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La Grande Mosquée de Paris lâche l'imam de Toulouse
BERTRAND GUAY / AFP

La Grande Mosquée de Paris lâche l'imam de Toulouse

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Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a précisé ce jeudi 12 juillet son point de vue sur le prêche de l'imam de Toulouse Mohamed Tataï, visé par une enquête pour "incitation à la haine". Dans un communiqué, Dalil Boubakeur évoque une "condamnation ferme et sans équivoque".

Dalil Boubakeur a tenu à faire une "mise au point". Dans un communiqué publié ce jeudi 12 juillet, le recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP) a précisé sa position concernant le prêche de l'imam de Toulouse Mohamed Tataï, visé par une enquête pour "incitation à la haine" antijuive : "Devant l'ampleur prise par la polémique suscitée par les propos de l'imam Tatai de Toulouse et les malentendus sur notre position, nous tenons à réaffirmer notre condamnation ferme et sans équivoque des termes utilisés par cet imam lors de son prêche tenu en décembre 2017 en sa mosquée d'Empalot à Toulouse inaugurée le 23 juin 2018".

Habitué des déclarations outrancières, l'imam algérien du quartier d'Empalot est au cœur d'une vive polémique depuis la fin du mois de juin. Dans une vidéo relayée par l'Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI), on voit Mohamed Tataï prononcer un prêche en arabe en décembre 2017. Il cite longuement un hadith (l'ensemble des traditions relatives aux actes et aux paroles du prophète Mahomet) et évoque la "bataille finale décisive" entre musulmans et juifs : "Le jour du Jugement ne viendra pas jusqu'à ce que les musulmans combattent les juifs, énonce Tatai. Les Juifs se cacheront derrière les pierres et les arbres, et les pierres et les arbres diront : Ô musulman, ô serviteur d’Allah, il y a un Juif qui se cache derrière moi, viens le tuer – à l’exception de l’arbre Gharqad, qui est l’un des arbres des Juifs."

A la suite de la diffusion de cette vidéo, la Grande Mosquée de Paris avait convoqué Tataï à Paris le 2 juillet pour qu'il s'explique, souhaitant toutefois qu'il "poursuive sa mission dans la paix, le dialogue et la sérénité". Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, avait alors reproché à Boubakeur de laisser planer une "gênante impression de non-dit". "Il va de soi, en ce qui nous concerne, que nous condamnons et regrettons vivement les propos totalement incongrus de cet imam", avait répliqué le recteur de la Grande Mosquée de Paris. Mais peu après, le ministre algérien des Affaires religieuses avait d��fendu l'imam de Toulouse, assurant que la GMP l'avait "disculpé" et souhaitant "que les médias extrémistes arrêtent de porter atteinte à l'islam".

Tataï se réfugie derrière une "traduction altérée" et "prise hors de son contexte"

Embarrassé, Boubakeur a une nouvelle fois garanti ce jeudi que l'imam Tataï n'appartenait pas à la Fédération nationale des mosquées et qu'il lui avait été "fortement recommandé de présenter ses excuses aux autorités religieuses du judaïsme toulousain et de les rencontrer dans un esprit de paix". Ce qu'a fait Mohamed Tataï vendredi 5 juillet, garantissant qu'il ne visait "ni le judaïsme ni le peuple juif". La veille, il s'était également expliqué, en arabe, devant les caméras de France 3, affirmant que la traduction de son prêche avait été "altérée" et "prise hors de son contexte".

Pour faire la lumière sur l'affaire, le procureur de la République a demandé une traduction du prêche controversé. Tataï, visé par une enquête ouverte le jeudi 28 juin par le parquet de Toulouse pour "des faits susceptibles de constituer une incitation à la haine", pourrait être poursuivi.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne