BIODIVERSITEPesticides, plastiques, béton... A quoi s'attaque le plan biodiversité?

Pesticides, plastiques, béton... A quoi s'attaque le plan biodiversité?

BIODIVERSITELe Premier ministre Edouard Philippe a dévoilé ce mercredi après-midi les quelque 90 mesures qui constituent le plan biodiversité pour lutter contre le déclin des espèces et des espaces naturels. Que faut-il en retenir ?….
Le plan biodiversité, présenté ce mercredi, prévoit de relancer la création de zones protégées en France.
Le plan biodiversité, présenté ce mercredi, prévoit de relancer la création de zones protégées en France. - LOIC VENANCE / AFP
Fabrice Pouliquen

F.P. avec AFP

Ce plan biodiversité est un peu à voir comme une liste fourre-tout dans lequel s’engouffrent des mesures déjà annoncées par le passé sur des sujets aussi divers que le plastique, les pesticides, les aires protégées, l’urbanisation… En même temps, l’exercice veut ça : une espèce sur trois est considérée comme menacée en France, métropole et outre-mer confondus, alertait l’Observatoire national de la biodiversité dans sa dernière synthèse, le 18 juin dernier. Cette érosion est un phénomène complexe aux causes multiples. Lutter contre nécessite de prendre des mesures dans un large panel de thématiques.

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Le gouvernement a ficelé le tout en une petite centaine de mesures, réparties sur six grands axes de travail, et présentées par le Premier ministre Edouard Philippe lui-même, entouré de nombreux ministres au Muséum national d’histoire naturelle. Que faut-il en retenir ? 20 Minutes fait le point.

Artificialisation des sols

Le gouvernement veut réduire l’artificialisation des sols. Ces morceaux de terre travaillés ou transformés par l’homme participent à la destruction de la faune et de la flore qui y vivent. Le plan biodiversité veut se donner pour objectif « zéro artificialisation nette », c’est-à-dire rendre autant de sols à la nature qu’on lui en prend.

Pas d’échéance pour l’instant, mais des outils mis à disposition des territoires : inscrire dans la loi l’obligation pour les collectivités de lutter contre l’étalement urbain, ou encore donner les moyens aux préfets de suspendre les autorisations commerciales à l’extérieur des centres-villes à redynamiser. Le gouvernement envisage aussi de soutenir dix projets innovants en matière de restauration de sites dégradés, d’ici 2020. Un travail de longue haleine, souligne-t-on au gouvernement.

Rémunérer les agriculteurs « pour services environnementaux »

En avril dernier, le gouvernement a déjà dévoilé un plan d’action pour réduire de moitié le recours aux pesticides en 2025 et développer des solutions alternatives. Il s’agissait plus alors de répondre un enjeu de santé, de renforcer la protection des riverains exposés. Mais la lutte contre les pesticides s’inscrit aussi pleinement dans une stratégie de préservation de la biodiversité et se retrouve donc logiquement reprise dans les 90 mesures listées ce mercredi par Edouard Philippe.

A la problématique des pesticides s’ajoute aussi celle des changements d’affectation des sols. Sur ce volet, le plan biodiversité prévoit de renforcer les mécanismes de rémunération des pratiques agricoles vertueuses pour la biodiversité. « Le maintien des prairies, puits de carbone mais aussi refuge pour la faune et la flore, la reconstitution des haies dans les zones agricoles qui en ont beaucoup perdu ces dernières années, une meilleure couverture des sols », détaille-t-on au ministère de la Transition écologique.

Le plan biodiversité entend allouer un budget de 150 millions d’euros d’ici 2021. « En attendant la prochaine PAC (Politique agricole commune) et en espérant que celle-ci intensifie ces paiements pour services environnementaux rendus », précise-t-on dans l’équipe de Nicolas Hulot. Un nouveau programme de recherche sur les alternatives aux pesticides sera doté de 30 millions d’euros.

Plus d’aires protégées

Préserver la biodiversité, c’est aussi lui donner plus d’espaces de respiration. C’est alors un autre volet de ce plan biodiversité : relancer la création d’aires protégées. Le dernier parc créé date de 2012, soit il y a six ans, rappelle-t-on au ministère de la Transition écologique. Dès 2019, un onzième parc national des forêts sera créé en France, sur le plateau de Langres, aux limites de la Champagne et de la Bourgogne.

Le plan Biodiversité prévoit aussi la création ou l’extension de 20 réserves nationales d’ici la fin du quinquennat. Dans ces 90 mesures, le gouvernement réaffirme aussi sa volonté de défendre des projets de créations d’aires marines internationales comme le parc marin en Antarctique.

Lutte contre les plastiques

Comme pour les pesticides, le gouvernement n’a pas attendu la présentation du plan biodiversité pour détailler son programme d’action contre les plastiques superflus, source de pollution mais aussi calvaire pour de nombreuses espèces maritimes. Ces mesures ont été détaillées lors de la présentation de la feuille de route sur l’économie circulaire fin avril dernier. « Il faut qu’on arrive à sortir du plastique jetable, du plastique à usage unique, insiste-t-on dans l’entourage de Nicolas Hulot. Avec pour objectif, zéro déchet en mer d’ici 2025.

Douze produits pour lesquels il faut trouver des alternatives sont ciblés, des cotons-tiges aux pailles, en passant par les gobelets, les pailles, les touillettes, les ballons de baudruche, les microbilles dans les cosmétiques. « Dans le cadre du débat autour du projet de loi Alimentation, le gouvernement soutiendra l’interdiction des pailles en plastique en France », assure-t-on au cabinet de Nicolas Hulot.

Le gouvernement entend aussi favoriser le développement du principe de la consigne dans tous les territoires qui le souhaite et en visant tout particulièrement ceux ultramarins. Autre sujet « plastique » : les décharges sauvages. Le plan biodiversité prévoit de renforcer le pouvoir d’intervention des collectivités locales qui le souhaitent et durcir les amendes. Un groupe de travail sera prochainement mis en place sur cette question.

De l’école au monde du travail : sensibiliser à la nature

C’est un autre des objectifs forts affichés par ce plan biodiversité : faire sortir le sujet de l’ombre, mettre sur un pied d’égalité l’érosion de la biodiversité avec les enjeux climat. « Il y a de ce fait un levier pédagogique très important dans ce plan, notamment à destination des écoles, rappelait-on ce matin au cabinet de Nicolas Hulot. Les enfants sont les premiers leviers pour faire évoluer les mentalités, faire changer les comportements. »

Ce plan biodiversité veut alors reconnecter les établissements scolaires à la nature. Via le développement des classes natures dans les collèges. « Un kit pédagogique sera aussi distribué dans toutes les écoles à la rentrée prochaine, pour aider à cette redécouverte de la nature, via notamment des projets de sciences participatives », précise-t-on au ministère de la transition écologique.

Des formations à destination de certaines catégories professionnelles, dans les secteurs de la santé, la magistrature ou encore les élus locaux, seront mises en place. Une application pour reconnaître les espèces qui nous entourent, inspirée du célèbre jeu Pockémon Go, sera également mise en place.

Un accord mondial en 2020

Comme pour le climat, la France mobilisera sa diplomatie pour « un accord ambitieux » à la conférence biodiversité de 2020 en Chine, qui fixera les engagements mondiaux de la décennie. Après la COP21 sur le climat, les diplomates français ont « une vraie fibre verte » pour convaincre, souligne-t-on dans l’entourage de Nicolas Hulot.

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