Le Pontet : "À chaque coup il disait : 'T'as mal ? Moi je sens rien !'"

Photo d'illustration

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Le Pontet

Un homme dont l'épouse a dénoncé 20 ans de violences conjugales a été condamné à 3 ans de prison ferme après un nouveau passage à tabac

Tremblante et en pleurs face aux juges du tribunal correctionnel d'Avignon, Nathalie, terrorisée, le corps tuméfié par les coups, évoque 20 ans de calvaire conjugal. "Cette fois, il est allé trop loin, il devient de plus en plus violent", murmure-t-elle. C'est à l'occasion d'un accident de la circulation qu'elle s'est confiée aux gendarmes du Pontet, en évoquant une nouvelle scène émaillée de menaces de mort, qui a eu lieu le 3 juillet. Littéralement accrochée à la barre, elle se souvient : "À chaque coup il disait : « T'as mal ? Moi je sens rien ! »"

Son mari, Christophe, âgé de 45 ans, un maçon en arrêt de travail à l'imposante corpulence, écoute en fronçant les sourcils. "C'est toujours moi qui ai tort", poursuit l'épouse, qui se pose en protectrice de leur fille lourdement handicapée. Une enfant que son mari aurait, au cours de la dernière scène, menacée d'envoyer à la DDASS... C'est parce qu'elle aurait contracté des crédits pour rembourser des dettes que les coups seraient devenus plus violents. Et quand il ne pouvait plus porter des coups de poing et de pieds, c'était "des coups de bâton, de ceinture ou de cravache", se plaint Nathalie, qui évoque aussi des sévices de nature sexuelle et une tentative de noyade...

Christophe admet avoir giflé et frappé sa compagne, parle de "5 ou 6 fois en 15 ans". "C'est surtout quand j'étais en colère", précise cet homme qui boit "du pastis tous les jours et parfois des bières", et se positionne en enfant de la DDASS victime d'un père maltraitant. Hospitalisé d'office pendant une semaine, il est désormais en demande de soins, "pour calmer ma nervosité et ma violence", car il a "compris à l'hôpital la souffrance des femmes battues, car elles voulaient se suicider".

"Cette brute avinée et violente n'a rien compris", dénonce l'avocat de la partie civile, avant que le représentant du ministère public fustige le comportement du prévenu, "à deux doigts de tuer sa compagne et qui attend qu'elle se suicide" : "Vous êtes un homme dangereux", lance le procureur, qui réclame une peine de quatre ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve pendant 18 mois, avec une obligation de soins, d'indemniser la partie civile.

En défense, Me Rogue, "dans une mission délicate", demande au tribunal de prendre en compte la pathologie de son client, "un homme impulsif débordé par ses angoisses" et qui n'a pas bénéficié jusqu'à présent d'une prise en charge psychiatrique.

Après délibéré, le tribunal le condamne à 4 ans de prison, dont un an avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans, avec interdiction de contacter la victime, à qui il est alloué 5 000 € au titre des dommages et intérêts. L'homme a immédiatement rejoint la maison d'arrêt.