Hyperloop, le train à hyper grande vitesse

  LE PARISIEN MAGAZINE. Composé de capsules propulsées dans un tube, Hyperloop pourrait relier Paris à Amsterdam en trente minutes ! Les premières lignes sont attendues vers 2020, aux Etats-Unis notamment.

Plusieurs universités et entreprises concurrentes travaillent sur l’Hyperloop. Ici, le?projet de la faculté américaine Carnegie-Mellon.
Plusieurs universités et entreprises concurrentes travaillent sur l’Hyperloop. Ici, le?projet de la faculté américaine Carnegie-Mellon. Carnegie Mellon University

    En 2013, l'entrepreneur touche-à-tout Elon Musk dévoilait un nouveau concept révolutionnaire : un train futuriste capable de rouler à près de 1 200 km/h. Ce qui mettrait Nice à une quarantaine de minutes de Paris ! L'idée est simple : faire circuler des capsules dans un tube dans lequel on a réduit la pression pour éviter les frottements. Ces navettes seraient maintenues en suspension par de simples aimants, ce qui permettrait d'atteindre une vitesse maximale pour une dépense d'énergie minimale.

    Un concurrent sérieux de l'avion

    Quatre ans plus tard, le rêve du créateur de 45 ans, déjà à la tête du constructeur de voitures électriques Tesla et de SpaceX, entreprise rivale des fusées Ariane, est en passe de devenir réalité. A la demande d'Elon Musk, trois entreprises concurrentes planchent sur le projet, deux américaines – Hyperloop Transportation Technologies (HTT) et Hyperloop One – et une canadienne – Transpod –, ainsi qu'une vingtaine de laboratoires universitaires dans le monde. Et depuis quelques mois, les annonces s'accumulent. Hyperloop

    One a ainsi finalisé la construction, début avril, d'une piste d'essai baptisée DevLoop, près de Las Vegas (Nevada). Ce tube, de 500 mètres de long et de 3,3 mètres de diamètre, permettra de tester la structure et le système de propulsion. Un premier essai avait déjà été réalisé sur place, en mai 2016 : la nacelle, alors arrêtée en bout de piste par du sable, était passée de 0 à 187 km/h en à peine plus d'une seconde ! De sérieux moyens financiers sont engagés : en mai 2016, Hyperloop One a annoncé avoir bouclé une levée de fonds de plus de 70 millions d'euros à laquelle dix entreprises, dont la SNCF, ont participé. Si tout se déroule comme prévu, une première liaison pourrait être mise en service en 2020 ou en 2021 pour le transport de marchandises, puis, ultérieurement, de passagers. Hyperloop One a d'ailleurs dévoilé onze lignes potentielles qui seraient les premières desservies aux Etats-Unis : New York ne serait plus qu'à vingt-trois minutes de Washington, Dallas à moins de vingt minutes d'Austin et Los Angeles à douze minutes de San Diego. Mieux qu'un avion ! De son côté, HTT, l'entreprise américaine concurrente, ne se laisse pas distancer. « Nous avons fni de tester nos composants et notre équipe d'ingénieurs a résolu les problèmes techniques liés à la lévitation, à la sécurité et à la consommation d'énergie », confie Dirk Ahlborn, PDG de la société. Pour attaquer l'étape suivante, l'assemblage, HTT prévoit de construire deux tronçons de tests : l'un sur huit kilomètres à Quay Valley (Californie) d'ici trois ans ; l'autre, d'un kilomètre de long, qui sera bâti à Toulouse, autour d'un centre de recherche et développement (lire l'encadré ci-dessus). La firme a d'autres projets en cours, notamment en Indonésie, en République tchèque, en Slovaquie, en Californie... Elle table sur une première mise en service entre Dubaï et Abu Dhabi, aux Emirats arabes unis, au début des années 2020. Un kilomètre de tronçon coûterait entre 20 et 40 millions de dollars.

    Paris-Amsterdam en trente minutes

    Le canadien Transpod avance lui aussi. « Nous avons levé 15 millions de dollars auprès d'investisseurs italiens. Maintenant, nous allons travailler sur la simulation industrielle puis sur le prototype courant 2019. A ce rythme, nous espérons avoir une première ligne d'Hyperloop opérationnelle vers 2025 », prédit le PDG, le Français Sébastien Gendron. S'il a laissé les trois sociétés concurrentes progresser d'un oeil bienveillant, Elon Musk ne s'est pas retiré du projet. L'entrepreneur a organisé un concours international destiné aux universités. Les lauréats, des étudiants de Delft (Pays-Bas), ont créé leur entreprise, Hardt Global Mobility, afn de poursuivre le travail amorcé pour la compétition. Avec succès ! Le 1er juin, ils ont dévoilé la première installation test de l'Hyperloop en Europe, un tube de 30 mètres de long construit sur le campus hollandais, avec l'appui du gouvernement. Ils annoncent un Paris-Amsterdam en trente minutes dès 2021 ! L'université Carnegie-Mellon à Pittsburgh (Pennsylvanie) s'est de son côté engagée dans la deuxième édition du concours, qui se terminera en août. « Nous avons conçu deux modèles différents, dont le design est en train d'être affné », précise la chercheuse Melissa Powel, qui participe à l'aventure. La capsule a été amincie, pour la rendre plus aérodynamique, et le matériau, choisi (la fbre de carbone, pour une question de légèreté). Qui remportera cette course à la construction du tant attendu Hyperloop ? Suspense, mais le sprint est bel et bien lancé !