«Un héritage mystérieux»
Son ancienne maîtresse, ici baptisée sa «chère amie», affirme avoir reçu de ses mains des documents confidentiels prouvant que Juan Carlos touchait de très importantes commissions sur des marchés d’Etat; elle parle notamment de 80 millions d’euros pour la construction d’un train rapide en Arabie saoudite. D’une manière générale, Corinna zu Sayn-Wittgenstein aurait été utilisée par l’ancien monarque pour occulter de l’argent détourné, tout comme son considérable patrimoine déposé sur des comptes suisses. Selon le journal El Español, une bonne partie de ce «considérable patrimoine proviendrait d’un héritage mystérieux et jamais confessé», reçu de son père, Juan de Borbon. De même source, Juan Carlos aurait profité de l’amnistie fiscale décrétée en 2012 par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy pour rapatrier, et au passage blanchir, une bonne partie de ce capital.
Il est sidérant d’assister au silence pathétique des institutions espagnoles face à une affaire qui illustre la corruption endémique de notre système
Jesus Maraña, directeur du journal en ligne Infolibre
Pour l’heure, les magistrats du Tribunal suprême étudient la possibilité de prendre en compte ces gravissimes accusations pour mettre en examen le roi émérite. Etant donné que ces juges ont été nommés par les deux principales formations (Parti Populaire et Parti socialiste) – grands défenseurs de la monarchie –, il est peu vraisemblable que cela survienne. Mais, d’ores et déjà, le mal est fait. En termes d’image. Avec ses 67 députés, le parti Podemos vient d’exiger une commission d’enquête sur cette vénéneuse question.
«En démocratie, l’impunité ne peut régner. Personne ne peut être au-dessus des lois, quel que soit son nom», a dénoncé le député de Podemos Rafael Mayoral. «Il est sidérant d’assister au silence pathétique des institutions espagnoles face à une affaire qui illustre la corruption endémique de notre système», dénonce Jesus Maraña, directeur du journal en ligne Infolibre, qui se fait abondamment l’écho du scandale. Si cette affaire prend de l’ampleur, c’est une catastrophe pour la monarchie qui, depuis 2010, est l’objet de l’opprobre populaire en raison d’un détournement de fonds publics dont les responsables seraient l’infante Cristina, résidente à Genève, et son mari Urdangarin, récemment condamné à 6 ans de prison.