Publicité

Dans un collège, des heures de jardinage pour lutter contre le décrochage scolaire

Dans cette ferme, les élèves font des travaux qui peuvent s'apparenter à des travaux «d'intérêt généraux» Veni Verdi

FIGARO DEMAIN - Au collège Pierre Mendès France, non loin du périphérique parisien, certains élèves écopent de travaux au jardin, qui remplacent des heures de colle ou l‘exclusion. Gérée par une association et entretenue par les élèves, la ferme urbaine de l'établissement est un outil pédagogique.

Les heures de colle sont remplacées par des travaux de jardinage pour remettre les élèves dans le droit chemin… Le collège Pierre Mendès France, dans le 20e arrondissement, non loin du périphérique, expérimente cette solution. Les 4500 m2 d'espaces verts du collège ont été convertis en exploitation agricole. Cette ferme urbaine, l'une des plus grandes de la capitale avec un potager, deux cents arbres fruitiers plantés en partie par des élèves et un poulailler est entretenue par l'association Veni Verdi, aidée par des élèves… pas toujours de leur plein gré!

» À écouter dans l'Esprit d'initiative sur France Inter

Le collège REP, (Réseau d'éducation prioritaire), qui accueille des enfants en difficultés, sociales et scolaires notamment, et l'association ont mis en place des «mesures de responsabilisation» dans la ferme, autrement dit: des corvées de jardin. Ces heures de jardinage, réalisées en dehors du temps scolaire, sont adaptées aux profils des élèves, indique Simon Ronceray, salarié de l'association. «S'ils ont besoin de se défouler, nous leur faisons déplacer de la terre par exemple», précise l'ingénieur agronome. «Ce temps consacré par les élèves au jardin se fait au bénéfice du collège, en échange de ce qui a été pris», indique Nathalie Couégnas, principale adjointe du collège qui compare les sanctions à des travaux d'intérêt généraux. «Seuls les plus grands sont concernés et cette solution n'est pas toujours retenue», précise la responsable.

Le dispositif porte ses fruits. En place depuis deux et demi, il «permet réellement de limiter le décrochage scolaire. Au total, une trentaine d'élèves a pu être rattrapée», estime Nathalie Couégnas. «L'exclusion n'est pas une solution. C'est toujours mieux d'avoir un dispositif qui permet en plus un temps éducatif», indique la responsable qui constate un changement du rapport au travail manuel grâce au jardinage. «L'idée est aussi de montrer aux élèves qu'ils peuvent réaliser des choses de leurs mains et se rendre intéressants autrement que dans la provocation. Et puis certains reviennent …par plaisir», se réjouit Simon Ronceray.

Une ferme qui fait naître des vocations

La ferme est aussi un outil pédagogique. Elle permet de redonner le plaisir d'apprendre à des élèves en difficultés, constate le personnel éducatif. Plusieurs disciplines, comme les Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), intègrent les jardins pour renouveler leur enseignement. D'autres matières, comme l'histoire géo ou l'art plastique se servent aussi de cette ferme pour éduquer autrement.

» Et si l'Éducation Nationale était réformée par des professeurs?

Des élèves y ont découvert et pris goût à l'entretien des espaces verts. Un petit groupe d'une quarantaine d'enfants (sur les 700 que compte l'établissement) se porte volontaire plusieurs fois par semaine pour entretenir les jardins et s'occuper des poules, en dehors des temps scolaires. Cette ferme a même fait naître des vocations: certains ont choisi des orientations de paysagiste ou maraîcher.

Le petit miracle a aussi opéré sur le collège. L'établissement attire également des sociétés qui organisent des sessions jardinage à la ferme, pour renforcer l'esprit d'équipe et d'entreprise. Une situation où les rôles sont inversés: ce sont les élèves eux-mêmes qui enseignent aux salariés apprentis comment entretenir le potager et soigner les poules. «Quand les élèves montrent à ces salariés comment s'y prendre, cela leur redonne confiance», constate Simon Ronceray. Un moyen de mettre en avant ces enfants de milieux sociaux parfois défavorisés.


Le Figaro



Société, santé, environnement, éducation, énergie

» Découvrez les acteurs et initiatives du changement


Dans un collège, des heures de jardinage pour lutter contre le décrochage scolaire

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
24 commentaires
  • klauwaerts

    le

    Chantiers de jeunesse et retour à la terre.

  • flanellle

    le

    tres bien ou cela va creer des vocations ou degouter les jeunes retourneront vite en classe

  • nacho33

    le

    le jardinage c'est une corvée. Encore une journaliste qui a l'habitude de mettre les mains dans le "cambouis" !!!

À lire aussi