5G : la feuille de route du gouvernement

Réseaux : Quatre chantiers "d'envergure" sont lancés. "Etre en retard sur la 5G n’est pas une option", avertit Sébastien Soriano, patron de l'Arcep.

Par Olivier Chicheportiche

  • 4 min

res_5G-article-140×105

Alors que la 5G est désormais au centre de la stratégie des opérateurs télécoms, alors que les premiers pilotes ont été lancés dans neuf villes françaises à travers des fréquences provisoires, le gouvernement et le régulateur précisent leur feuille de route pour cette évolution majeure.

Une bonne nouvelle pour les acteurs en présence qui commençaient à s’inquiéter du manque de visibilité en la matière, notamment du côté de l’attribution des fréquences. « La 5G est en devenir car les fréquences réelles ne seront pas attribuées avant la fin de l’année prochaine à travers des enchères. On en connaît d’ailleurs toujours pas les modalités. Idem pour les terminaux qui arriveront fin 2019. On peut tabler sur un lancement commercial en 2020 et on estime que 40% de nos clients seront équipés en 2025 », expliquait il y a peu Olivier Roussat, patron de Bouygues Telecom.

« Pour préparer dès à présent la France aux innovations de demain, l’Etat se dote aujourd’hui d’une feuille de route pour faciliter le développement et le déploiement de la 5G, incluant le programme de travail de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep). Cette priorité est en cohérence avec les actions lancées au niveau européen afin de répondre aux besoins croissants de connectivité et d’accroître la compétitivité des pays de l’Union européenne. », souligne le régulateur.

« Avec cette feuille de route, nous fixons des objectifs ambitieux : dès 2020, les fréquences seront attribuées et les déploiements commerciaux devront concerner au moins une grande ville. En 2025, les axes de transports principaux seront couverts en 5G. Nous voulons faire de la France une terre d’accueil de premiers projets de déploiements mondiaux, de plateformes d’innovation permettant aux start-ups de tester leurs projets, en partenariat avec les grands groupes du numérique implantés en France », déclarent Delphine Gény-Stephann, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances et Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé du Numérique.

« Etre en retard sur la 5G n’est pas une option. Le secteur des télécoms est désormais en ordre de marche, stimulé par la régulation pro-investissement de l’Arcep. Le secteur peut et doit conduire de front un déploiement ambitieux de la 5G et le rattrapage de la 4G », ajoute Sébastien Soriano, patron de l’Arcep.

La feuille de route englobe donc trois objectifs :

– lancer plusieurs pilotes 5G sur une variété de territoires et d’accueillir des premières mondiales d’application de la 5G dans les domaines industriels, une opération en cours chez Bouygues Telecom, Orange et SFR.

– attribuer de nouvelles fréquences 5G et d’avoir un déploiement commercial dans au moins une grande ville dès 2020 ;

– couvrir les principaux axes de transport en 5G d’ici 2025

Et repose sur 4 chantiers prioritaires:

– libérer et attribuer les fréquences radioélectriques pour les réseaux 5G :

Le premier volet consiste à assurer la disponibilité de ces nouvelles bandes de fréquences, qui sont aujourd’hui utilisées pour d’autres usages. Il vise notamment à définir des modalités de partage et de réaménagement de ces bandes cibles ainsi que des conditions techniques d’usage des bandes permettant d’éviter les brouillages avec les usages existants (THD radio, radars, etc.). Le deuxième volet consiste à attribuer les fréquences libérées, en vue de premières attributions d’ici à la fin 2020. Il s’agit notamment de définir les mécanismes d’attribution, la taille des lots, les plafonds de quantité de fréquences attribuables par acteur, et les éventuelles obligations associées aux autorisations.

Une consultation publique sera lancée par l’Arcep sur ces sujets en octobre 2018. La procédure d’attribution sera lancée in fine par le Gouvernement sur proposition de l’Arcep, qui la conduira et attribuera les fréquences.

– favoriser le développement de nouveaux usages :

La 5G se caractérise évidemment par des débits montants et descendants encore plus élevés supérieurs à 10 gigabit par seconde théoriques mais surtout par plus de capacités et une latence très basse en deçà de la milliseconde contre 25 à 40 ms en 4G. Ce qui constitue un atout majeur pour les millions d’objets connectés actuellement déployés. La 5G a donc bien vocation à épauler l’essor de l’Internet des objets et indirectement de l’industrie et des entreprises en général.

« La stratégie nationale vise à soutenir le développement de ces nouveaux usages dans les secteurs identifiés comme prioritaires. Une attention particulière sera portée à l’émergence de pilotes, dans lesquels seront testés les nouveaux usages potentiels de la 5G : contrôle du trafic routier, optimisation énergétique. Ces expérimentations ont vocation à associer l’ensemble des acteurs concernés : autorités locales, opérateurs, équipementiers, acteurs verticaux, utilisateurs tests, startups innovantes. Afin de faciliter la constitution de consortiums pour la réalisation des pilotes, le gouvernement entend s’appuyer sur le Conseil national de l’industrie », explique l’Arcep.

– accompagner le déploiement des infrastructures de la 5G :

Le gouvernement et l’Arcep prévoient notamment d’établir des guides de bonnes pratiques pour faciliter et accélérer le déploiement de ces futurs réseaux (par exemple, concernant les conditions d’accès des opérateurs au mobilier urbain). L’Arcep évaluera par ailleurs la faisabilité et l’opportunité du partage de réseaux s’agissant des « small cells » en fonction notamment des contraintes de déploiement.

Enfin, les changements technologiques de la 5G, combinés aux menaces cybersécuritaires qui se posent avec acuité, amèneront à rechercher des exigences élevées de niveau de sécurité.

– assurer la transparence et le dialogue sur les déploiements de la 5G et l’exposition du public.

/ Powercenter

5 dossiers IT à découvrir chaque mois

Comment les opérateurs télécoms accompagnent les entreprises dans leurs moments de vie ?
Cloud de confiance, sous le vernis, quelle réalité ?
La profonde numérisation de l'économie a pour corollaire la dématérialisation de l'informatique. Mais la montée en puissance du cloud computing provoque de plus en plus d'inquiétude quant à la nécéssaire maîtrise des entreprises sur leurs données.Jamais donc les questions de la confiance et de la souveraineté numérique n'ont été aussi cruciales pour les professionnels qu’en ce moment. Le point sur les enjeux, et les solutions.
Découvrir tous les dossiers
Connexion

Vous n’avez pas encore de compte ?

    AUTOUR DE ZDNET
    SERVICES
    À PROPOS