“À Miami, l’élévation du niveau de la mer fait déjà partie de la vie quotidienne”, raconte The New Yorker. Si cette ville de Floride est aux premières loges du réchauffement climatique, tout le monde n’est pas affecté de la même manière.

En effet, l’élévation du niveau de la mer a des conséquences indirectes sur les habitants des quartiers populaires de Miami, comme Liberty City et Little Haiti. Situés dans des zones qui ne sont pas directement menacées par la montée des eaux, ces quartiers voient le prix de l’immobilier s’envoler.

On assiste aujourd’hui à une “gentrification climatique”, explique un travailleur social à propos de cette tendance qui pousse les investisseurs et les promoteurs immobiliers à lorgner des quartiers moins favorisés en raison de la montée du niveau de la mer”.

“Les classes et minorités à faibles revenus ont été contraintes de s’installer dans le centre-ville, largement au-dessus du niveau de la mer. Mais maintenant que ce dernier s’élève, ces quartiers sont de plus en plus recherchés.”

Bouleversement du marché immobilier

Alors que les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus ressentir, le niveau de la mer est susceptible d’augmenter de 30 centimètres d’ici à 2045. Si toute la côte est des États-Unis est menacée, Miami est particulièrement vulnérable. Face à ce danger imminent, les promoteurs immobiliers investissent dans les quartiers du centre car ils ne disposent plus de terrains près de la mer, affirme The Wall Street Journal.

Une tendance qu’une étude menée par des chercheurs de Harvard confirme, comme le rapporte l’hebdomadaire Orlando Weekly. L’étude révèle que “les propriétés situées entre deux et quatre mètres au-dessus du niveau de la mer présentent aujourd’hui des prix plus élevés que celles situées à un ou deux mètres”.

Quartiers en danger

C’est particulièrement le cas à Little Haiti. Dans une vidéo, le webzine The Root part à la rencontre des habitants de ce quartier victime de la gentrification. Du temps de la ségrégation, les Africains-Américains n’étaient pas autorisés à vivre près de la plage – ils se sont donc installés un peu plus haut. The Root révèle qu’entre 2016 et 2017 le prix moyen d’une maison est passé de 174 326 dollars à 207 100 dollars. Le salaire moyen annuel étant de 21 600 dollars, acheter une maison devient de plus en plus inaccessible.

En avril dernier, des habitants de Little Haiti ont organisé des manifestations contre le rachat de deux centres commerciaux par des promoteurs immobiliers. Les locataires – qui, pour certains, occupaient les boutiques depuis trente ans – ont eu seulement deux semaines pour débarrasser les lieux, dénonce le Miami Herald.

La gentrification n’est toutefois pas le seul grand danger qui menace les quartiers populaires de Floride. “Les inondations et les ouragans sont particulièrement dévastateurs pour les logements bon marché, qui sont généralement plus vieux et moins résistants à l’eau et au vent. En outre, lorsque des logements sociaux sont détruits, ils ne sont pas systématiquement remplacés, ce qui restreint encore un peu plus le choix pour les gens qui ne peuvent pas suivre l’emballement des prix du marché”, affirme Bloomberg.

Comme le résume pour The New Yorker Jesse Keenan, qui donne des cours sur l’adaptation au changement climatique à Harvard, “le réchauffement climatique a déjà ses gagnants et ses perdants”.