Par SudOuest.fr avec AFP
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Les défenseurs des libertés individuelles s'inquiètent de l'usage de cette technologie, qu'ils jugent peu fiable et liberticide, par des institutions gouvernementales.

Longtemps un fantasme d'écrivains de science-fiction, le fait de déverrouiller un appareil ou de payer un achat d'un simple regard est désormais une réalité, popularisée par le très médiatisé iPhoneX d'Apple, sorti fin 2017.

Mais des forces armées, des services d'immigration ou de police du monde entier l'utilisent également pour identifier un suspect dans une foule ou faire correspondre le visage d'une personne en garde à vue avec une base de données de délinquants.

117 millions d'adultes "scannés" à leur insu

La reconnaissance faciale est de plus en plus utilisée par la justice. Elle a par exemple permis fin juin d'identifier le tireur du journal Capital Gazette , qui a fait cinq morts près de Washington aux États-Unis.

Mais pour nombre de défenseurs des libertés publiques, reconnaissance faciale est plutôt synonyme de "Big Brother". D'autant que plusieurs études mettent en lumière son manque de fiabilité, surtout pour les personnes non blanches , qu'elle confond facilement.

Selon l'université de Georgetown, environ 117 millions d'adultes aux États-Unis figurent à leur insu dans des bases de données permettant la reconnaissance faciale, utilisées par les forces de l'ordre, fédérales et locales, alors même que cette technologie n'est que très peu régulée.

Des erreurs quasi-systématiques

Au Royaume-Uni, l'ONG "Big Brother Watch" a dénoncé récemment l e manque d'efficacité de la reconnaissance faciale automatique , qui consiste à faire scanner informatiquement les visages dans un endroit public pour les identifier en temps réel et les comparer à des bases de données.

Selon "Big Brother Watch", non seulement cette technique aboutit à procéder à un contrôle biométrique de n'importe quel citoyen, mais, de plus, elle n'est pas fiable puisque selon les chiffres de la police londonienne elle-même, le système - actuellement en test - se trompe dans l'identification des personnes dans la quasi-totalité des cas, croyant à tort reconnaître des délinquants.

"La surveillance gouvernementale alimentée par la reconnaissance faciale est une incroyable violation de la vie privée de tous les citoyens et une pente glissante vers la perte complète de nos identités". Brian Brackeen, directeur de Kairos et concepteur de logiciels de reconnaissance faciale.

Des logiciels utilisés pour surveiller les frontières

Clare Garvie, qui a mené l'étude de Georgetown, estime que depuis deux ans, "la reconnaissance faciale a été déployée de façon plus large et plus active" aux États-Unis, notamment pour le contrôle aux frontières. Cette technologie n'est déjà plus de la science-fiction en Chine, en pointe sur le sujet, où elle y est largement utilisée pour surveiller les citoyens.

Plusieurs groupes technologiques sont présents dans la reconnaissance faciale, comme Microsoft, dont la technologie est utilisée aux frontières , tandis que le Maryland se sert de celle de l'Allemand Cognitec et du Japonais NEC. Ces entreprises ne sont pas épargnées par la controverse, comme Amazon, qui fait face à une fronde d'employés et de militants lui reprochant de vendre ses technologies à la police .

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Le géant de l'internet se défend en assurant qu'il ne mène aucune activité de surveillance, ni ne fournit de données à la police, ajoutant que sa technologie peut aider à retrouver des enfants disparus ou lutter contre le trafic d'êtres humains.