Précarité des planteurs
Les planteurs, principaux producteurs de "l’or brun", ne peuvent pas s’offrir ce luxe, ni même s’acheter du chocolat noir bon marché, à 1.500 FCFA (2,25 euros), produit dans le pays. Kouamé N’Goran est l’un des 2.000 planteurs d’une grande coopérative de la région du Nawa, au sud-ouest du pays. Pour ses gestes répétitifs — couper la cabosse, la casser, faire sécher les fèves sept jours dans une feuille de bananier — il gagne 170 euros par mois. La priorité est de nourrir la famille et non de se faire plaisir. "Ce n’est pas pour nous, c’est pour les grands", constate celui qui vit dans un village sans électricité et donc sans possibilité de conserver le chocolat. Hervé, planteur lui aussi, se contente de sucer la fève de cacao.
Si la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao avec plus de 35 % du marché, la majorité de la production est exportée, vers l’Europe ou les Etats-Unis. Le gouvernement d’Alassane Ouattara a présenté l’objectif d’atteindre 50 % de transformation d’ici à 2020, la fin de son mandat, contre seulement 35 % aujourd’hui.
L’usine Ivory Cacao Production (ICP), sise à San Pedro (sud-ouest), transforme 50.000 tonnes de cacao par an, uniquement des produits semi-finis destinés à l’exportation, notamment vers les Etats-Unis. Ahmad Kahlil, le directeur, attend un geste du gouvernement pour investir et se lancer dans le marché ivoirien. Mais selon lui, il faut d’abord "sensibiliser la population sur les bienfaits du chocolat, un antioxydant bon pour le cœur et le cerveau".