THAÏLANDE Enfants piégés dans une grotte : la crainte d'une montée des eaux

Les secouristes passaient au crible jeudi les pistes possibles pour évacuer les douze enfants et leur entraîneur de football piégés depuis 12 jours dans une grotte inondée en Thaïlande, livrant une course contre la montre face au risque de montée des eaux, avec le retour prévu de la pluie.
AFP - 05 juil. 2018 à 10:00 | mis à jour le 05 juil. 2018 à 10:04 - Temps de lecture :
Les 12 adolescents et leur coach sont bloqués dans la grotte depuis le 23 juin. Photo ROYAL THAI NAVY/AFP
Les 12 adolescents et leur coach sont bloqués dans la grotte depuis le 23 juin. Photo ROYAL THAI NAVY/AFP

«Notre plus grande inquiétude, c’est la météo (...) Nous sommes engagés dans une course contre l’eau», a déclaré Narongsak Osotthakorn, chef de la cellule de crise.

Les sauveteurs espèrent pouvoir, à l’aide de pompes, faire baisser à temps le niveau de l’eau de façon suffisante pour que les enfants n’aient que pas ou peu de plongée à effectuer. «Ce matin, nous avons préparé les 13 équipements de plongée» afin de pouvoir évacuer en urgence, a-t-il ajouté.

11 heures de plongée pour une personne aguerrie

Le gouverneur a rappelé qu’il fallait onze heures à un plongeur aguerri pour faire l’aller-retour jusqu’aux enfants: six heures aller, cinq heures retour grâce au courant.

Le retour de la pluie, prévu vendredi, pourrait précipiter la mise en place de l’évacuation, avec le risque de torrents d’eau s’écoulant dans la grotte, en cette saison de mousson.

Photo YE AUNG THU/AFP
Photo YE AUNG THU/AFP

«J’ai entendu que la pluie revenait. Je suis très inquiète», a réagi Sunida Wongsukchan, grande-tante d’Ekkarat, un des enfants coincés. Autour d’elle, dans la tente réservée aux familles, l’inquiétude grandit.

Piégés à cause des pluies de la mousson

C’est déjà à cause de ces pluies de mousson que les enfants se sont retrouvés au piège de la grotte le 23 juin, après avoir décidé, pour une raison encore non élucidée, de s’y rendre après leur entraînement de foot, avec leur jeune coach de 25 ans.

Les familles évoquent une possible fête d’anniversaire qu’ils auraient voulu organiser dans la grotte pour l’un d’eux ayant eu 16 ans le 23 juin.

«Nous avons calculé le temps qu’il nous reste, en heures et en jours, en cas de pluie et d’eau envahissant la grotte», a tenté de rassurer Narongsak Osotthakorn, qui est également gouverneur de la province de Chiang Rai.

Les différents plans pour évacuer les enfants

Les secours peaufinent l’évacuation des enfants coincés dans une grotte inondée en Thaïlande depuis 12 jours. Voici différents moyens d’extraction possibles :

- Attendre la baisse de l’eau

Cela permettrait aux enfants de sortir à pied par la galerie, avec un minimum de portions sous-marines à parcourir avec des masques.

C’est l’option privilégiée par les secouristes, qui ont mis en place un système de pompage, assistés par des ingénieurs japonais.

- La plongée

C’est le plan d’urgence, que les autorités souhaitent éviter. Mais si la montée des eaux reprend avec les pluies annoncées pour vendredi, ils pourraient ne pas avoir le choix.

«Il y a urgence parce que vous avez potentiellement plus de pluie qui pourrait inonder à nouveau la grotte, ce qui rendrait le sauvetage beaucoup plus difficile et dangereux», estime Torsten Lechler, expert en plongée allemand faisant partie de l’équipe de secours.

«La grotte pose de sérieux défis. Il y a zéro visibilité, l’espace est confiné», a expliqué Matt Fitzerald, plongeur de la Police fédérale australienne. Il a réussi à plonger sur une partie du trajet mais n’a pu aller jusqu’au bout.

- Evacuation par un puits à la verticale de la grotte

Cette approche continue à être étudiée en parallèle. Les sauveteurs sont toujours à la recherche d’une voie d’entrée, depuis le sommet de la montagne, qui soit connectée ou facilement connectable via un forage, avec la partie de la grotte où sont les enfants.

- Envoyer un enfant en éclaireur

Le gouverneur évoque une technique déjà éprouvée pour créer la confiance auprès des victimes les plus craintives: il s’agirait d’envoyer un premier enfant, volontaire, en explorateur - pour que des sauveteurs puissent ensuite montrer au reste du groupe une preuve en images qu’il est arrivé au bout.

Les sauveteurs thaïlandais évoquent leur sortie «un par un», sans préciser le délai entre deux évacuations. Retourner à la grotte avec une preuve de vie prendrait six heures à un plongeur, donc supposerait de ne pas être pressé par le temps.

- Des civières ventilées

«On peut les mettre sur une sorte de civière avec une bouteille d’oxygène, un masque complet, et les tirer vers la sortie en flottant, sans qu’ils aient à nager. C’est une technique qui a déjà été utilisée», a suggéré Bill Whitehouse, vice-président du Conseil britannique de secours en grotte.

Pour l’heure, les sauveteurs thaïlandais n’ont pas évoqué cette option.

AFP

Difficile parcours du retour

Le parcours de retour est long de plusieurs kilomètres dans des boyaux accidentés, avec de difficiles passages sous l’eau.

Jeudi, aucune nouvelle vidéo des enfants n’a été publiée par les autorités. Celle de leur découverte lundi soir par des plongeurs britanniques venus en renfort avait fait le tour du monde: on y voit les enfants, amaigris, coincés sur un bout de rocher.

Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs.

En cliquant sur « J’accepte », les cookies et autres traceurs seront déposés et vous pourrez visualiser les contenus (plus d'informations).

En cliquant sur « J’accepte tous les cookies », vous autorisez des dépôts de cookies et autres traceurs pour le stockage de vos données sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment en consultant notre politique de protection des données.
Gérer mes choix

Depuis leur sort s’est amélioré: des secouristes se relayent à leurs côtés, les nourrissant, leur apprenant à se servir du matériel de plongée, les bordant sous leur couverture de survie.

«Ils discutent de tout et de rien avec les plongeurs. Ils parlent, mangent et dorment», a raconté le général Bancha Duriyaphan, qui co-dirige la cellule de crise.

Les tentatives d’installation d’une ligne téléphonique, pour permettre aux enfants d’être en lien constant avec leurs parents, ont échoué jusqu’ici.

«Notre mission principale reste le pompage»

Mais jeudi, les secours essayaient à nouveau d’installer cette ligne, pour sortir les enfants de leur huis-clos.

«Notre mission principale reste le pompage», a précisé le gouverneur, précisant que la piste d’une évacuation par un puits creusé à la verticale de la grotte restait d’actualité. «Nous étudions chaque m² pour voir si un des puits mène à la grotte», a dit le gouverneur.

Photo YE AUNG THU/AFP
Photo YE AUNG THU/AFP

«Tenez bon!», a lancé Mario Sepulveda, un des 33 mineurs chiliens, célèbres pour leur sauvetage épique en 2010 après 69 jours sous terre, au groupe d’enfants, dans un message vidéo. Le plus charismatique des mineurs chiliens, incarné à l’écran par Antonio Banderas, s’est dit même prêt à aller sur place pour partager son expérience.

«Je ne doute pas que si le gouvernement de ce pays met tout en place et fait tous les efforts nécessaires, ce sauvetage sera un succès», se dit-il confiant.