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Au Qatar, la possibilité d’une île

Après avoir rompu ses relations économiques et diplomatiques avec l’émirat, l’Arabie saoudite menace de couper ses liens territoriaux avec lui en creusant un canal.

Par  (Beyrouth, correspondant)

Publié le 04 juillet 2018 à 03h48, modifié le 04 juillet 2018 à 03h48

Temps de Lecture 3 min.

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Vue sur la capitale du Qatar, Doha, en septembre 2017.

LETTRE DE BEYROUTH

Entre l’Arabie saoudite et le Qatar, le gouffre se creuse, au propre comme au figuré. Non content d’avoir rompu ses relations économiques et diplomatiques avec le petit émirat, qu’il présente comme un incorrigible fauteur de troubles, le royaume menace de couper ses liens territoriaux avec lui. Pas seulement en fermant leur frontière commune, une mesure en vigueur depuis déjà un an, mais en perçant un canal maritime, parallèle à celle-ci.

Le Qatar, péninsule de 160 km de long qui ne dispose que d’une seule frontière terrestre, serait ainsi transformé en une île, détaché du reste de la péninsule arabique. Riyad consoliderait, ce faisant, géographiquement et symboliquement, l’isolement de Doha, mis au ban, en juin 2017, du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Mise sous tutelle

Riyad, mais aussi Abu Dhabi et Manama, qui forment la colonne vertébrale de cette alliance régionale, reprochent à leur voisin d’interférer dans leurs affaires intérieures, de frayer avec les mouvements djihadistes et de pactiser avec l’ennemi iranien. L’émirat récuse ces accusations, affirmant qu’elles masquent une volonté de le mettre sous tutelle, en le privant de son autonomie diplomatique.

Lorsque l’idée du canal surgit dans la presse saoudienne, en avril, les observateurs se frottent les yeux, incrédules. Les articles publiés à ce sujet par le site en ligne Sabq et le quotidien Al-Riyad regorgent de détails. La nouvelle voie d’eau, lit-on, s’étirera sur 60 km de long, entre les localités de Salwa et de Khawr Al-Udayd. Elle fera 200 m de large et 15 à 20 m de profondeur, pour permettre aussi bien à des navires de croisière qu’à des porte-conteneurs de l’emprunter.

L’ouvrage sera aménagé un kilomètre à l’intérieur du territoire saoudien, de façon à interdire au Qatar d’y accéder. Sur ses rives, il est question de construire des infrastructures de types très variés : base militaire, marina, hôtels de luxe et un site d’enfouissement de déchets nucléaires, provenant des futurs réacteurs civils de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.

Un flou entretenu

Ce mélange des genres, mi-touristique, mi-atomique, fait lever quelques sourcils. D’autant que la couronne saoudienne refuse de confirmer ou de démentir le projet qu’on lui prête. Le fait que ce plan présumé soit relayé sur Twitter par Saoud Al-Qahtani, le conseiller média de Mohammed Ben Salman (dit « MBS »), le prince héritier saoudien, et par Anouar Gargash, le ministre d’Etat aux affaires étrangères des Emirats, ne dissipe pas les doutes. L’aversion des deux hommes pour le Qatar n’a d’égale que leurs talents de propagandiste sur Internet.

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