Le camp de migrant qui s'est installé dans le square Daviais à Nantes.

Le camp de migrant qui s'est installé dans le square Daviais à Nantes.

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Les associations de la ville de Nantes ont alerté la ville et l'État à propos d'un campement de migrants qui s'est installé dans la ville il y a un mois. "C'est très difficile. Beaucoup de gens vivent ici, beaucoup sont malades. J'ai très peur pour mes enfants et pour mon bébé, couvert de piqûres de moustique", témoigne Mohamed, un Soudanais arrivé il y a une semaine avec sa femme et leurs cinq enfants âgés de 22 mois à 13 ans. "On appelle le 115, on nous dit chaque jour qu'il n'y a pas de place. Personne ne se soucie de ma famille, il n'y a pas d'humanité ici", se désole-t-il.

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Le campement du square Daviais, qui ne comptait qu'une poignée de tentes il y a un mois, s'est agrandi après les évacuations successives de deux bâtiments privés squattés, les 19 puis 28 juin, et au gré d'arrivées depuis l'Italie ou l'Espagne de migrants, essentiellement de Soudanais et d'Érythréens.

Entre 170 et 300 personnes

Selon la ville, plus de 170 personnes y vivent, mais elles seraient entre 200 et 300 selon les collectifs qui leurs viennent en aide. Le département de Loire-Atlantique, et la ville de Nantes, sont confrontés à "une évolution significative des flux depuis fin février", selon les autorités.

Les demandes d'asile ont ainsi augmenté de 28% en un an, là où d'autres grandes villes ont enregistré des baisses. Dans ce campement de fortune, "10 à 20 personnes nouvelles arrivent chaque jour", selon des bénévoles qui préparent et servent chaque soir "près de 400 repas".

Crise sanitaire

Des cas de gale y ont été signalés, tout comme la présence de nuisibles, poussant certaines associations et les élus de Nantes à co-signer un appel adressé à la préfète de Loire-Atlantique, et rendu public mardi, réclamant une rencontre en urgence avant "une crise sanitaire grave". "On n'a pas de réponse officielle. L'État doit pourtant trouver des solutions. Le droit des étrangers, l'hébergement d'urgence, c'est de sa compétence", insiste Aïcha Bassal, adjointe à la maire de Nantes. "On ne peut pas reprocher à l'État de ne pas les héberger, l'hébergement est conditionné au fait de déposer un dossier de demande d'asile et la majorité ne s'est pas manifestée", argue le secrétaire général de la préfecture, Serge Boulanger.

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"La situation est préoccupante, sur le plan humanitaire mais aussi de l'hygiène. (...) On ne peut pas se satisfaire de personnes sans statut qui occupent l'espace public, mais la préfecture n'interviendra que si la maire demande en référé l'expulsion", déclare Serge Boulanger.

Une situation qui agace les associations. "La ville et la préfecture continuent de se renvoyer la balle. Cela fait un mois qu'on appelle au secours et les pouvoirs publics sont aux abonnés absents", déplore François Prochasson, du collectif de soutien aux migrants.

Des dons de vêtements

"Heureusement que la générosité, la solidarité et l'aide spontanée sont considérables", poursuit François Prochasson, qui salue les nombreux dons de vêtements et de denrées, et les citoyens qui "donnent de leur temps" pour ramasser les ordures, aider à la distribution des repas ou accompagner des migrants à l'hôpital. "Ici, ils ne peuvent pas se faire à manger donc ils dépendent de l'assistance, il faut comprendre que c'est humiliant pour eux. Ce n'est pas une question d'argent, mais de volonté politique", martèle François Prochasson.

Si un petit poste électrique permet de recharger téléphones ou bouilloire, et un robinet d'eau de se laver les dents ou des vêtements, un seul sanitaire public est situé à proximité, et les bains-douches de la ville sont surchargés depuis plusieurs semaines malgré l'augmentation de leur capacité, soulignent les associations.

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