Le message de Nicolas, autiste, et mention très bien au bac

«Je tiens à dire à tous les parents qui ont des enfants qui ont été récemment diagnostiqués autistes qu’ils n’ont pas à s’inquiéter car ils sont capables de s’en sortir !»

 Nicolas a été diagnostiqué à l’âge de 3 ans. Il a été retiré de la maternelle pour être admis en hôpital. (Capture d’écran)
Nicolas a été diagnostiqué à l’âge de 3 ans. Il a été retiré de la maternelle pour être admis en hôpital. (Capture d’écran) La Dépêche

    Les médecins avaient dit à ses parents de « faire le deuil de leur enfant ». Mais, cette semaine, ces derniers ont eu la satisfaction de voir leur garçon autiste obtenir son bac avec une mention très bien. Et ce, malgré une quasi année d'absence du lycée.

    À 17 ans, Nicolas est ainsi venu témoigner de son expérience dans les locaux du journal La Dépêche. En plus de remercier publiquement sa mère de l'avoir « coaché », le jeune homme originaire de Leyme (Lot) s'est appliqué à faire passer un message à destination des proches de jeunes enfants comme lui afin qu'ils ne baissent pas les bras.

    «En octobre, j'ai dû quitter le lycée»

    « J'ai eu une moyenne générale de 16,82 sur 20 », se réjouit-il d'abord. Et de détailler : « La physique chimie, ça a été, j'avais fini d'étudier le programme de terminale bien avant les autres. L'épreuve de SVT du bac n'était pas simple, d'ailleurs j'ai eu la note la plus basse. J'ai été surpris par la philosophie où j'ai excellé. » Nicolas attribue cette réussite à son entourage : « J'ai eu beaucoup de difficulté à m'organiser, il y a eu un engagement familial fort. Ma mère était mon coach. Elle préparait les cours d'histoire-géographie et de philosophie pour m'aider. Car dès le mois d'octobre, je ne me sentais pas bien, j'ai dû quitter le lycée Jean-Lurçat de Saint-Céré. »

    « Je n'ai conservé le suivi que de trois matières, pour ne pas avoir à passer l'examen en candidat libre. J'ai donc étudié à la maison par correspondance », précise le jeune homme.

    «J'étais à l'écart à cause du système»

    Nicolas profite de sa réussite pour tenter d'aider les autres à mieux appréhender le handicap : « L'autisme, depuis un an, ce n'est plus un problème pour moi, j'ai eu des aménagements pour le bac, comme le fait de pouvoir passer les épreuves sur ordinateur. C'est le contact avec les autres qui reste compliqué.»

    Et de raconter sa petite enfance, après avoir été diagnostiqué à l'âge de 3 ans : « On m'a retiré de la maternelle pour l'hôpital de jour où j'ai perdu un an de ma vie. Finalement, j'ai commencé ma scolarité comme je l'ai finie : à l'écart des autres, à cause d'un système. C'est une vraie tristesse pour moi. Aujourd'hui, je me rends compte à quel point j'ai pu être seul...»

    «Les autistes n'ont rien à faire en psychiatrie !»

    Nicolas a visiblement une grande capacité à prendre du recul et analyser sa propre situation : « Ça n'a pas été facile d'arriver jusqu'ici. Je voudrais dire aux familles que leurs enfants autistes n'ont rien à faire en psychiatrie. Qu'elles se tournent plutôt vers les méthodes et les approches qui se pratiquent à l'étranger, qu'elles n'écoutent pas les médecins leur dire de faire le deuil de leur enfant, comme cela a été le cas pour mes parents », rapporte-t-il en espérant faire changer l'image des personnes atteintes par ces multiples formes de troubles du spectre de l'autisme (TSA). « Je tiens à dire à tous les parents qui ont des enfants qui ont été plus ou moins récemment diagnostiqués autistes - ou Asperger parce que c'est une variante - qu'ils n'ont pas à s'inquiéter car ils sont capables après moult déterminations à s'en sortir sur ce qu'ils aiment le plus », insiste le brillant bachelier.

    Les origines, les niveaux et les façons de dépasser les symptômes sont multiples. Depuis plusieurs années, d'énormes progrès ont été réalisés dans la compréhension de ce handicap, internationalement reconnu comme tel par l'ONU. Le temps où l'autisme était considéré comme une maladie psychiatrique est loin mais il existe encore une grande marge de progression quant à la prise en charge et aux méthodes d'intégration des enfants dans le système scolaire, tout comme des adultes dans le monde du travail.