Le recyclage des matériaux est un peu le trou noir de la transition énergétique. Dans le photovoltaïque, l’espace vient d’être comblé avec l’ouverture à Rousset (Bouches-du-Rhône) de la première usine de retraitement des panneaux solaires, usagés ou en fin de vie.

Elle est pilotée par Veolia qui a remporté l’appel d’offres lancé en 2016 par PV Cycle, le nouvel éco-organisme chargé de la collecte et du recyclage pour toute la filière photovoltaïque. « C’est la première usine du genre en Europe et sans doute dans le monde. Elle a nécessité plus de trois ans de recherche-développement », assure Gilles Carsuzaa, le directeur général de Triade électronique, la filiale de Veolia chargée de la valorisation des déchets électriques et électroniques.

En 2017, 84 000 tonnes de nouveaux panneaux ont été posés en France

Le marché est déjà en très forte croissance, de l’ordre de 30 % à 40 % par an, et le sera encore plus dans les prochaines années, avec le développement de la filière photovoltaïque.

En 2017, 84 000 tonnes de nouveaux panneaux ont ainsi été posés en France (contre 53 000 en 2016), avec une espérance de vie estimée, pour l’heure, entre vingt et trente ans.

L’usine de Rousset a de quoi faire. Elle a recyclé 1 400 tonnes de panneaux l’an dernier alors que PC6-Cycles en a collecté 2 450 tonnes dans toute la France. Le site de Rousset, qui assure déjà le recyclage de produits électroménagers et dont la moitié des effectifs vient du monde de l’insertion, va donc assez rapidement monter en puissance. Il table sur le retraitement de 4 000 panneaux à l’horizon 2020.

« Jusqu’à présent, le recyclage des panneaux se faisait en Belgique, mais concernait principalement la partie en verre, qui représente environ les deux tiers du poids et qui était revendu à des verriers, explique Nicolas Defrenne, le directeur général de PV Cycle France. Nous avons voulu nous inscrire dans une logique d’économie circulaire, en mettant l’accent sur la revalorisation de l’ensemble des matériaux. »

Selon lui, la filière montée dans l’Hexagone est plutôt performante et n’a rien à envier aux pratiques mises en place dans les pays voisins. Le contrat passé avec Veolia prévoit un taux de recyclage de 95 %.

« Notre objectif est que les matériaux recyclés perdent leur statut de déchets »

Dans l’usine de Rousset, le cadre en aluminium, le boîtier électronique et les câbles en cuivre sont d’abord retirés. Mais la véritable innovation technologique, prudemment cachée du regard des visiteurs, réside dans le procédé de broyage du verre, qui permet notamment de récupérer séparément le silicium et les filaments métalliques.

« Notre objectif est que les matériaux recyclés perdent leur statut de déchets et deviennent les plus purs possible, afin d’avoir une meilleure valeur marchande », affirme Frédéric Ivars, le directeur du site. L’équation économique de la filière de recyclage repose en grande partie là-dessus.

À chaque stade de la déconstruction, les différentes parties du panneau trouvent leur propre débouché. Le silicium est revendu à des cimenteries, l’aluminium et le cuivre à des fondeurs, le plastique est retraité par d’autres filiales de Veolia et le verre est confié à Saint-Gobain qui travaille de son côté pour le réintroduire dans la filière de production des panneaux photovoltaïques. De son côté, Veolia n’exclut pas de proposer son savoir-faire dans d’autres pays.