Le monde secret des châteaux forts

Les châteaux forts à visiter absolument

Publié le par Sophie Bogrow et Hugues Derouard

Les châteaux forts furent des acteurs majeurs du Moyen-Âge. Une période qui ne cesse d'enflammer notre imaginaire. Chevaliers légendaires ou personnages réels ont, un jour ou l'autre, été nos héros. Voyager dans la France des châteaux forts, c'est découvrir des prouesses architecturales, socle de l'Europe dans laquelle nous vivons. De Paris, aux Bouches-du-Rhône en passant par l'Indre-et-Loire, nous vous proposons un voyage dans le temps à la découverte des plus beaux châteaux forts, trésors de notre patrimoine.

Vue imprenable depuis le château du Haut-Kœnigsbourg en Alsace.

Le château de Vincennes (Paris)

Ce n'était à l'origine qu'un simple pavillon édifié par Louis VII au milieu de la forêt. Charles V en fera au XIVe siècle cette incroyable résidence royale où se conjuguent art militaire et raffinement. Unique témoin de ce qu'était une résidence royale au Moyen Âge conservée en France, à mi-chemin entre le château fort et le palais, la forteresse de Vincennes est un lieu époustouflant à découvrir, à quelques stations de métro seulement du cœur de la capitale.

Le château du Haut-Kœnigsbourg (Bas-Rhin)

Emergeant de la forêt des Vosges, la silhouette romantique de grès rose du Haut-Kœnigsbourg est perchée à 757 mètres sur un promontoire rocheux qui domine la plaine d'Alsace.Ce châteaufort, édifié à partir du XIIe siècle, doit son allure actuelle à Guillaume II, l'empereur allemand qui le fit restaurer au début du XXe siècle.Il figure aujourd'hui parmi les monuments les plus visités de du pays avec près de 500 000 visiteurs par an. Et sans grande surprise, il fait partie de notre top 30 des merveilles du patrimoine français !

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Le château de Pierrefonds (Oise)

Ses hautes tours surgissent comme dans un conte de fées aux confins de la forêt de Compiègne !Tel est le châteaufort qu'on imagine en rêve !Sa silhouette est si idéale et en si bel état qu'elle lui valut d'ailleurs d'être une source d'inspiration pour Walt Disney ou le tournage de films tel que les visiteurs ou le Jeanne d'Arc de Luc Besson.Restauré par Viollet-le-Duc, le château de Pierrefonds offre un savoureux plongeon dans un MoyenÂge revisité au XIXe siècle.Typiquement néogothique, mais finalement pas si éloigné de la « réalité » historique.

Le château d'If : une légende marseillaise (Bouches-du-Rhône)

En position avancée dans la rade de Marseille, l'archipel du Frioul et ses quatre îles Pomègues, Ratonneau, Tiboulen, 
If ont un intérêt stratégique majeur.François Ier, pour consolider les frontières méridionales de son royaume, décide la construction du château d'If.Son édification commence, vraisemblablement, en 1529.Dominée par la tour Saint-Christophe (22 mètres de hauteur), cette sentinelle en mer mondialement connue, a été immortalisée par Le Comte de MonteCristo, roman d'Alexandre Dumas dans lequel If est le lieu de détention d' Edmond Dantès. Ce château médiéval servit en effet de prison de 1580 à 1871.

La forteresse de Fougères (Ille-et-Vilaine)

« Il n'y a pas d'extérieur plus beau, j'en suis certain », s'était exclamé l'aventurier Lawrence d'Arabie lorsqu'il découvrit en 1907 le château de Fougères. Impossible pour le visiteur aujourd'hui encore de ne pas rester béat devant ce colosse de granit et de schiste, qui s'étire spectaculairement sur deux hectares. Treize tours, trois enceintes, une superficie de deux hectares... Le château fort de Fougères est tout simplement l'un des plus grands d'Europe ! Prise et reprise jusqu'au rattachement de la Bretagne à la France, cette « marche » (c'est ainsi que l'on nommait les forteresses gardant la frontière du duché) est pourtant dans un état de conservation remarquable. Il mérite amplement sa place dans notre classement des plus beaux châteaux de Bretagne

Dans le même registre: toujours en Ille-et-Vilaine, que diriez-vous de découvrir Combourg et son château si cher à Chateaubriand ?

