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Santé

Vaccins : les Français reprennent confiance, d'après les industriels

83% des Français seraient favorables au principe de vaccination, d'après un sondage Ipsos commandé par les industriels du médicament. Une "embellie" apparente par rapport aux seulement 69% de Français confiants en 2016, mais à interpréter avec prudence.

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Vaccins : les Français reprennent confiance, d'après les industriels

Sur les réseaux sociaux, le nombre de discussions en rapport avec les vaccins a doublé à triplé entre juin 2017 et juin 2018 par rapport à 2015.

J-Claude Meignan / Photononstop / AFP

83% des français seraient favorables à la vaccination, parmi lesquels se trouvent 34% de "très favorables", d'après un nouveau sondage Ipsos commandé par le Leem, l'organisation rassemblant les entreprises du médicament. Des résultats considérés comme encourageants par rapport à ceux de 2016, où une étude avait établi que 59% seulement qui considéraient les vaccins comme "sûrs", et une autre que seuls 69% des Français leur faisaient confiance. Selon les industriels du médicament, ce regain de popularité de la vaccination serait à mettre au crédit des prises de position fortes du gouvernement en sa faveur.

CHAMPIONNE DU MONDE DE DEFIANCE. La France a acquis le titre de championne du monde de défiance envers les vaccins, selon une étude internationale de 2016. Elle montrait que seuls 59% des Français considéraient les vaccins comme sûrs. Une situation qui peut surprendre dans la patrie de Pasteur, mais qui s'explique par un ensemble de facteurs ayant conduit à une perte de confiance des Français dans les institutions. Résultat : une couverture vaccinale en baisse, avec notamment pour conséquence la résurgence de l'épidémie de rougeole, qui a fait 2 morts en 2018. En réaction, le gouvernement a décidé d'imposer 11 vaccins, dont jusqu'ici 3 étaient déjà obligatoires et 8 seulement recommandés, dans les 2 premières années de vies des bébés. Quelques mois plus tard, le Leem lance un nouveau sondage avec Ipsos, pour identifier la progression de l'opinion. Selon leur précédente étude, en octobre 2016, seuls 69% des Français disaient avoir confiance dans les vaccins, contre 73% en l'homéopathie.

83% de Français favorables aux vaccins, un score encourageant mais difficile à interpréter

Les nouveaux résultats sont encourageants. 34% des Français seraient "très favorables" à la vaccination, et 49% "plutôt favorables", soit 83% des sondés favorables au principe de vaccination, d'après les réponses de 1.086 Français âgés de 18 ans et plus entre le 20 et le 24 juin 2018. "Ces résultats sont fragiles mais très encourageants" vis-à-vis de la perte de confiance observée en 2016, commente Philippe Lamoureux, Directeur du Leem, lors d'une conférence de presse. Pour lui, c'est surtout la "prise de position forte, claire et audible" du gouvernement sur les vaccins, notamment au travers de l'obligation vaccinale mise en place en janvier 2018, qui est à l'origine de cette "embellie". Il reste cependant "prudent" sur l'interprétation de ces résultats. Ce sondage posait en effet la question de la favorabilité des Français vis-à-vis des vaccins, ce qui appelle plus à la question de la perception de leur efficacité. Or, l'enquête de 2016 demandait aux sondés s'ils avaient "confiance" dans les vaccins. Une notion qui pourrait également englober la question de leur innocuité ou des conflits d'intérêts potentiels entre gouvernement et les fameux lobbys pharmaceutiques, principaux arguments anti-vaccins. Ces arguments, ainsi que celui de la "liberté individuelle" qui serait bafouée par l'obligation, sont en effet les principaux fers de lance des 17% de sondés "non favorables" aux vaccins, comprenant 5% de "pas du tout favorables". "L'obligation vaccinale est là pour essayer de redonner confiance à la population. Mais on aimerait beaucoup mieux que cette mesure soit transitoire et que chacun adhère à une politique de prévention" a réagit le Pr Odile Launay, professeure en maladies infectieuses à l'université Paris-Descartes.

Un débat désorganisé qui enfle sur les réseaux sociaux

Parmi les inquiétudes majeures figure notamment la nature des adjuvants tels que les sels d'aluminium, qui continuent à cristalliser les craintes des internautes. "Il figure pourtant parmi les adjuvants les plus sûrs que nous ayons", réagit le Pr Brigitte Autran, professeure émérite à la faculté de Médecine Sorbonne-Université (Paris). "Il est utilisé depuis la fin des années 20 et a été administré à des centaines de millions de gens", continue-t-elle, "il n'y a pas d'équivalent en termes de recul dans le domaine des médicaments". Sans surprise, les plus inquiets sont les jeunes parents, dont les réactions sont principalement "émotionnelles", faisant passer "leur bébé au-dessus du principe collectif de la vaccination", explique Martin Bieri, directeur études et réputation de l'agence de communication Netscouade, qui a investigué pour le Leem sur les réseaux sociaux. Sur ces derniers, le nombre de discussions en rapport avec les vaccins a ainsi doublé voire triplé entre juin 2017 et juin 2018 par rapport à 2015. Si Netscouade observe qu'il n'existe pas de leader du mouvement anti-vaccin sur les réseaux, il en est de même pour la communauté scientifique. "S'organiser sur internet pour porter la cause de la vaccination, ce n'est pas notre métier", regrette le Pr Odile Launay, "il nous faut de l'aide". Pour le Pr Autran, "la médecine doit faire son autocritique", pour remettre la prévention "au centre de la formation médicale", mais aussi "dans les écoles".

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