Damien Spleeters, le Belge qui trace les armes des djihadistes en Irak et en Syrie

Damien Spleeters le Belge qui trace les armes des djihadistes en Irak et en Syrie

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Par Quentin Warlop

Il porte la moustache chevron, à la façon Freddie Mercury. Il a le regard vif et le regard perçant. Damien Spleeters a les mains posées sur une kalachnikov. Il la manie avec une facilité déconcertante.

Son travail ? Faire parler les armes. Son terrain de chasse depuis presque quatre ans ? L’arrière des fronts en Irak et en Syrie, là où était présente l'organisation terroriste Etat islamique. "Je travaille pour "Conflict Armament Research", une organisation financée l’Union Européenne. Je pars avec mon équipe pour tracer les armes et munitions retrouvés sur terrain de guerre. L’idée, c’est de retrouver des armes utilisées par des groupes terroristes. Il nous faut comprendre d’où viennent les armes et où elles ont été détournées.

 

Plusieurs armes étudiées par le spécialiste belge.
Plusieurs armes étudiées par le spécialiste belge. © Q. W.

Fusées, bombes et armes produites en quantité industrielle 

Lui vient de passer une partie de ses quatre dernières années en Irak et en Syrie. "En Irak, nous travaillons directement avec le gouvernement irakien. Les services des renseignements récupèrent les armes après les combats et nous donnent alors accès à ce matériel. Ce que l’on remarque, c’est qu’il y a deux secteurs. Le premier comprend les armes de type conventionnel. Le second correspond aux armes produites par eux-mêmes. C’est une particularité pour l’organisation terroriste Etat Islamique. Des fusées, des bombes et des mortiers produits en quantité industrielle. Je n’avais encore jamais cela auparavant." explique le jeune responsable des opérations en Irak et en Syrie."

40.000 armes ont été analysées depuis 2014.
40.000 armes ont été analysées depuis 2014. © Q. W.

40 000 pièces tracées depuis 2014

Une fois les armes récupérées, elles sont photographiées. Commence ensuite la phase du traçage. Il s’agit du suivi systématique du parcours des armes et des munitions depuis le fabricant jusqu’à l’utilisateur final. Il constitue un outil unique pour identifier une arme, ses origines et ensuite vérifier si elle a fait l’objet d’un détournement. C’est le travail de Meredith Horne, basée à Londres, au siège de l’organisation. "Fin 2015, nous avons récupéré des armes à l’organisation terroriste état islamique. Nous les avons documentées et nous avons tracé ces armes. Elles ont été fabriquées en Europe fin 2015 et légalement exportées vers l’Amérique du Nord. Nous avons pu prouver qu’elles avaient été détournées en deux mois seulement. C’est très court. Cela montre que la chaîne d’approvisionnement a été très courte, qu’il y a eu peu d’intermédiaires entre le moment de fabrication et celui du détournement."

L’organisation "Conflict Armament Research" a été mise en place fin 2011 et travaille depuis 2013 grâce à l’impulsion de nombreux pays européens mais sans moyen d’action direct : "C’est l’Union Européenne qui finance en grande partie nos recherches. Nous sommes présents dans 27 pays", explique Marcus Wilson, directeur général de l’organisation. "Notre mission est de publier tous nos rapports pour tous les publics. Mais notre objectif est d’informer ceux qui font les lois et ceux qui prennent les décisions au niveau européen pour que cela ait un impact positif."

Depuis 2014, 40 000 pièces ont été analysés rien qu'en Irak et en Syrie. Quatre seulement étaient belges. Elles provenaient de la FN à Herstal.

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