Les citadelles de l'oubli

Le château de Fleckenstein (Bas-Rhin)

C'est un choc visuel.De loin, on ne perçoit pas qu'il s'agit d'une forteresse, tellement l'édifice fait corps avec son milieu naturel.Propriété de la commune de Lembach, le Fleckenstein, situé au nord de l'Alsace sur la ligne frontière allemande, est un véritable château troglodytique, une énorme falaise de grès rose dont la base mesure plus d'une centaine de mètres.Bâti par Gottfried de Fleckenstein au XIIe siècle, cet édifice fut le théâtre de plusieurs sièges, avant de rendre définitivement les armes aux troupes françaises qui le rasent en 1680.

Le château du Haut-Barr (Bas-Rhin)

Le château des évêques de Strasbourg, perché à 470 mètres d'altitude, commandait dès le XIIe siècle l'entrée de la vallée de la Zorn, importante voie d'invasion entre la Lorraine et l'Alsace. Il se dressait sur trois grands rochers reliés entre eux par des passerelles. Lors de la révolte des rustauds en 1525 (celle des paysans allemands, liée à la réforme protestante), le château est attaqué et la révolte réprimée dans un bain de sang. Si cet édifice du Moyen-Âge est épargné durant la guerre de Trente Ans, il est démantelé plus tard, sur ordre du roi de France. De son sommet, on aperçoit la flèche de la cathédrale de Strasbourg !

Les trois donjons d'Eguisheim (Haut-Rhin)

Eguisheim, au sud de Colmar, comprend les vestiges, sur une colline rocheuse, de trois donjons : le Vaudémont (ou Weckmund), le Wahlenbourg et le Dabo (ou Dagsbourg). Il s'agissait en fait, à l'origine, d'un seul et même château qui s'est morcelé. L'énorme forteresse est fondée vers l'an mil par la puissante famille d'Eguisheim. Lorsque s'éteint la lignée des Eguisheim-Dabo, l'évêque de Strasbourg occupe la place. Pour reconquérir leurs droits, les comtes de Ferrette, héritiers légitimes, érigent la tour méridionale. En 1466, la forteresse, squatté par un chevalier brigand, est détruit lors de la guerre des Six Deniers.

Les châteaux de Beynac et Castelnaud (Dordogne)

Castelnaud ou Castelnau (le château neuf), rive gauche de la Dordogne, est ancré à l'extrémité méridionale d'un éperon calcaire. Siège de l'hérésie cathare, impliquée dans la guerre de Cent Ans, place forte des Anglais... sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille. Il passera sept fois aux mains des Anglais. Certainement fondé au XIIe siècle, il subit une profonde transformation après sa prise par Simon de Montfort. Le donjon et la courtine que l'on peut encore voir aujourd'hui datent de cette époque. Ce château fort abrite le musée de la Guerre au Moyen Âge.

Si les deux places fortes s'affrontent dans le paysage, leur rivalité appartient au passé.

Face 
à Castelnaud, Beynac a le privilège de l'ancienneté : le site est occupé depuis le Xe siècle... avant notre ère ! 
L'endroit est surnommé « l'arche de Satan » lorsque Adhémar de Beynac en hérite en 1167, après vingt ans de Terre sainte. Il en restera le seigneur jusqu'en 1194, à l'abri de ses tours à créneaux et ses raides murailles. Il meurt sans héritier, et son suzerain – un certain Richard Cœur de Lion, lui aussi de retour de croisade – en profite pour faire don du château, en récompense, à son lieutenant Mercadier. Un assassinat opportun le rendra à la famille ; mais le cœur des Beynac penchera toujours désormais du côté français, en dépit des traités qui baladent le Périgord d'une obédience à l'autre.

