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Les lacs et rivières d’Europe sont en mauvais état écologique

Plus de la moitié des eaux de surface des Etats membres ne respectent pas les normes européennes de qualité environnementale.

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Publié le 06 juillet 2018 à 16h57, modifié le 27 juillet 2018 à 16h59

Temps de Lecture 3 min.

L’été est là, l’été est chaud. Mais sommes-nous condamnés à une baignade dans un lac enrichi aux métaux lourds, comme le mercure ou le cadmium ? L’Agence européenne pour l’environnement (AEE) établit en effet un bilan inquiétant de la qualité des eaux dans l’Union européenne (UE). Seules 40 % des eaux superficielles – lacs, rivières, estuaires, eaux côtières et souterraines – sont en « bon état écologique ».

Malgré des progrès réalisés au cours des dernières décennies en Europe, de nombreux plans d’eau et même des aquifères restent victimes de la pollution, des barrages et de la surexploitation qui « représentent toujours des menaces majeures pour leur santé à long terme », prévient l’AEE.

« La grande majorité des masses d’eau européennes ne parviennent toujours pas à atteindre l’objectif minimum de “bon état” » fixé par la directive-cadre sur l’eau de 2000, précise l’agence. Cette directive imposait aux Etats membres d’atteindre le « bon état », aussi bien pour les eaux souterraines que celles de surface, à l’horizon 2015.

On en est loin selon l’étude de l’AEE qui couvre la période 2010 à 2015 et analyse les données de vingt-cinq Etats de l’UE. Diagnostic : 40 % seulement de ces eaux superficielles sont en « bon » ou « très bon » état écologique et seules 38 % en « bon » état chimique. Autrement dit : plus de la moitié des eaux de surface européennes sont de mauvaise qualité.

Pesticides et mercure

L’état écologique d’une masse d’eau est évalué non seulement en fonction de ses caractéristiques physico-chimiques, mais aussi hydromorphologiques (état des débits, profondeur et largeur de l’étendue d’eau, etc.), et il intègre également l’estimation de sa richesse biologique (populations de poissons, plantes aquatiques et autres macro-invertébrés).

L’étude évoque trois raisons majeures expliquant ces mauvais résultats : les interventions humaines qui modifient le fonctionnement naturel des cours d’eau sont mises en cause à hauteur de 40 %. Viennent ensuite les sources de pollutions diffuses qui comptent pour 38 % ; à ce sujet, l’AEE met clairement en cause les pratiques agricoles, désignant en particulier l’usage massif des pesticides. Enfin, les polluants atmosphériques font également partie des grands responsables, à hauteur de 38 %. Le mercure est l’élément chimique principal mis en cause.

En vert, les eaux de surface en bon état écologique, en rouge, celles qui sont en mauvais état écologique.

« Si l’on décidait de ne pas prendre en compte le mercure ainsi que les autres substances prioritaires [les produits chimiques bromés, les tributylétains et certains hydrocarbures aromatiques polycycliques] dans nos estimations, seules 3 % des eaux de surface n’atteindraient pas un bon état chimique », précise le rapport.

Présents dans de nombreux objets du quotidien (thermomètres, batteries, plombages dentaires), les dépôts atmosphériques de ce métal lourd proviennent à 60 % de pollution naturelle en Europe, parfois due à des événements très anciens. Les volcans sont ainsi, lorsqu’ils se réveillent, de puissants cracheurs de mercure.

En haut, l’état chimique des eaux superficielles européennes avec la prise en compte du mercure et des autres substances prioritaires. En bas, les résultats sans leur prise en compte.

Des eaux souterraines mieux préservées

Provenant de l’infiltration des pluies dans le sol, les ressources souterraines sont essentielles : elles fournissent plus de la moitié de l’eau potable en Europe. L’étude de l’AEE rapporte que 74 % de ces masses d’eau respectent les valeurs fixées par la directive-cadre. Elles sont alors dites en « bon état chimique ». Et 90 % d’entre elles sont en « bon état quantitatif », c’est-à-dire que les volumes puisés dans la nappe souterraine pour répondre aux besoins des humains ne dépassent pas la capacité de renouvellement de celle-ci.

Des résultats encourageants, mais à nuancer. Car les 24 % des nappes souterraines en « mauvais état chimique » resteront polluées pour des années, voire des décennies, en raison de la lente décomposition de ces polluants.

Les nitrates et les produits phytosanitaires provenant de l’agriculture dite « conventionnelle » sont la principale cause de contamination des eaux souterraines. Au total, vingt-quatre Etats sur vingt-cinq ont décelé la présence de nitrates dans leurs eaux souterraines.

En vert, les eaux souterraines en bon état chimique, en rouge, en mauvais état chimique.

L’UE reste optimiste

Le commissaire européen à l’environnement, le Maltais Karmenu Vella, souligne les améliorations progressives de la qualité de l’eau douce « grâce à la mise en œuvre de la législation européenne ». Tout en ayant bien conscience qu’« il reste encore beaucoup à faire avant que tous les lacs, rivières, eaux côtières et masses d’eau souterraines soient en bon état ».

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La dernière échéance que l’UE s’est donnée pour réaliser les objectifs de la directive-cadre sur l’eau est désormais repoussée à 2027.

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