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Facebook ultra-dominateur
Avec ce magasin, qui sera suivi en octobre 2008 par celui de Google, apparaissent de nouveaux services. Les développeurs n’ont plus besoin d’adapter leurs sites au navigateur web du téléphone, ils créent leurs propres applications et sont en contact direct avec leurs clients. Ce lien facilite l’émergence d’Uber ou d’Instagram et de milliers d’autres services dédiés quasi exclusivement à une utilisation sur mobile. Et ce sont surtout Facebook et Google qui s’imposent. La société de recherche américaine App Annie a classé les applications les plus téléchargées entre juillet 2010 et mai 2018, parmi 170 milliards de téléchargements. Verdict: Facebook place quatre de ses applications (Facebook, Messenger, WhatsApp, Instagram) aux cinq premières places, Google deux (YouTube et Maps).
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En ouvrant ses kits de développement à des milliers d’ingénieurs tiers, Apple a vu juste, selon l’analyste indépendant Ian Fogg. «Le modèle de distribution d’applications que la société a conçu a été aussi important que le lancement de l’iPhone lui-même, pour créer le marché de masse du smartphone que nous connaissons aujourd’hui», déclarait-il cette semaine au site spécialisé CNet.com.
Près de 100 milliards de dollars reversés
Ces développeurs, Apple les rémunère à coups de milliards. En dix ans, la multinationale a reversé environ 100 milliards de dollars (100 milliards de francs) aux créateurs, tout en encaissant plus de 30 milliards de dollars via une commission de 30% sur chaque achat. Rien qu’en 2017, les développeurs ont encaissé, net, 26,5 milliards de dollars.
Non seulement les développeurs et Apple gagnent de l’argent via des achats d’applications, mais aussi via des achats au sein de ces programmes – cette possibilité a été proposée dès 2011. Et aujourd’hui, plus de 28 000 programmes, tels Netflix, Tinder, LinkedIn et de nombreux jeux permettent d’acheter des abonnements mensuels au sein des applications. Entre l’été 2017 et l’été 2018, ces abonnements ont augmenté de 95%, affirme Apple.
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La société, attaquée en Europe pour ses pratiques fiscales, utilise souvent l’argument de la redistribution aux développeurs pour amadouer les autorités. Selon Apple, en dix ans, les développeurs européens ont encaissé plus de 20 milliards d’euros de revenus. Et plus de 1,5 million de développeurs se trouveraient, toujours selon la multinationale, sur sol européen – ils seraient 20 millions au total.
Google derrière
Face à Apple, Google peine à soutenir la comparaison. En termes de base d’utilisateurs, le système d’Android est devant, équipant 85% des nouveaux smartphones. Mais les utilisateurs du système iOS d’Apple téléchargent proportionnellement plus (30% du total en 2017, selon App Annie). Et ils dépensent sensiblement plus (66% du total). Selon la société de recherche américaine Sensor Tower, les croissances des chiffres d’affaires des deux magasins (App Store et Google Play Store) a été similaire en 2017, à 34%.
Rien n’indique que cette croissance va ralentir à moyen terme. Cette semaine, Bank of America estimait que les kits de développement pour la réalité augmentée, proposés depuis mi-2017 par Apple aux développeurs, pourraient rapporter à la société entre 6 et 8 milliards de dollars supplémentaires, par an, d’ici à 2020. Selon la banque américaine, un milliard proviendrait de la vente des applications, le solde de l’augmentation du nombre d’iPhone vendus. Ikea propose par exemple déjà de visualiser ses futurs meubles dans son intérieur, et de nombreux nouveaux jeux se basent sur la réalité augmentée. Et si Apple devait lancer des casques ou lunettes dédiées à cette technologie, la hausse des revenus pourrait même atteindre 11 milliards de dollars par an, estime Bank of America.