Une des deux femmes de nationalité kényane qui ont été agressées mi-juin à Bourj Hammoud, provoquant une vague d'indignation au Liban, risque de se faire expulser du pays malgré la procédure juridique engagée concernant l'attaque dont elle a été victime, a annoncé le Mouvement anti-racisme libanais (MAR).
"Le 17 juin 2018, un groupe d'hommes libanais, dont un officier de l'armée, a attaqué violemment, et sans raison, deux travailleuses domestiques de nationalité kényane dans une rue de Bourj Hammoud (au nord de Beyrouth, NDLR)", rappelle le MAR
dans un communiqué publié sur sa page Facebook. "Ce crime collectif de haine raciale est traité par la justice militaire comme une dispute mineure, et les deux femmes ont été arrêtées, incarcérées et jugées au même titre que leurs assaillants, sans être reconnues comme victimes de l'attaque".
Le Mouvement précise que "le 2 juillet, la Sûreté générale libanaise a ordonné la déportation, dans le courant de la semaine, d'une de ces deux Kényanes, alors même que l'affaire de l'attaque est actuellement traitée par la justice". "Il s'agit d'une violation flagrante de ses droits, y compris son droit à se défendre", accuse le MAR, ajoutant que "la victime est toujours en détention et la SG lui refuse tout contact avec son avocat". L'association souligne que cette décision d'expulsion a été prise en dépit des propos du ministre de la Justice, Selim Jreissati, qui avait affirmé qu'il aiderait les deux migrantes à régulariser leur situation.
"Cette affaire reflète les nombreux niveaux d'injustice auxquels doivent faire face les travailleurs migrants au Liban. L'employée de maison est déportée tandis que ses agresseurs ne paient aucune conséquence de leur geste", affirme l'association, qui appelle la SG et le ministère de la Justice à "mettre fin à la procédure de déportation, assurer que les deux femmes puissent assister aux audiences judiciaires et traduire les coupables en justice.
Mi-juin, un homme, un civil selon l'armée, un militaire selon le ministère de la Justice, avait renversé une des deux jeunes femmes, et les avait insultées avant de les frapper violemment et de les projeter contre un mur et une voiture. Une des deux Kényanes s'était évanouie sous les coups de son agresseur. Ce dernier avait été rejoint par d'autres personnes, sous les yeux des passants qui avaient mis de longues minutes avant de s'interposer. La vidéo montrant l'agression, qui avait été publiée sur la page Facebook de l'organisation "Weiniyyé el-Dawlé" (Où est l'Etat) et partagée de nombreuses fois sur les réseaux sociaux, a depuis été supprimée.
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commentaires (3)
Cette affaire est un test pour notre justice et pays. Il y a des représentations diplomatiques de pays civilisés notamment d'Europe, à Beurouth, Ils observent et cela va créé un antécédent gravissime pour notre pays si la Justice se met du côté des voyous. C'est aussi simple que ça! Je vous laisse deviner les conséquences pour notre réputation dans un proche avenir.
Sarkis Serge Tateossian
20 h 49, le 05 juillet 2018