A trois mois d’une des élections présidentielles les plus incertaines de l’histoire du Brésil, un juge de la cour d’appel de Porto Alegre a ordonné, dimanche 8 juillet, la libération de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré depuis le début d’avril pour corruption.
Le juge Rogério Favreto a décidé d’accepter une demande d’habeas corpus (qui permet à Lula de rester libre le temps que soient examinés d’autres recours dans des instances supérieures) présentée vendredi par plusieurs députés du Parti des travailleurs (PT), fondé par Lula en 1980. Les médias brésiliens ont rappelé dimanche que le juge Favreto, ancien avocat, avait été membre du PT de 1991 à 2010, date à laquelle il a accédé à la magistrature.
La décision judiciaire prévoyait que la libération devait avoir lieu « selon le régime d’urgence en la date d’aujourd’hui, en présentant cet ordre à quelconque autorité policière présente au siège de la police fédérale de Curitiba », où Lula est incarcéré.
Après une levée de boucliers de plusieurs instances du pouvoir judiciaire, le juge Joao Pedro Gebran Neto a été catégorique, décidant que la police fédérale devait s’abstenir « de pratiquer un quelconque acte qui modifie la décision collégiale » d’emprisonner Lula, condamné à douze ans et un mois de prison pour corruption, prise par ce même tribunal régional fédéral (TRF4) en janvier.
Question de compétence
La décision du juge Rogério Favreto a fait l’effet d’une bombe au Brésil. Le juge anticorruption Sergio Moro, qui a condamné Lula en première instance en juillet 2017, a affirmé dans un document officiel dans la foulée que de la cour d’appel de Porto Alegre n’avait pas la compétence pour prendre cette décision.
Lula est incarcéré depuis le 7 avril et purge une peine de douze ans de réclusion en lien avec une affaire de corruption. Il est accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer pour favoriser une entreprise de bâtiment pour l’obtention de marchés publics, Lula nie farouchement et se dit victime d’un complot pour l’empêcher de briguer un troisième mandat.
Un tribunal électoral doit décider en août si l’ancien président de gauche peut, malgré son incarcération, être candidat à l’élection présidentielle des 7 et 28 octobre.
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