“Les représentants du football belge sont harcelés de questions pour savoir comment un pays de 11 millions d’habitants se trouve classé 3e meilleur du monde derrière les géants que sont le Brésil et l’Allemagne”, relève Skysports, qui s’interroge sur les causes de l’insolente réussite du football belge.

Révolution sportive

Ce succès s’explique tout d’abord par un changement radical dans l’approche de la formation des jeunes. Selon The Guardian, “le tournant est apparu en 1998 lorsque la Belgique a été éliminée dès la phase de groupes du Mondial.” La reconstruction s’appuie sur deux piliers, identifiés par le Washington Post :

Une transformation partant du bas a commencé au début des années 2000, l’accent étant mis sur les compétences techniques et le développement de la jeunesse à une échelle nationale”

La deuxième génération a faire rêver la Belgique après les Enzo Scifo, Jan Ceulemans, Nico Claesen et consorts s’est construite grâce à une révolution unique dans le système de formation des futurs joueurs professionnels. “Avant l’âge de 14 ans, il n’y a pas de classement et les résultats ne sont pas communiqués”, raconte Le Temps.

Le quotidien helvétique poursuit la description de la formation des jeunes pousses du football belge : “Jusqu’à 17 ans chaque joueur est obligé de jouer au moins 50 % du match. On joue en quatre quarts-temps. À chaque pause tous les remplaçants doivent entrer en jeu. […] Dès qu’ils jouent à 11, les jeunes Belges évoluent en 4-3-3.” L’accent est mis sur l’épanouissement des joueurs, et l’uniformisation du système de jeu permet de préserver une cohérence tactique à l’échelle nationale.

Moteur d’intégration

Cette révolution de la formation est également un vecteur d’intégration sociale, considère le Washington Post : “Cela a coïncidé avec un programme national poussant à utiliser le football pour intégrer les dernières générations d’immigrés.”

Même son de cloche du côté du Financial Times, qui constate la diversité au sein des Diables rouges : “Le cosmopolitisme belge s’étend à son équipe nationale, dont les origines s’étendent comme des veines vers l’Afrique centrale, le Caucase, la péninsule ibérique, le Maghreb.” À en croire le Washington Post, la folle remontée face au Japon est le meilleur exemple de l’atout que représente l’immigration pour cette génération :

Sur le but de la victoire, l’attaquant vedette, Romelu Lukaku, enfant d’immigrés congolais, a joué le leurre à la perfection, laissant le ballon filer entre ses jambes, afin que Nacer Chadli, fils d’immigrés Marocains, glisse le ballon sur la gauche du gardien pour offrir le but de la victoire. Plus tôt, le but égalisateur a été inscrit par un autre descendant de Marocains, Marouane Fellaini.”

Alors que l’immigration était quasi uniquement représentée par Enzo Scifo dans la génération de 1986, celle de 2018 témoigne de la diversité du plat pays. Un éducateur de la ville de Droixhe interrogé par The Guardian atteste cette évolution : “Il y a quelques années ça n’était pas comme cela. Désormais c’est plus ouvert. Avec les équipes de jeunes, on peut voir qu’il y a beaucoup d’enfants d’immigrés ou d’anciens réfugiés qui représentent la Belgique.