Quand le rush sur les minerais sous-marins menace la biodiversité

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Quand le rush sur les minerais sous-marins menace la biodiversité

En mai 2018, 29 contrats d’exploration minière des grands fonds étaient déjà en vigueur.
En mai 2018, 29 contrats d’exploration minière des grands fonds étaient déjà en vigueur.
© AFP - VHB / Science Photo Library

Les technologies ou les véhicules propres sont voraces en métaux rares. Et le développement éclair de ces secteurs pousse les entreprises minières à les chercher où qu'ils se trouvent. Mais faute de code de conduite, l'environnement pourrait en pâtir. En particulier les fonds marins, riches en minerais.

Lithium, cobalt, terres rares, graphite, nickel... Tous ces éléments entrent dans la composition des batteries rechargeables. Prenez le cobalt, par exemple. Ses besoins augmenteraient de 1 928 % dans un monde 100 % véhicule électrique, estime UBS dans une étude. La consommation annuelle mondiale atteignant 62 000 tonnes aujourd’hui, et sachant que les réserves connues ne dépassent pas 7 millions de tonnes, on devrait en avoir pour une centaine d’années.

Pour le lithium, le carburant du futur pour les analystes, Deutsche Bank estime la demande mondiale à "534 000 tonnes d’ici à 2025, les batteries [représentant] 70% de ce chiffre". Il faudrait multiplier la production par 12 pour parvenir à en extraire suffisamment.

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Autant dire que les métaux de base sont et seront particulièrement prisés. Et cela se ressent dans les prix : en 2010, le Cobalt s’échangeait à 4 000 dollars la tonne. Depuis 2016, on flirte avec les 14 000 dollars. Une somme pour laquelle les entreprises minières sont prêtes à chercher loin, dans des lieux difficilement accessibles. Les fonds marins par exemple – au-dessous de 200 mètres, ce qui représente 65 % de la surface du globe.

Dommages potentiellement irrévocables

L’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) demande que ce nouveau terrain de conquête soit régulé dans les plus brefs délais. Dans son rapport intitulé Deep Seabed Mining: a Rising Environmental Challenge, l’ONG alerte sur les risques liés à une exploitation sauvage des océans : dommages irrévocables sur les écosystèmes marins et disparition d’espèces rares.

Pour l’IUCN, c’est un véritable code minier qu’il faut établir. C’est le message qu’elle adresse à l’ Autorité internationale des fonds marins, l’organisme intergouvernemental chargé d’organiser et de contrôler toutes les activités relatives aux ressources minérales des fonds marins, à l’occasion de sa réunion annuelle à Kingston, en Jamaïque.

Car en mai 2018, 29 contrats d’exploration des grands fonds étaient déjà en vigueur. Des contrats d’exploration pour la plupart, comme au Japon en 2017, mais pas seulement : l’exploitation commerciale est prévue à l’horizon 2025 en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Et en attendant, pas une recommandation en matières de bonnes pratiques, aucune démarche responsable mise en avant.

Kristina Gjerde, de l’IUCN, en appelle à la responsabilité de tous :

Avec des règlements commerciaux en cours d’écriture pour les activités minières sous-marines, nous avons une opportunité unique de nous assurer que l’impact potentiel de ces activités est identifié, compris et discuté publiquement

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