Depuis novembre 2016, les habitants de Port Harcourt au Nigeria se réveillent presque tous les jours avec sous les yeux, “​un horizon bouché par un nuage de pollution, qui masque souvent le soleil et laisse sur les voitures, les immeubles et les rues un dépôt de poussière noire poisseuse”, décrit l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian.

Cette vision apocalyptique est directement liée à l’activité industrielle de la ville côtière, située dans le delta du Niger. “Depuis des dizaines d’années, cette ville peuplée se trouve être l’épicentre de la florissante industrie pétrolière nigériane. Cernée de raffineries, dont certaines sont clandestines, Port Harcourt vit au rythme des cheminées qui crachent une épaisse fumée noire et font partie du paysage”, précise encore le magazine.

“Mais ces dernières années, comme le gouvernement du Nigeria s’est attaqué aux raffineries illégales, la plupart d’entre elles ont été détruites et incendiées, ce qui a libéré encore plus de cendres et de fumée dans l’atmosphère. Et selon de nombreux militants et universitaires, cela expliquerait la présence de cette perpétuelle couche de particules fines en suspension au-dessus de la ville.”

Problèmes respiratoires

Au-delà des retombées environnementales de ce nuage de suie, c’est la santé des habitants de Port Harcourt qui est directement menacée. Briggs Bieye est médecin dans cette ville et il témoigne de son combat auprès du Mail & Guardian. Peu après l’arrivée de la brume en 2016, Bieye a observé une augmentation du nombre de patients souffrant de problèmes respiratoires, et il a fait le lien avec la pollution.

Composées de particules d’acide calciné, de produits chimiques, de métaux, de terre et de poussière, ces particules de suie ont la particularité d’être extrêmement petites : un trentième du diamètre d’un cheveu, “ce qui leur permet d’entrer facilement dans les poumons et encore plus profondément quand les gens se retrouvent au cœur du nuage de pollution” explique le journal sud-africain.

Risques importants pour les enfants

D’autres médecins locaux ont fait le même constat, notamment chez les jeunes enfants, craignant ainsi une explosion du nombre de cancers et de malformations congénitales.

Bien que le gouvernement ait qualifié la pollution de “situation d’urgence” en 2016, “de nombreux militants disent que rien n’a vraiment été fait concrètement” rapporte l’hebdomadaire. C’est pourquoi les médecins locaux ont pris les choses en main, organisant des manifestations et des campagnes de sensibilisation dans les écoles pour apprendre aux enfants à se protéger contre la suie.

Mail & Guardian rappelle que la pollution de l’environnement extérieur a tué plus de 4,2 millions de personnes dans le monde en 2016, selon les chiffres de l’OMS. “Environ 90 % de ces décès sont survenus dans des pays à revenus faibles ou moyens comme le Nigeria”, où 94 % de la population est exposée à des niveaux de particules fines qui dépassent les recommandations de l’OMS.