Carcassonne (Aude)

À voir festonner l'horizon, sombre sur ciel d'orage, rosissant au soleil levant ou princière par nuit noire, quand les sunlights lui font des murs d'or massif, on a du mal à la croire authentique. Admirée chaque année, excusez du peu, par plus de deux millions de visiteurs, et inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, la citadelle de Carcassonne ne serait-elle qu'un décor grand format pour film hollywoodien ?  Non, Carcassonne n'est pas né du dernier conte de fée. Carcassonne est un miracle de pierre qui a bien failli s'évanouir. Sauvé et réinventé par l'énergie de mille rêves : ceux des historiens, des architectes médiévistes, des poètes, des colporteurs de légendes et d'épopées, des cinéastes... et des visiteurs du monde entier.

Les riveraines

Le château de Saumur (Maine-et-Loire)

S'il en est un qui sait se jouer des styles et des époques c'est bien le château de Saumur, prémonition Renaissance égarée à l'aube de la guerre de Cent Ans. C'est l'un des châteaux de la Loire incontournables en Anjou. C'est une forteresse du XIe siècle, le Castrum salmuri, de plan carré à tours d'angle, qui a servi, vers 1350, de point de départ aux agrandissements commandés par Louis d'Anjou : le mariage entre les dispositions de l'architecture militaire médiévale et le confort des palais de plaisance est consommé ici avec presque deux siècles d'avance. Plus tard, au XVIe siècle, cette piquante pièce montée sera posée sur un plateau blanc de courtines et de bastions en étoile qui évoquent furieusement Vauban : une fois encore avec beaucoup d'avance. Transformée en prison – ce qui sans doute l'a sauvée à la Révolution – elle a « reçu » Nicolas Fouquet et le marquis de Sade.

Le château de Langeais (Indre-et-Loire)

Le vieux donjon à motte de Foulques Nerra – le plus vieux de France croit-on – trône dans le parc au fond du jardin. Face à lui, au-delà des parterres au cordeau, le nouveau château financé sous Louis XI par son grand argentier Jean Bourré sent déjà la Renaissance. Sans oser y céder tout à fait. Coté face, vers le bourg, il offre hautes murailles, grosses tours rondes à mâchicoulis et chemins de ronde, pont-levis à contrepoids dernier-cri. Il faut bien impressionner l'arrivant. Côté pile et jardin, le tableau est déjà plus doux. À l'apogée de sa gloire, Langeais accueillit en 1491 le mariage fastueux d'Anne de Bretagne et Charles VIII.

Le château médiéval de Chinon (Indre-et-Loire)

Dominant la Vienne et la ville, la forteresse de Chinon est posée sur son éperon escarpé comme une couronne.Ce joyau féodal arasé, décrénelé, a perdu de sa superbe, mais pas de son caractère gothique :à partir du XVIe siècle, personne, étrangement, n'a plus jugé bon d'y toucher.Même l'horloge de la tour barlongue à l'entrée date de 1399...Sur cinq cents mètres de longueur, ce sont toujours trois châteaux qui s'alignent comme à la parade. Celui du Milieu est le principal, flanqué sur sa gauche du château du Coudray, sans doute le premier bâti, et sur sa droite du fort Saint-Georges (XIIe siècle), le plus vulnérable et le plus ruiné.

Les châteaux du pays Cathares

Le château de Peyrepertuse (Aude)

Situé dans les Corbières, à 800 mètres d'altitude, le château fort de Peyrepertuse a été construit au XIe siècle sur une crête rocheuse au-dessus d'à-pics vertigineux. Sa situation perchée fait qu'il pouvait communiquer par signaux avec Quéribus. Il tombe entre les mains de Louis IX qui le fait agrandir et lui adjoint un deuxième ouvrage de défense, « l'escalier de Saint Louis ».

