Nantes : violences après la mort d’un jeune lors d’un contrôle de police

Un homme de 22 ans a été mortellement blessé par un policier lors d'un contrôle. Des violences ont éclaté dans trois quartiers sensibles de la ville.

    Un contrôle de police a dégénéré mardi soir, à Nantes (Loire-Atlantique), dans le quartier du Breil. Lors d'un contrôle effectué par des CRS, vers 20h30, « après des infractions commises par un véhicule », le jeune conducteur aurait refusé d'obtempérer et fait une marche arrière, percutant un policier. Un des collègues de celui-ci aurait alors tiré sur la voiture.

    Le conducteur, âgé de 22 ans, aurait été touché au niveau de la carotide. Il est décédé à l'hôpital, vers 23 heures. Selon une source proche de l'enquête, il s'appelait Aboubakar F. , était natif de Garges-les-Gonesses, dans le Val d'Oise, et avait usurpé l'identité de Mamadou D.

    Le jeune homme était connu de la police pour vol par effraction, menace de mort, vol en bande organisée et association de malfaiteurs. Il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt pour vol en bande organisée et recel. Son véhicule avait été signalé dans le cadre d'une enquête pour trafic de stupéfiants.

    Nantes : nuit de violences après le décès d'un jeune homme tué par la police

    A la suite du contrôle de police, des échauffourées ont éclaté dans le quartier du Breil entre plusieurs personnes encagoulées et la police, qui a été « prise à partie » avec des « jets de cocktails Molotov », selon le directeur départemental de la sécurité publique (DDSP), Jean-Christophe Bernard. Plusieurs bâtiments ont été incendiés, selon Ouest-France, ainsi que des véhicules en stationnement.

    Trois quartiers touchés, jusqu'à 3 heures du matin

    Les violences urbaines ont ensuite gagné les quartiers de Malakoff et des Dervallières, nécessitant la mobilisation de 200 membres des forces de l'ordre. Un peu avant 3 heures, ce mercredi matin, le calme semblait revenu dans les trois quartiers.

    Aux Dervallières, une boulangerie, un coiffeur et un kebab ont été incendiés. La mairie annexe et la maison de la justice et du droit ont été détériorées. Les pompiers ont dû intervenir jusque très tard dans la nuit, au-delà de 3 heures ce mercredi matin.

    Johanna Rolland, la maire PS de Nantes, s'est rendue aux Dervallières vers 2h30 pour appeler au calme. « Mes premières pensées vont à ce jeune homme mort, à sa famille, à tous les habitants de ce quartier, de nos quartiers », a-t-elle déclaré.

    « La police et la justice dans son indépendance devront faire la clarté et la plus totale des transparences sur ce qui s'est passé ce soir », a-t-elle martelé, « mais l'urgence ce soir, c'est l'appel au calme dans nos quartiers ».

    « Rien ne justifie de faire subir maintenant aux habitants, policiers et pompiers des incendies et violences », a réagi, moins diplomatiquement, François de Rugy, président de l'Assemblée nationale, député de Loire-Atlantique.

    « Le SRPJ de Nantes et l'Inspection générale de la police nationale sont saisis de l'enquête afin de préciser la commission des faits et déterminer dans quelles circonstances le policier a été amené à faire usage de son arme », a précisé à l'AFP le procureur de la République de Nantes Pierre Sennès.

    Il y a une semaine, au Breil, un tir de Kalachnikov dans la rue avait fait un blessé. A la suite de cet événement, des CRS avaient été envoyés en renfort dans le quartier.