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L'un des rovers sous-marin, lors de sa mise à l'eau depuis le navire scientifique dépêché sur place.

Ocean Exploration Trust / NautilusLive

Un soir de mars, sur la côte ouest américaine près de Seattle, une énorme boule de feu déchire le ciel et surprend les habitants, fonçant en direction du Pacifique à toute vitesse. Ni feu d'artifice, ni extraterrestre, le spectacle était celui de l'entrée dans l'atmosphère d'une météorite. "Facilement la plus grosse enregistrée aux Etats-Unis depuis vingt et un ans", expliquait alors au Seattle Times Marc Fries, expert de la Nasa sur le sujet. Quatre mois plus tard, une quête des restes du bolide immergé a été lancée et une première expédition sous-marine, début juillet, vient de présenter ses résultats.

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Les observations radar ont permis d'établir que deux tonnes environ auraient résisté du voyageur spatial, gros comme une voiturette de golf. Lancé dans le vide, puis brutalement freiné et chauffé par la densité de notre atmosphère, l'objet se serait fragmenté en chutant, avant de plonger et reposer sur les fonds océaniques. Le tout sur une largeur de 800 mètres, à 26 kilomètres des côtes. Or la recherche sous-marine d'une météorite s'avère extrêmement rare. Une première en ce qui concerne Marc Fries, pourtant responsable de dizaines d'autres expéditions - menées jusqu'ici sur la terre ferme.

Coup de chance pour ce chasseur de météorites : un navire scientifique bien équipé, missionné depuis peu, se trouve par hasard au coeur de cette zone du Pacifique-Est. Le Nautilus, 64 mètres de long, compte deux rovers d'exploration sous-marine providentiels... Sauf qu'un problème subsiste à bord : le matériel embarqué ne prévoyait pas du tout une pêche au corps céleste immergé. Les chercheurs ont dû improviser avec le matériel disponible pour construire une écope adaptée, et surtout un détecteur artisanal : une planche remplie de puissants aimants.

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© / Ocean Exploration Trust / NautilusLive

Cette solution faite maison repose sur une astuce : la composition commune des météorites, contenant souvent du fer et du nickel, attirés par les aimants. Le navire possède aussi, heureusement, des moyens bien plus sophistiqués, dont des sonars avancés. Son propriétaire, le fonds Ocean Exploration Trust, est piloté par Robert Ballard, l'explorateur et océanographe qui a notamment permis la découverte de l'épave du Titanic en 1985. L'équipe se trouve donc spécialement rodée à ces missions sous-marines et a accepté de consacrer un peu plus d'une journée à cette quête.

La météorite repose à une centaine de mètres de profondeur sans grand relief, sur des fonds boueux et sablonneux. De quoi recouvrir et cacher les roches qui l'ont impacté. Les deux rovers immergés le 2 juillet ont donc alterné le ratissage avec une planche aimantée et la récolte avec l'écuelle ou directement au tuyau d'aspiration filtrant les sédiments.

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© / Ocean Exploration Trust / NautilusLive

Alors, ça a mordu ? La pêche se révèle finalement bonne, sans être miraculeuse : dans le tout dernier échantillon de l'expédition, prélevé dans un creux, deux petits fragments de 2 à 3 millimètres seulement ressortent. Ils proviennent probablement du météorite, assure l'expert de la Nasa, et plus précisément de sa couche extérieure, en fusion durant la chute.

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© / Ocean Exploration Trust / NautilusLive (Montage L'Express)

Reste encore à déterminer leur composition chimique exacte afin de le confirmer, ce qui devrait éclairer davantage sur la structure du bolide, a priori constitué d'une matière plus résistante que la moyenne, selon sa fragmentation. Et à analyser plus exhaustivement, une fois à terre, les sédiments recueillis, avec l'espoir de trouver encore d'autres morceaux de l'objet venu d'ailleurs.

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