Quelles sont les répliques cultes des films de Truffaut ?

Catherine Deneuve, Jean-Pierre Léaud ou Charles Denner les ont immortalisées. Elles sont toutes bien ciselées, et nous ont régalés. Florilège de phrases aimées.

Par Jérémie Couston

Publié le 23 octobre 2014 à 16h00

Mis à jour le 25 août 2021 à 09h02

«Est-ce que l'amour fait mal ? », demande Deneuve à Belmondo à la fin de La Sirène du Mississippi. Puis le couple s'éloigne vers l'inconnu, dans la neige, comme à la fin de La Grande Illusion. Superbe réplique, sublime question, à laquelle Truffaut a tenté de répondre dans presque tous ses films.

Certaines, comme celle-ci, sont devenues cultes, d'autres sont plus confidentielles, toutes font plaisir à relire et évoquent immanquablement le souvenir de leur découverte, il y a des années ou seulement quelques jour pour les plus chanceux d'entre nous. Qu'elles soient signées de sa propre main ou de celle de ses scénaristes, ces répliques disent tout l'amour et le respect que Truffaut portait au verbe, à la littérature, à la phrase bien ciselée.

Dans Les Quatre Cents Coups, le jeune Antoine Doinel récolte une punition à la malicieuse formulation affirmative : « Je dégrade les murs de la classe et je malmène la prosodie. » Tel est le texte qu'il doit copier cent fois en dépit du bon sens qui voudrait qu'il écrivît le contraire. Dans cette vingtaine de citations tirées de la filmographie truffaldienne, la prosodie n'est pas malmenée, loin s'en faut. Certaines sonnent comme des vers, avec ce qu'il faut de lyrisme, de rime interne, de gravité et d'humour pour les rendre immortelles.

Les Mistons (1958)

« N'ayant pas l'âge d'aimer Bernadette, nous décidâmes de la haïr et de tourmenter ses amours. »

« C’est la main de l’homme… et la main de l’homme est douce à la femme. »

Les Quatre Cents Coups (1959)

« – Ta mère, ta mère, qu'est-ce qu'elle a encore ?
– Elle est morte. »

Tirez sur le pianiste (1960)

« Je te le jure sur la tête de ma mère qui meurt à l'instant ! »

Jules et Jim (1962)

« Ce papier est ta peau, cette encre est mon sang. J'appuie fort pour qu'il entre. »

« Tu m’as dit “Je t’aime”, je t’ai dit “Attends”. J’allais dire “Prends-moi”, tu m’as dit “Va-t-en” »

« Ce qui est révoltant dans la guerre, c’est qu’elle prive l’homme de son combat individuel. »

La Peau douce (1964)

« Nicole. STOP. Depuis que je vous connais je suis un autre homme et cet homme ne peut envisager de vivre sans toi. STOP. Je vous aime. Pierre. »

Farenheit 451 (1966)

« Oui, nous brûlons les livres. Mais nous les gardons dans nos têtes, où personne ne peut les trouver. »

La mariée était en noir (1968)

« Quelque fois dans la rue, il y a devant moi une belle fille qui marche les cheveux au vent. Les battements de mon cœur s'accélèrent, je presse le pas pour arriver à sa hauteur. Je la regarde, elle est moche. Et bien je vous assure, je suis soulagé. Je trouve ça rassurant. »

Baisers volés (1968)

« Madame Tabard n'est pas une femme, c'est une apparition. »

La Sirène du Mississippi (1969)

« – Tu es si belle. Quand je te regarde, c'est une souffrance.
– Pourtant, hier tu disais que c'était une joie ?
– C'est une joie et une souffrance. »

L’Enfant sauvage (1969)

« Tu es un jeune homme extraordinaire, un jeune homme aux grandes espérances. »

Domicile conjugal (1970)

« – Est-ce qu’il y a des trompettes, dans votre roman ?
– Ah non…
– Est-ce qu’il y a des tambours, dans votre roman ?
– Ah non…
– Ah ben alors vous avez qu’à appeler ça “Sans tambours ni trompettes” ! »

Les Deux Anglaises et le Continent (1971)

« La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas. »

« Ce n’est pas l’amour qui dérange la vie, mais l’incertitude d’amour. »

Une belle fille comme moi (1972)

« Y en a qui supputent que je suis une pute/Ils s' balancent de ma conscience/Mais quand j'ouvre la bouche/C'est pas pour les mouches/Ça a quand même du bon… la science ! »

La Nuit américaine (1973)

« Ne fais pas l'idiot Alphonse, tu es un très bon acteur. Le travail marche bien. Je sais, il y a la vie privée, mais la vie privée, elle est boiteuse pour tout le monde. Les films sont plus harmonieux que la vie Alphonse, il n'y a pas d'embouteillage dans les films, il n'y a pas de temps mort. Les films avancent comme des trains, tu comprends ? Comme des trains dans la nuit. Les gens comme toi, comme moi, tu le sais bien, on est faits pour être heureux dans le travail, dans notre travail de cinéma. Salut Alphonse, je compte sur toi. »

L’Histoire d’Adèle H (1975)

« Il faut faire les petites choses comme si elles étaient grandes. »

L’Argent de poche (1976)

« La vie n'est pas facile, elle est dure, et il est important que vous appreniez à vous endurcir pour pouvoir l'affronter. Attention, je ne dis pas à vous durcir, mais à vous endurcir. »

L’Homme qui aimait les femmes (1977)

« Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie. »

La Chambre verte (1978)

« Ne pensez pas que vous l'avez perdue, pensez que maintenant vous ne pouvez plus la perdre. Consacrez-lui toutes vos pensées, tous vos actes, tout votre amour. Vous verrez que les morts nous appartiennent si nous acceptons de leur appartenir. Croyez-moi, nos morts peuvent continuer à vivre. »

L’Amour en fuite (1979)

« A quoi reconnaît-on que l'on est amoureux ? C'est très simple. On est amoureux quand on commence à agir contre son intérêt. »

Le Dernier Métro (1980)

« Oui, l'amour fait mal : comme les grands oiseaux rapaces, il plane au-dessus de nous, il s'immobilise et nous menace. »

« Oui, oui… oui… oui, oui, oui, oui, oui… oui, oui, oui… »

La Femme d’à côté (1981)

« J'écoute uniquement les chansons, parce qu'elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D'ailleurs, elles ne sont pas bêtes. Qu'est-ce qu'elles disent ? Elles disent : “Ne me quitte pas… Ton absence a brisé ma vie…” ou “Je suis une maison vide sans toi… Laisse-moi devenir l'ombre de ton ombre…” ou bien “Sans amour, on est rien du tout…” »

« Moi je t’aimais, toi tu étais amoureux, c’est pas la même chose. »

« Pendant longtemps, je croyais qu’il se passait des choses extraordinaires sous les jupes des femmes. »

Vivement dimanche ! (1983)

« – Dis-moi, quand on se sent devenir complètement idiot, est-ce que ça veut dire qu'on est amoureux ?
– Moi, ça fait six mois que je suis devenue complètement idiote. »

Un mois totalement Truffaut
Du 1er au 31 octobre 2014, Télérama.fr se pose chaque jour une question sur l'homme de la Nouvelle Vague, le père de L'Enfant sauvage, le lecteur assidu, le critique intransigeant, le cinéaste qui aimait les femmes… Retrouvez tous nos articles ici.

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