“Peut-être que les dieux eux-mêmes étaient en colère. Ou peut-être ne voulaient-ils pas que cette extraordinaire Coupe du monde s’arrête.” Comme le souligne The Daily Telegraph, ce Mondial s’est fini sous un déluge, à la fois de pluie et de buts. Mais surtout sur une victoire des Bleus, venus à bout de la Croatie 4-2. “La France est championne du monde, et elle le mérite amplement car elle a aligné la meilleure et la plus réaliste des équipes de ce qui a sans doute été la plus belle des Coupes du monde de l’histoire”, assure le quotidien britannique.

“La plus excitante des finales récentes s’est déroulée avec une bande-son de tonnerre”, poursuit la BBC, qui résume la partie :

La Croatie et la France ont produit un spectacle fascinant, avec le plus grand nombre de buts marqués en finale depuis 1966, un envahissement du terrain [revendiqué par les Pussy Riot] et une intervention controversée de l’arbitre assistant vidéo, qui a eu un impact déterminant sur le résultat final.”

Selon la Süddeutsche Zeitung, de l’autre côté du Rhin, “cette finale mouvementée était un concentré de cette Coupe du monde : un but contre son camp, de l’arbitrage vidéo et un jeu haché.” Mais, bien plus que ce match, c’est avant tout le vainqueur qui reflète le football actuel, pointe le quotidien allemand : “Seul le meilleur collectif pouvait remporter cette Coupe du monde, où l’individu isolé ne servait à rien. Ce concept avait été quelque peu oublié dans l’hystérie qui entoure le football moderne, avec ses Messi, Ronaldo et Neymar. Une Coupe du monde est une aventure comprenant sept étapes : le devoir passe avant le freestyle, la sécurité avant le spectacle. C’est la leçon que nous a donnée coach Deschamps, maître de l’état d’esprit français.”

La performance française fait le tour du monde ce dimanche 15 juillet, jusqu’à Buenos Aires Clarín reconnaît “le triomphe du collectif sur les étoiles”. Malgré Lionel Messi, l’Argentine a réalisé un piètre tournoi et le quotidien constate là “une tendance née dans les grands championnats européens et qui est désormais couronnée en Russie : les génies ne suffisent plus.”

Comme un air de 98

Pour la presse étrangère, cette victoire française est avant tout celle d’un état d’esprit. “La France championne du monde et du pragmatisme”, titre ainsi El Mundo en Espagne. Selon le quotidien de Madrid, “cette compétitivité, avec laquelle l’esthétique passe au second plan, définit parfaitement la recette du succès de ce Mondial, le tournoi des coups de pied arrêtés et de l’arbitrage vidéo”. Le journal espagnol y retrouve des airs de France 98, une équipe “dirigée par le même homme, à l’époque sur le terrain, désormais sur le banc”.

L’hommage rendu à Didier Deschamps est unanime à l’étranger, The Wall Street Journal reconnaissant que l’entraîneur des Bleus a réussi à unir “une équipe avec tellement de talents que même en atteignant la finale de la compétition, elle a été critiquée pour ne pas jouer avec son plein potentiel”. Et le quotidien américain d’ajouter : “Aucune équipe n’est venue à cette Coupe du monde avec un tel bouillonnement de génie.”

Mais les médias étrangers n’oublient pas le finaliste malheureux, la Croatie, qui s’est battue malgré la fatigue évidente de ses joueurs après trois matchs remportés après prolongations. Ainsi, El Mundo estime que “Moscou a certes un vainqueur, mais cette finale ne méritait pas d’avoir un perdant”. Le quotidien espagnol juge que “la Croatie mérite une ovation similaire à ce qui attend la France sur les Champs Élysées, l’avenue qui résume l’ambition de tous les empereurs”.

Pour La Nación, en Argentine, “la Croatie ne pouvait pas croire ce qui lui arrivait lors de cette finale : elle était meilleure, mais elle a perdu.” Aussi élogieuse, la BBC assure que “la Croatie rentre chez elle en tant que vaincue, mais son approche du match a gagné le cœur du public neutre”.

Même sentence du côté d’El País :

La France a vaincu, mais c’est la seule chose qu’elle a faite dans la grande finale. La gloire revient à la Croatie, qui a fait tout le contraire de son rival : jouer jusqu’à finir crevée, battue par l’infortune arbitrale et deux éclairs de Mbappé.”

Mais comme le met en avant La Vanguardia, “la France a gagné cette deuxième étoile avec autorité et justice”. Le quotidien de Barcelone souligne le travail effectué par la Fédération française depuis des années pour aboutir à ce résultat : “Les choses se font bien à Clairefontaine depuis des années, et la jeunesse de ce nouveau champion du monde laisse présager une domination qui pourrait se prolonger quelque temps.” Ainsi, The Independent écrit qu’en battant “cette courageuse équipe de Croatie, la France est devenue immortelle dans le monde du football”.

En Italie, le Corriere della Serra s’incline aussi devant cette victoire française, qui va bien au-delà d’un match de football : “Après avoir reconnu et célébré pendant des années les modèles espagnol et allemand, il est temps de dire que l’avant-garde du football mondial se situe en France. Et cela devrait sans doute durer bien longtemps, étant donné l’âge moyen de cette équipe de France, le niveau qu’elle a montré en Russie mais aussi ceux que le coach Deschamps a laissés à la maison pour cette compétition.”