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Coupe du monde 2018 : et les grands esprits finirent par se prendre au jeu

Grâce à la victoire française au Mondial 1998, le football est passé, chez les intellectuels, du statut de passion vaguement honteuse à celui d’objet d’études fréquentable.

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Publié le 05 juillet 2018 à 12h57, modifié le 09 juillet 2018 à 09h33

Temps de Lecture 8 min.

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La foule fête la victoire des Bleus contre l’Uruguay, devant l’Arc de Triomphe à Paris, le 6 juillet.

Il y a vingt ans, Laurent Veyssière ose avouer l’inavouable : il aime le football ! L’étudiant présente bien, pourtant. Il sort alors de l’Ecole des chartes et passe « un concours très sérieux » à Paris, pour entrer à l’Institut national du patrimoine (INP). « A la fin du grand oral, on me demande : “Pouvez-vous nous parler de vos hobbies ?” Quand je me lance sur le football, les membres du jury ont l’air de me regarder avec des yeux disant “mais qu’est-ce que c’est que ce taré ?” » Fausse frayeur, il sera finalement admis.

L’anecdote date d’un peu avant la Coupe du monde 1998, avant ce mois de juillet qui a tant bousculé le rapport de la population française au football. Comme si la victoire de cette France « black-blanc-beur » à Saint-Denis avait soudain rendu la balle ronde moins encombrante dans l’espace public. Comme si les scènes de liesse partout dans le pays avaient rendu la passion moins honteuse, l’objet d’études plus fréquentable. Y compris dans le monde de la culture et des idées, qui affichait plutôt, jusque-là, indifférence, voire mépris.

Les intellectuels ont longtemps pris plutôt parti « contre le football », rappelle l’historien Yvan Gastaut, enseignant à l’université de Nice. A l’instar de Jean-Marie Brohm, qui, depuis les années 1970, développe dans ses ouvrages une critique radicale et systématique du sport, à travers une grille de lecture marxiste.

Aujourd’hui encore, le sociologue continue à voir dans le football « une peste émotionnelle ». Dit autrement, un spectacle abêtissant, un lieu d’aliénation. Cette idée a souvent imprégné le monde de la culture, malgré le goût reconnu d’Albert Camus ou d’Henry de Montherlant pour le football, malgré l’interview de Michel Platini par Marguerite Duras pour le quotidien Libération, en 1987.

« La victoire en a déculpabilisé certains »

Le Mondial 1998 et, surtout, la victoire des Bleus – en « une » des journaux, dont celle du Monde – changent le regard. « La victoire en a déculpabilisé certains, dans les milieux intellectuels, qui aimaient le foot et n’osaient pas le dire, estime le même Laurent Veyssière, aujourd’hui conservateur général du patrimoine et toujours supporteur du Paris-Saint-Germain. Elle leur a permis de faire leur coming out – toutes proportions gardées, bien sûr ! Que tout le monde se mette à en parler très librement correspond à une libération de la parole. Pendant la Coupe du monde, j’ai vu la transformation. »

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