“Contrairement aux JO de 2014, à Sotchi, au cours desquels les Pussy Riot ont aussi manifesté, la Coupe du monde n’a guère donné lieu à des critiques ou à des réflexions parmi les politiques ou les médias occidentaux”, constate The New Yorker. L’irruption sur la pelouse de quatre activistes en pleine finale France-Croatie n’en est que plus notable pour le prestigieux magazine américain.

Survenue à la 52e minute de la rencontre, l’action a été revendiquée par les Pussy Riot. Des membres de ce groupe contestataire, que l’on qualifie communément de “féministe punk”, s’étaient rendus célèbres en 2012 en entonnant un retentissant “Vierge Marie délivre-nous de Poutine” devant l’autel de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou.

Une filiation poétique

Dans ses déclarations diffusées dimanche 15 juillet sur les réseaux sociaux, le groupe affirme s’être inspiré pour son action à la Coupe du monde d’un personnage de “policier céleste” imaginé par le poète et artiste russe Dmitri Prigov, mort il y a tout juste onze ans. Par opposition à cette figure du “policier idéal, de l’autorité suprême, juste”, les Pussy Riot ont voulu mettre en lumière celle, bien réelle selon les activistes, du “policier terrestre” russe. Ainsi qu’on peut le lire, en anglais, sur le compte Twitter du groupe :

Le policier céleste protégera un bébé dans son sommeil, tandis que le policier terrestre persécute les prisonniers politiques et emprisonne des gens pour avoir partagé et liké des posts sur les réseaux sociaux.”

“La Coupe du monde nous a rappelé la possibilité d’un policier céleste dans la magnifique Russie de l’avenir, poursuit le communiqué, mais le policier terrestre, qui intervient dans le jeu tous les jours et ne respecte aucune règle, détruit notre monde.”

Une “image de l’arbitraire”

Comme le souligne Masha Gessen, la journaliste russo-américaine qui signe l’article du New Yorker, les membres des Pussy Riot sont ainsi devenus “les seules personnes à prendre nettement position en ce qui concerne le régime russe pendant la Coupe du monde”.

Avant de conclure :

Ils ont aussi créé, sur l’une des plus grandes scènes du monde, une image de l’arbitraire, celui-là même que 150 millions de Russes subissent au quotidien.”