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Les Chinois auraient construit un « radar quantique »

Publié le 14 Juil 2018 à 14H00 Modifié le 30 décembre 2022
Radar et quantique
Selon l'agence de presse officielle chinoise, le pays aurait développé le premier radar quantique prêt à l'emploi. Une annonce qui, si elle se vérifie, signe l'arrivée d'une technologie disruptive.

C’est une figure qui manquait dans la grande famille des technologies quantiques. La voilà réalisée, du moins selon l’agence de presse gouvernementale chinoise China News Service – sans que cela n’ait été confirmé par des experts indépendants.

Si le fait est avérée, le radar développé par la China Electronics Technology Group Corporation (CETC), un organisme lié au complexe militaire chinois, serait le premier du genre, devant les projets de radar quantique d’autres pays (États-Unis, Canada, etc.). Une réussite technologique et militaire.

Et pour cause : grâce aux étranges lois quantiques, un tel radar rendrait caduc les technologies de camouflage utilisées par les avions espions et autres missiles indétectables.

L’intrication, toujours au cœur de la technologie quantique

Comme l’on peut s’en douter, le principe du radar quantique s’appuie sur le phénomène d’intrication, à la base de toutes les technologies quantiques utilisées pour la cryptographie ou le calcul (ordinateur quantique) : la capacité des particules à se lier les unes aux autres, et ainsi réagir à l’unisson (instantanéité) quelle que soit la distance les séparant.

Dans le cas du radar, il s’agit de créer des paires de particules de lumière (photons) intriqués : pour chaque paire, l’un des photons est envoyé dans le flux radar vers l’extérieur et l’autre gardé dans le radar.

Comme avec un radar classique, si un obstacle (objet) se trouve sur le trajet du flux, certains photons rebondiront sur lui et reviendront vers l’émetteur, qui les détecte : les calcul du temps mis entre l’émission et la réception informe de la présence de l’obstacle, qui apparaît alors à l’écran.

Vitesse, direction… et nature physique de l’objet détecté

Cela reste vrai pour le radar quantique, sauf que les photons revenus vers la source sont comparés, par interférométrie, à leur conjoint qui y ont été gardés : l’on peut alors déduire la vitesse de l’objet détecté, sa direction de déplacement, voire sa nature physique – permettant par exemple de distinguer un missile à tête nucléaire d’un ballon ou d’un leurre.

Mieux : toute tentative d’altération ou duplication des photons émis – par technologie de camouflage – sera immédiatement détectée car la manipulation d’un photon émis casse son intrication avec jumeau gardé dans le radar.

Encore mieux : avec l’utilisation de paires intriquées, on élimine l’effet des signaux parasites dans les radars classiques, signaux qui peuvent être interprétés comme la présence d’un objet ou, au contraire, qui rendent invisibles des objets réels.

En attente de confirmation

En effet, ce ne sont plus les propriétés physiques classiques des photons, comme la longueur d’onde, qui sont mesurées mais leur état d’intrication avec les photons restés sur place : aucun photon provenant d’une autre source que celle du radar n’est alors pris en compte puisqu’il ne présente pas d’intrication avec la source.

Néanmoins, signalent les experts indépendants, l’annonce chinoise – si elle est confirmée – ne rend pas compte des difficultés encore à surmonter pour passer du laboratoire à une exploitation réelle et efficace.

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