LE SEXE SELON MAÏA
A en croire les oiseaux de mauvais augure, nous serions toutes et tous devenus des obsédés sexuels, errant dans une société sur-sexuée, condamnés à ne penser qu’à « ça ». Très bien. Mais pendant que nous rejouons le mur des lamentations, les relations platoniques non seulement subsistent, mais prolifèrent, sous des formes anciennes et modernes.
La première population concernée est évidemment celle des asexuels : dans cette catégorie, qui rassemblerait tout de même 1 % des Français, on ne ressent jamais de désir envers quiconque. Ce qui ne signifie pas qu’on n’ait pas envie de belles histoires d’amour (dans le cas contraire, on serait aromantique), ou qu’on ne connaisse aucune libido (les asexuels ont droit à la masturbation comme tout le monde). Les asexuels ont leurs sites de rencontre, leurs relations, leurs trajectoires… mais platoniques. C’est donc non seulement possible, mais plus acceptable que par le passé.
Viennent ensuite les couples non-asexuels ayant glissé sur la peau de banane du long-terme. Il existe des mariages sans sexe, parmi lesquels on peut inclure les mariages « presque » sans sexe : les chiffres varient selon les études, mais tournent autour de 15 % à 20 % d’unions concernées. Cette situation est rarement volontaire. On évoque l’ennui, la lassitude, la mauvaise entente, les dysfonctions éventuellement liées à l’âge, la maladie, les médicaments… Ou le report de l’intérêt pour le sexe sur des partenaires extraconjugaux.
Platonisme sur la durée ou pour un temps
D’autres choisissent de jeter l’éponge pour des raisons personnelles, pragmatiques, religieuses. Parce que ça ne les intéresse pas, ou plus, ou pas pour le moment. La plupart des groupes passeront par des étapes platoniques autour des périodes de grossesse, et s’en remettront (pire encore, ils se reproduiront !). Sans même parler des moments de séparation, plus ou moins prolongés, ponctués de rapports intermédiaires mi-virtuels mi-réels, allant du sexto érotique à l’amour via webcam.
A cela, nous devons également ajouter les amours logistiquement irréalisables. Selon une récente étude Zava sur les « parcours sexuels » 62 % des sondés ont connu leurs premiers émois en fantasmant sur un acteur ou une actrice, tandis que 9 % ont fondu pour un personnage de dessin animé. Ce dont on pourrait déduire que sauf énorme coup de chance lors du Festival de Cannes, nous commençons quasiment tous notre vie érotique via des relations platoniques – chanteurs, athlètes, profs, héros de romans, mannequins.
Il vous reste 61.73% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.