Les bâtiments classés bientôt producteurs d’énergie solaire

Le gouvernement lance son «plan solaire» ce jeudi. Des tuiles discrètes pourront même être présentes dans les toitures des bâtiments classés.

 Pionnière en France, l’église de Leutenheim en Alsace accueille une toiture photovoltaïque depuis 2009.
Pionnière en France, l’église de Leutenheim en Alsace accueille une toiture photovoltaïque depuis 2009. PHOTOPQR/DNA/Hervé Keller

    Energies renouvelables et défense du patrimoine ne font pas toujours bon ménage. Oui mais des tuiles solaires de plus en plus discrètes et demain peut-être invisibles pourraient résoudre ce conflit.

    Dans le « plan solaire » du gouvernement annoncé ce jeudi par Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat à l'environnement, on apprend en effet que les vieilles pierres vont aussi s'engager. « En septembre, nous financerons une dizaine de projets innovants. Nous espérons ainsi amorcer la pompe de la technologie française! » nous confie Sébastien Lecornu.

    Pour l'instant, sur les bâtiments anciens et classés, les architectes des bâtiments de France autorisent au cas par cas l'apposition de ses « tuiles solaires discrètes », histoire de ne pas défigurer notre patrimoine. C'est bien la crainte des défenseurs des paysages.

    Les ONG attentives au patrimoine ont en effet été échaudées par le développement des éoliennes clairsemé en France qui « a abîmé les paysages et contre lesquelles nous continuerons de nous bagarrer », insiste Pierre-Jean Delahousse, porte-parole de Paysage de France. « Dans l'état actuel de la science, on ne laissera pas installer de photovoltaïque sur un château du XVIIIe siècle, mais pourquoi pas sur les communs. De même sur les édifices religieux, on ne les implantera pas sur le toit de l'église, mais il y a beaucoup d'endroits qu'on ne voit pas… » estime quant à lui Alain de la Bretesche, président de l'association Patrimoine et environnement.

    Stéphane Bern, l'animateur télé et Monsieur patrimoine du gouvernement est lui très favorable à l'apparition d'innovation aussi susceptible de rapporter quelques sous aux détenteurs de vieilles pierres : « Défenseurs du patrimoine et environnement ont en commun des valeurs de transmissions et de préservation, assure-t-il. J'ai confiance que demeures historiques et énergies renouvelables peuvent s'entendre ».

    Des entreprises françaises se sont d'ailleurs positionnées sur ce marché comme Imerys qui produit depuis 2002 une tuile photovoltaïque plus facile à installer et plus discrète que de lourds panneaux. L'entreprise a aussi créé une tuile solaire thermique pour améliorer la performance des chauffe-eau en toute discrétion. « D'un point de vue esthétique, nous les adaptons à tous les marchés, terre cuite, ardoise, précise Olivier Lafore, directeur marketing ». Ce secteur est plein d'avenir.