Gare du Nord: les cinq choses à savoir sur la transformation colossale qui se prépare
Hervé Guénot | le 10/07/2018 | Michel Desvigne , Dietmar Feichtinger, Anne Hidalgo, Bâtiment, Eiffage Construction
La première gare parisienne va être complètement remodelée et voir sa taille tripler d’ici aux JO 2024. Le projet sera mené par Ceetrus (foncière du groupe Auchan), Valode & Pistre et Eiffage Construction. Un projet à 600 millions d’euros.
La SNCF a annoncé lundi 9 juillet l'ouverture de négociations exclusives avec un groupement mené par Ceetrus, la foncière du groupe Auchan, et associant, Valode & Pistre et Eiffage Construction, pour remodeler la Gare du Nord, à Paris. Le projet, prévoit de tripler la taille de l’édifice du XIXe siècle, avant les jeux Olympiques de 2024 : il va passer de 36 000 à 110 000 m², a expliqué Patrick Ropert, le directeur général de Gares & Connexions, la branche de la SNCF chargée de l'exploitation des gares. Le projet, estimé à 600 millions d'euros, doit être achevé en juin 2023, bien avant l’ouverture des JO 2024 dans la capitale.
Première gare d'Europe avec plus de 700 000 voyageurs chaque jour -hors métro-, la Gare du Nord doit en accueillir plus de 800 000 en 2024, et 900 000 en 2030, selon les projections de la SNCF.
Découvrez le "pitch" du projet en vidéo :
Qui était en lice pour le contrat ?
Le groupement mené par Ceetrus s’est imposé face à Altarea-Cogedim/Dietmar Feichtinger Architectes/Besix, et au Groupement Apsys/Willemotte & Associés.
Quelle est l’ambition architecturale ?
«Faire entrer la gare dans la ville, et la ville dans la gare» : tel est, en substance le projet que l’agence Valode & Piste a conçu, multipliant par trois les espaces voyageurs (de 36 000 à 110 000 m²).
A droite du bâtiment historique, comme une réinterprétation des passages parisiens du XIXe siècle, Valode & Pistre propose une grande nef de verre longue de 300 mètres, large 18, très lumineuse. «C’est une galerie de verre, un chemin de lumière, une rue intérieure qui dessert l’ensemble des activités ferroviaires, commerciales et culturelles», explique Denis Valode. Les flux de voyageurs arrivée/départ sont différenciés comme dans les aéroports : nouvelles passerelles enjambant les voies pour les flux départ, quais pour les flux arrivée.
Les niveaux 4 et 5 sont en construction bois, l’ensemble est labellisé Breeam, le toit est pourvu de jardins (7700 m²) et de panneaux solaires (3200 m²). «Le XIXe siècle fut celui des gares, le XXe siècle, celui des aéroports. Au XXIe siècle s’opère un retour à la gare grâce au TGV, mais un retour à une gare métamorphosée en centre urbain», précise l’architecte.
Quels seront les nouveaux besoins traités ?
Gare dans la ville, la nouvelle Gare du Nord entend répondre aux attentes des voyageurs selon quatre axes. «Un nouveau terminal départ, un agrandissement du terminal Eurostar permettant de faire face au renforcement des contrôles douaniers liés au Brexit, des espaces de circulation passant de 15 000 m² à plus de 37 000 m², une accessibilité renforcée avec 55 ascenseurs et 105 escaliers mécaniques en 2024 contre respectivement 20 et 45 aujourd’hui», énumère Patrick Ropert (SNCF Gares & Connexions). Enfin, la nouvelle gare sera connectée avec la mise en place de solutions digitales sur-mesure.
Quelles activités et services supplémentaires dans la gare ?
Ville dans la gare, la nouvelle Gare du Nord offrira par ailleurs «des lieux nouveaux, durables, intelligents, animés, comme un acteur global de l’urbain, c’est-à-dire comme un nouveau quartier de ville», fait valoir Vianney Mulliez, président de Ceetrus (ex-Immochan). La surface commerciale va passer de 10 000 m² aujourd’hui à 50 000 m² en 2024 : shopping, activités culturelles, sportives, services (crèche).
Les boutiques (40 enseignes qui valoriseront le savoir-faire parisien et français) occuperont 37% de la surface, les restaurants 27%, les espaces de coworking 5 500 m².
Côté culture, le projet table sur une Académie européenne de la culture imaginée par l’écrivain Olivier Guez (2000 m²), une salle événementielle (1600 m²), des écrans géants accueilleront une Biennale des arts numériques. Sur le toit-jardin de la gare, une offre de sport urbain : un kilomètre de piste de trail (course à pied), une salle de sport, des terrains de padel (sport de raquette), de basket, de golf.
«Le lien gare/ville est crucial. Dans ce projet, l’insertion de la gare dans le quartier se fait en douceur tenant compte des habitants qui, eux, vivent là et ne sont pas seulement de passage», souligne Anne Hidalgo, maire de Paris. La gare routière (12 lignes, 7 Noctambus) sera réinventée en «éco-station». Et la part belle sera réservée aux cyclistes, avec une vélo-station de 1200 places.
Quel mode de financement ?
Le financement du projet se fait au moyen d’un nouveau type de partenariat public-privé : une Société d’économie mixte à opération unique («Semop»). Détenue à 66% par Ceetrus, et à 34% par SNCF Gares & Connexions, cette Semop a une double mission : d’abord, réaliser les travaux d’infrastructures et de création des nouveaux espaces d’activités, ensuite, commercialiser, gérer les surfaces d’activités, de restauration et de commerce.
La signature du contrat de cette «co-entreprise» devrait avoir lieu d’ici octobre pour une durée de 35 à 46 ans.
Fiche technique
Maître d’ouvrage : Ceetrus et SNCF Gares & Connexion.
AMO technique : ARC.
Maître d’œuvre : Valode & Pistre, avec l’atelier d’architecture SNCF Gares & Connexions.
BET structure : VP Green.
BET design : VP Design.
Infrastructures : Artelia.
Digitalisation : One Point.
Lumière : Yann Kersalé.
Paysagiste : Michel Desvigne.
Entreprises : Eiffage Construction, Bouygues Energies Services.
Découvrez les grandes dates de la transformation de la Gare du Nord en vidéo :
Moi
12/07/2018 13h:24
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