Sur la seule journée de jeudi, les forces syriennes et russes “ont mené plus de 2 350 frappes aériennes et d’artillerie”, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), cité par la BBC. Depuis le début de l’offensive, le 19 juin, entre 150 et 200 civils auraient été tués dans la région, dont une soixantaine de femmes et enfants.

Le “déluge de feu” a cessé dans la soirée, lorsque “les rebelles et les émissaires russes ont annoncé une reprise des négociations, à la suite d’une médiation jordanienne”, rapporte L’Orient-Le Jour. “Reste à savoir si ces pourparlers aboutiront à un résultat qui fera avancer les choses ou s’ils se solderont par un échec, comme les trois cycles précédents de négociations”, nuance le journal

Pour conclure une trêve, la Russie – qui négocie pour le régime de Bachar El-Assad – demande aux rebelles de remettre immédiatement l’intégralité de leurs armes et d’accepter le retour des institutions de l’État. “Les rebelles souhaitent rendre les armes progressivement et pouvoir rejoindre en toute sécurité le nord de la Syrie, aux mains des rebelles”, précise la BBC. La Russie a jusqu’ici refusé mais aurait reculé sur certains points, selon l’un des négociateurs des rebelles.

Pour Bachar El-Assad, reconquérir le sud-ouest de la Syrie “serait une victoire stratégique et symbolique”, observe The Guardian. “Deraa, considéré comme le ‘berceau de la révolution’, fut l’épicentre des contestations antigouvernementales de 2011”, préludes à la guerre civile qui fait rage depuis sept ans et a déjà fait 350 000 morts, précise le quotidien.

Crise humanitaire majeure

L’Orient-Le Jour constate que le régime syrien est en train d’atteindre son objectif : en deux semaines, “il a réussi à reprendre une trentaine de localités dans la région de Deraa. Certaines se sont même rendues sans combattre”. Les forces du régime contrôlent désormais 60 % de la région. Et le quotidien libanais d’observer : “La stratégie du rouleau compresseur russo-syrien, consistant à pilonner massivement jusqu’à la capitulation, comme c’était le cas à Alep et dans la Ghouta orientale, continue d’être pleinement mise en œuvre.”

L’armée israélienne elle-même a été “surprise” par l’intensité de l’offensive syrienne contre Deraa, affirme le journaliste Amos Harel dans une analyse publiée par Ha’Aretz. “Assad étant dépendant des forces aériennes russes, on pouvait penser que le président Vladimir Poutine voudrait éviter les images d’enfants syriens morts, susceptibles de gâcher le succès de relations publiques que connaît son pays avec l’organisation de la Coupe du monde”, écrit le quotidien israélien. “Mais il apparaît que la Coupe du monde ne sauvera pas les habitants de Deraa”, alors que se profile une nouvelle crise humanitaire.

La chaîne Al-Jazeera précise qu’environ “320 000 personnes ont été déplacées depuis le début de l’offensive, le mois dernier”. Des dizaines de milliers d’entre elles s’entassent, dans le dénuement le plus total, aux frontières de la Jordanie et du plateau du Golan, occupé par Israël. Or les deux pays ont fait savoir qu’“​[ils n’accueilleraient] pas les réfugiés”.

L’ONU estime que “750 000 civils sont en danger dans le sud-ouest de la Syrie et craint que Deraa ne devienne une réplique de la catastrophe humanitaire de la Ghouta orientale”, rapporte The Guardian.