la survie de lhumanité en dépend, non ?

  • NAJIA.76

    Les liquides dans des bouteilles en verre consignées. Les légumes en vrac dans son panier, ce qui nécessite une présence humaine pour la pesée comme au marché. Les légumineuses en vrac comme c’est le cas pour le bio.

    Cela fait déjà pas mal de plastique en moins.