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Sport

Ce que cache le divorce entre Nike et Federer

Le tennis n'est plus une priorité pour Nike qui traverse une crise de management. L'équipementier américain n'a pas voulu resigner pour 10 ans avec le joueur de 36 ans contrairement au japonais Uniqlo.

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Roger Federer vainqueur du Serbe Dusan Lajovic à Wimbledon, le 2 juillet 2018

Le joueur suisse est désormais sponsorisé par Uniqlo

AFP - Glyn KIRK

C’est la fin brutale d’une liaison de 24 ans, officialisée à l’ouverture du tournoi de Wimbledon! Un divorce auquel personne ne voulait croire dans la communauté du tennis. Le 2 juillet, Roger Federer a donc annoncé qu’il s’associait à Uniqlo, le distributeur de textile japonais, pour un contrat de 300 millions de dollars sur 10 ans. Le montant est faramineux alors que le champion suisse fêtera ses 37 ans le 8 août. Un chèque de 30 millions par an pendant une décennie… De quoi lui assurer une retraite paisible quand il aura quitté les terrains.

  • Le tennis n'est pas prioritaire pour Nike qui manque de joueurs stars aux Etats-Unis

Tout était prêt, pourtant, pour que la belle histoire se poursuive entre Nike et Roger Federer. Revenu au sommet de son art, le joueur devrait continuer à fouler les courts encore deux à trois années sur le circuit international. "Les lignes de vêtements signés RF étaient prêtes pour l’automne 2019 et même le printemps 2020", affirme un distributeur. Mais le tennis n’est plus prioritaire pour Nike, qui est de plus en plus challengé par Adidas et Under Armor aux Etats-Unis. "Ce sport est en déclin dans ce pays car il n’y a plus de stars américaines, à part Serena Williams chez les femmes, explique Loïc Yviquel, cofondateur de l’agence de communication Sportlab. Ses ventes sont très inférieures à celles du basket ou du football."

  • Nike traverse une crise de management qui a conduit au départ de 11 dirigeants

Pourtant, Phil Knight, l’actuel président du directoire, et patron historique de la marque à la virgule, est un grand fan de tennis. Sous contrat avec le flamboyant Rafael Nadal et l’élégant Roger Federer, Nike avait ce qui se fait de mieux dans ce sport. Deux ogres qui dominent le circuit mondial depuis quinze ans et se partagent, encore aujourd’hui, la première et deuxième place du classement ATP. Mais l’équipementier américain traverse une grave crise de management. En quelques mois, 11 dirigeants de haut niveau ont quitté le groupe dans le cadre d’une enquête interne. Selon le Wall Street Journal, des plaintes de salariés ont été déposées concernant la place des femmes et des comportements inappropriés au sein de l’entreprise.

  • L'équipementier aurait proposé 100 millions sur 5 ans pour la légende Federer

Que s’est-il passé lors de l’ultime réunion entre l’agent du joueur, Tony Godsick, et le premier équipementier mondial? "Nike aurait proposé 20 millions de dollars annuels sur cinq ans", croit savoir Loïc Yviquel. Sans réclamer les 300 millions d’Uniqlo, Roger Federer espérait sans doute mieux de son sponsor historique pour son dernier contrat. Le deal aurait pu se conclure sur le niveau des royalties - entre 5 et 20 % selon les cas - versées au suisse sur les casquettes, polos, et autres shorts. Il s’en vend des centaines de milliers par an et cela continuera après son dernier match. Car l’homme aux 20 titres de Grand Chelem est d’ores et déjà une légende. Avant lui, les tennismen René Lacoste, Fred Perry, et Sergio Tacchini ont réussi à faire de leur nom des marques iconiques… Et Nike a démontré, avec Michael Jordan notamment, qu’il savait encaisser des milliards de dollars grâce à ses champions, bien après leur retraite.

  • Les ventes d'articles signés par le champion vont s'arrêter mais la ligne perdurera

"Pour les distributeurs d’articles de sport, Rafael Nadal et Roger Federer représentent jusqu’à un quart des ventes du rayon tennis", indique Jean Leclercq, ancien directeur du tennis en Europe chez Nike, désormais patron pour l’Europe du sud du site Tennis-Point. Selon certaines sources, l’équipementier sportif devrait cependant continuer à développer et vendre une ligne inspirée du champion mais sans son fameux logo RF dont Roger Federer possède la propriété mais pas les droits d’utilisation... "Il va être intéressant de voir si elle continue à se vendre aussi bien, dit Loic Yviquel. Je parie que dans dix ans, une majorité de gens associeront encore son nom à Nike." A contrario, Uniqlo devra être imaginatif pour faire vivre la légende Roger Federer quand il aura définitivement rangé ses raquettes de champion et sera sorti du viseur des photographes.

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