Nadia Daam harcelée sur Internet. « Un procès, c'est déjà une victoire »

Elle a « besoin d’un épilogue ». Nadia Daam a « hâte » que les audiences se tiennent, « quel qu’en soit le résultat ». Deux hommes soupçonnés d’avoir participé à une violente campagne de cyberharcèlement visant la journaliste après une chronique sur Europe 1, doivent être jugés ce mardi à Paris, pour menaces de mort et de viol.

Un premier rendez-vous avec la justice, alors que l’enquête a identifié sept auteurs présumés. « Quatre doivent comparaître devant des tribunaux en région, et un mineur a déjà eu un rappel à la loi », indique Éric Morain, l’avocat de Nadia Daam.

Dans son billet d’humeur le 1er novembre 2017, elle avait dénoncé les attaques haineuses, coordonnées sur le forum « Blabla 18-25 » du site jeuxvideo.com, contre deux militants féministes. Ils venaient de créer un numéro de portable « anti-relous », pour aider les femmes harcelées dans la rue. Un service vite saturé de messages malveillants et finalement désactivé.

La journaliste de 39 ans qualifie alors le forum « Blabla 18-25 » de « bac marron d’internet, la poubelle à déchets non recyclables […]. À ce stade de bêtise crasse et de malveillance, il faudrait que ses membres […] pensent à léguer leur cerveau à la science. » Dans les heures qui suivent, elle devient à son tour la cible d’activistes.

La journaliste a l’habitude d’essuyer des critiques et savait « que le sujet ferait réagir ». Mais, très vite, elle est « surprise par l’ampleur et la violence des messages », puis « sidérée par la menace, construite et précise ». Attaques contre ses comptes électroniques, menaces de viol et de mort, injures pornographiques, menaces contre sa famille se multiplient durant des jours.

« C’est l’horreur »

« C’est l’horreur », souligne la chroniqueuse. Bien qu’« entourée et soutenue », elle a ressenti « une grande solitude. La manœuvre te rend vulnérable : je me demandais ce qu’ils pourraient avoir comme information sur moi ou faire comme intrusion dans mon ordinateur. » La journaliste a dû aussi modifier ses habitudes, protéger sa famille. Et reste vigilante encore aujourd’hui.

S’estimant malgré tout « chanceuse d’être bien aidée et accompagnée, ce n’est pas le cas de toutes les victimes », elle espère « pouvoir vite tourner la page ». Les procès sont déjà une « victoire » dit son avocat, saluant le travail des enquêteurs. « Ça envoie un message clair, insiste Nadia Daam. On peut retrouver des gens » cachés derrière des pseudos. « On a les moyens légaux pour remonter à la source. »Webedia, propriétaire du site, a annoncé en novembre qu’il s’associait aux procédures judiciaires engagées et augmentait le nombre de ses modérateurs.