► Qu’est-ce qu’un daguerréotype ?

Cousin de la photographie, le daguerréotype a été inventé au début du XIXe siècle par le Français Louis Daguerre. Une plaque de cuivre recouverte d’argent est polie comme un miroir, puis la plaque est soumise à de la vapeur d’iode ou d’un autre gaz halogène dans le noir. Cette opération rend la plaque photosensible.

Elle est ensuite installée dans une chambre noire. La scène à « photographier » est exposée selon un temps plus ou moins long, et s’imprime de façon invisible sur la plaque. Cette plaque est ensuite passée à la vapeur de mercure pour être développée. Des amalgames d’argent et mercure se forment et révèlent l’image. Enfin, un rinçage avec du thiosulfate de sodium permet de nettoyer et fixer le cliché. Une étape supplémentaire a été rajoutée plus tardivement avec dépôt d’une solution contenant de l’or pour mieux sceller l’image.

Très utilisé en son temps, le daguerréotype permettait des images très détaillées, dans un dégradé de gris, avec un temps de pose relativement restreint, de l’ordre de plusieurs minutes tout de même. Mais les clichés ainsi réalisés étaient très fragiles. Tous comme les vieux miroirs, les daguerréotypes se ternissent et des impuretés chimiques lors des différentes étapes peuvent aboutir à la perte des particules de surface qui forment l’image.

► Qu’ont réalisé les chercheurs canadiens ?

Si l’imagerie par rayons X est souvent utilisée pour redécouvrir les contours d’œuvres effacées, la petite taille et les riches détails des daguerréotypes rendent cette technique difficile à utiliser. À la place, les chercheurs de l’université de Western Ontario, au Canada, ont utilisé un synchrotron. Cet accélérateur de particules a permis de cartographier le signal du mercure effacé à la surface de deux daguerréotypes de la National Gallery du Canada, vieux de plus de 150 ans.

Le premier, totalement dégradé, était non reconnaissable. Après traitement, les chimistes ont pu reconstituer le portrait d’un homme en costume assis. Sur le deuxième daguerréotype, le visage et le col d’une femme étaient encore discernables, mais son habit avait entièrement disparu. Après analyse, le portrait réapparaît dans ses moindres détails : la tresse de la coiffure, le corsage, le boutonnage de la jupe etc.

Des chercheurs canadiens reconstruisent des photos grâce à un accélérateur de particules

► Quels sont les avantages et les inconvénients de cette technique ?

« La possibilité de retrouver des images disparues va permettre aux musées de mieux comprendre et de mieux présenter leurs collections de daguerréotypes, des plaques sévèrement dégradées qui n’auraient pas pu être étudiées ou connues du public autrement », se félicitent les auteurs de l’étude. Cette méthode est en effet idéale pour les conservateurs car elle est non invasive et non destructive : aucun risque d’altérer le daguerréotype dans d’éventuelles opérations chimiques.

Mais utiliser un accélérateur de particules demande une mise en œuvre gigantesque. Il faut déplacer les daguerréotypes jusqu’au synchrotron, avoir des experts capables de manipuler l’appareil, dont le coût d’utilisation est loin d’être négligeable. Sans compter le temps : il a fallu 8 heures de travail par centimètres carrés aux chimistes canadiens !