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Le château de Quéribus (Aude)

Posé à la limite de l'Aude et des Pyrénées-Orientales dès le Xe siècle, il accueille les religieux cathares après la chute de Montségur. Sa situation en fait une excellente vigie sur le territoire espagnol, ce que va exploiter le royaume de France après 1255.

Le château de Montségur (Ariège)

Les ruines du château de Montségur actuel sont celles d'une citadelle du XIVe siècle. Son histoire est celle de tous les châteaux cathares. Bâti en 1204 sur un pog (éperon rocheux), il est l'exemple même du castrum avec le castel, la demeure du seigneur, Raymond de Pereille, le village et l'enceinte fortifiée. Après sa chute en 1244, il tombe entre les mains de Guy de Lévis, seigneur de Mirepoix.

Châteauneuf-en-Auxois (Côte-d'Or)

Dominant le canal de Bourgogne et la vallée bocagère de l'Auxois, c'est l'un des rares châteaux de la région à avoir préservé son dessin médiéval. Modeste et fier, il attend qu'on veuille bien s'en apercevoir. Le seigneur de Chaudenay (à quelques lieues au sud) fit ériger en 1132 un château neuf sur cette terre, qu'il offrit à son fils vers 1175. Il n'y eut d'abord que le donjon, et un hameau sans paroisse : au tournant du XIVe siècle. Mais peu après le système défensif s'organisa : enceinte irrégulière à fortes tours demi-rondes, fossé sec taillé dans le roc et doublé d'une contrescarpe, courtines couronnées de galeries volantes en bois, aujourd'hui disparues, tout comme le pont-levis du châtelet d'entrée...

La place forte de Provins (Seine-et-Marne)

Depuis 2001, Provins est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, en tant que « témoignage unique » d'une ville des Foires de Champagne. Aux XIIe et XIIIe siècles, les foires de champagne et de Brie ont une immense renommée dans toute l'Europe. Les trois places fortes sont Troyes, Lagny et Provins. Elles régulent l'activité commerciale du royaume. Provins fait revivre son passé en organisant depuis plus de vingt ans une gigantesque fête, les Médiévales de Provins, le deuxième week-end de juin.

La forteresse de Polignac (Haute-Loire)

À cinq kilomètres au nord-ouest du Puy-en-Velay, le puissant château de la famille Polignac, juché sur un rocher volcanique et dominé par un donjon de 32 mètres, offre un panorama sans pareil sur les monts du Velay. Cette forteresse du Velay fut, à partir du XIe siècle la propriété des vicomtes de Polignac, « rois de la montagne ». L'imposant édifice était situé à l'entrée du Puy, qui allait devenir une importante ville de ralliement pour les pèlerins de Compostelle. Orgueilleux, les seigneurs de Polignac entrèrent en conflit avec les puissants évêques de la cité mariale.

Le Château-Gaillard (Eure)

La citadelle fut édifiée par Richard Cœur de Lion pour barrer la route du duché de Normandie à Philippe Auguste. Ce puissant complexe fortifié sera pris par le roi en 1204 au cours d'un siège mémorable. Bien qu'en ruines, ce vaisseau de pierre blanc surplombant la vallée de la Seine, aux Andelys, reste l'une des forteresses les plus fascinantes du pays.

Le château de Gisors (Eure)

Dans l'Eure, le château fort de Gisors constituait, avant même Château Gaillard, un verrou à l'entrée du duché de Normandie. Son nom est aujourd'hui surtout célèbre à travers les rumeurs liées à la présence d'un « trésor » des Templiers, lancées dans les années soixante. Attention, fouilles interdites ! Situé à l'époque dans le sud du duché de Normandie, est l'archétype du « château à motte » du XIe siècle. En 1097, Guillaume le Roux, roi d'Angleterre, édifia un « château très fort » sur le cours de l'Epte. Malgré son côté invulnérable, il tombera aux mains du roi de France en 1193.

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