Une somptueuse villa découverte à la Nautique, surplombant l'étang

  • La villa édifiée au Ier siècle avant Jésus-Christ est-elle celle de l'empereur Auguste, qui, on le sait, est venu superviser la création du port ? Rien ne le prouve encore. Ici, une mosaïque dans l'une des chambres.
    La villa édifiée au Ier siècle avant Jésus-Christ est-elle celle de l'empereur Auguste, qui, on le sait, est venu superviser la création du port ? Rien ne le prouve encore. Ici, une mosaïque dans l'une des chambres. Photo C. S.
Publié le
Véronique Durand

Dorénavant à Narbonne, on ne l'appellera plus que LA villa. Car la découverte des archéologues est stupéfiante : une villa romaine de très grand luxe, construite pour l'empereur Auguste au moment de la réalisation du port, ou pour le gouverneur de la province de la Narbonnaise.

À La Nautique, on la recherchait depuis longtemps, cette fameuse villa. En fait, c'est en 2011, à partir de la découverte d'un vivier à poisson d'un luxe inouï, que les chercheurs avaient émis l'hypothèse d'une villa hors du commun juste au-dessus. Mais ils ont dévoilé un parc de 300 m de long et de larges murs en terrasses, témoignages d'élégants jardins surplombant l'eau. «Le luxe et la grandeur du vivier à poisson ont soulevé la question de son propriétaire et de la villa attenante», explique Corinne Sanchez, responsable du programme de recherche des ports, et de l'équipe de 15 d'archéologues du chantier de fouilles.

Un vivier impérial?

«Les dimensions du vivier (3 500 m2) dépassent largement celles du vivier de l'empereur Tibère par exemple. Ce vivier pourrait-il être impérial ? Sa datation, autour du changement d'ère, renvoie au règne d'Auguste. On sait que l'empereur est venu à Narbonne en 27 av. J.-C. organiser l'administration des provinces, le recensement et le cadastre. A-t-il séjourné dans une demeure luxueuse comme celle de la Nautique ? Aucun texte ne mentionne cet épisode, ni la création du port. En revanche, les auteurs antiques signalent que, durant son séjour à Narbonne, Auguste fit construire un temple au dieu du vent local, le Cers, mais l'emplacement de ce lieu de culte reste pour le moment inconnu».

La villa bénéficiait d'une vue panoramique : située sur la partie haute du plateau, elle surplombe la zone portuaire au sud, et comporte un parc et un vivier, salle de banquet d'été, à l'ouest. Le premier plan d'ensemble de la villa dressé grâce aux prospections géophysiques a révélé une architecture en U, avec une étendue de 150 m sur 15 m pour l'aile nord, et, perpendiculairement, des ailes Est et Ouest descendant vers l'étang pourvues d'un nombre de pièces considérables.

Balnéothérapie

Tout à côté, les archéologues ont dégagé une piscine de 18 m sur 6 m et un bassin circulaire de 6 m de diamètre, couvert. Le bassin était alimenté par une canalisation en plomb. On sait que la villa était ornée de mosaïques, et entièrement décorée. Malheureusement, elles ont été détériorées, et certainement réutilisées par la suite par les Romains eux-mêmes. «Le travail des récupérateurs a été important et même une partie des tesselles qui constituaient les mosaïques a été récupérée. Mais cet arrachage a révélé des tracés préparatoires, témoignant des pratiques des mosaïstes. C'est un rare exemple où l'on peut voir les différentes phases de préparation de la mosaïque avec ce tracé puis la mosaïque elle-même».

La villa était équipée d'un système d'égout sophistiqué, intact à ce jour. Les campagnes de fouille des années à venir vont révéler les salles d'apparats, et peut-être le nom du célèbre propriétaire.


Site classé dans les années 70

Le site a été classé en 1971 au titre des Monuments historiques. Au début des années 1900, des archéologues ont découvert à La Nautique une statue d'Hercule en marbre, une mosaïque, et des terres cuites décoratives appelées antéfixes (représentant parfois des amours joufflus).

Ces objets s'emboîtent aujourd'hui dans le puzzle de cette fameuse Villa. Ils sont actuellement exposés au musée archéologique de Narbonne, en attendant leur transfert à Narbo Via. Plus récemment, la fouille de l'entrepôt de La Nautique a mis en évidence des fragments de statues et notamment une petite main de boxeur. Des masques de théâtre participaient également à la décoration des lieux. Le chantier est recouvert, ce qui n'a pas empêché les incursions malveillantes, la dernière ayant, une nuit, emporté dans son sillage les WC chimiques des archéologues !

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (4)
jean de cagire Il y a 5 années Le 07/07/2018 à 21:08

eh oui a l’époque il y avait déjà des caraques qui recuperaient le plomb y avait pas de cuivre encore a l’époque comme ceux qui a ce jour ont envahi le terrain de foot et qui veulent absolument repeindre ma maison out ! dehors les caraques

Jacoutie53 Il y a 5 années Le 07/07/2018 à 16:30

et le WC chimique était-il d'époque ?

MelkusPokus Il y a 5 années Le 07/07/2018 à 15:58

Magnifique temoignage de l'histoire.