Twitter, Thaïlande et pédophilie : le nouveau dérapage d'Elon Musk, patron de Tesla et SpaceX

Elon Musk , c'est un peu le Donald Trump de la tech. Sur Twitter, il est du genre incontrôlable. Son passe-temps favori? Critiquer les journalistes qui écrivent des articles négatifs sur ses deux bébés : Tesla, le constructeur de voitures électriques, et SpaceX, spécialisée dans le vol spatial. Mais dimanche, il a franchi une nouvelle étape, qui inquiète ses actionnaires. Le génie d'origine sud-africaine et naturalisé canadien a tout simplement qualifié de pédophile l'un des sauveteurs des 12 enfants bloqués dans une grotte en Thaïlande.

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Elon Musk voulait sauver les enfants de la grotte avec un mini sous-marin

Thaïlande, Twitter et pédophilie? Voici un petit récapitulatif des faits pour comprendre comment on en est arrivé là.

• Le 2 juillet, deux sauveteurs britanniques finissent par découvrir la cavité où les 12 jeune joueurs de foot thaïlandais et leur entraîneur, portés disparus depuis le 23 juin, ont trouvé refuge. Mais un problème se pose aussitôt : comment sortir les enfants de la grotte, alors qu'ils ne savent ni nager ni plonger, et qu'il faut environ 5 heures à un plongeur professionnel pour s'extirper de ses boyaux étroits et boueux?
• Plusieurs solutions sont envisagées. Et c'est dans ce contexte qu'Elon Musk propose son aide. Et annonce l'envoi d'un groupe d'ingénieurs de SpaceX sur place. "Nous pourrions essayer d’insérer dans les galeries de la grotte un tube d’un mètre de diamètre, ou plusieurs plus petits pour les sections les plus difficiles, et le remplir d’air comme pour un château gonflable. Cela devrait créer un tunnel d’air sous l’eau qui s’adapterait aux formes de la grotte", explique-t-il le 6 juillet.
• Le lendemain, il a une autre idée. Il annonce qu'il travaille sur l'élaboration d'une "capsule de secours".
• Sur Twitter, il diffuse le 8 juillet les tests effectués en piscine avec ce sous-marin, baptisé du nom de l'équipe de foot des jeunes thaïlandais, "Sanglier sauvage".

Simulating maneuvering through a narrow passage pic.twitter.com/2z01Ut3vxJ

— Elon Musk (@elonmusk) 9 juillet 2018

 "Je le laisse ici au cas où il peut servir à l'avenir. La Thaïlande est vraiment belle", tweete alors le médiatique patron.

• Il pousse même l'aventure jusqu'à se rendre en Thaïlande avec son mini sous-marin. "Je viens de revenir de la Grotte 3. Mini sous-marin est prêt si besoin", tweete-t-il, avant de poster une vidéo de l'intérieur de la grotte sur Instagram.

Just got back from Cave 3

Une publication partagée par Elon Musk (@elonmusk) le 9 Juil. 2018 à 2 :43 PDT

• Les autorités ne sont pas convaincues. Le gouverneur de la province et coordinateur des secours, Narongsak Osatanakorn, juge que cette solution n'est pas "pratique". Elon Musk lui rétorque alors qu'il n'est pas "expert du sujet". Première dérive.
• De toute façon en Thaïlande, les autorités ont décidé de privilégier une autre option. Prises par le temps – en raison de la montée des eaux et de la raréfaction de l'oxygène dans la cavité où se trouve le petit groupe, elles décident de lancer opération de secours le dimanche 8 juillet. Trois enfants sont sortis, suivront les autres. Le 10 juillet, avec l'aide de 13 plongeurs étrangers et de 5 commandos marine thaïlandais, les 12 enfants et leur entraîneur ont tous retrouvés la liberté.
• Sur Twitter, Elon Musk, bon joueur en apparence, félicite les secouristes.

Great news that they made it out safely. Congratulations to an outstanding rescue team!

— Elon Musk (@elonmusk) 10 juillet 2018

Une tribune parue dans le New York Times à l'origine de la colère du milliardaire 

Jusque-là rien d'anormal. Mais c'était sans compter un article d'opinion paru dans le New York Times dimanche et intitulé : "Ce qu'Elon Musk doit retenir du sauvetage en Thaïlande". L'auteure, un professeure qui étudie l'impact social de la technologie, raille la proposition et l'attitude d'Elon Musk - notamment son mépris pour le gouverneur thaïlandais - et écrit : "Si la Silicon Valley veut aider le monde, il y a beaucoup à faire, qu'elle commence par rendre ses produits plus sûrs et ses entreprises plus justes."

De quoi déclencher la colère du milliardaire sur Twitter. Il répond d'abord à cette tribune, en assurant qu'il fera une vidéo prouvant que le mini sous-marin pouvait facilement atteindre la cavité où étaient réfugiés les enfants. "No problemo", écrit-il.

Elon Musk qualifie un sauveteur de "pédo" et parie un dollar que "c'est vrai"

Puis il s'en prend à une autre critique, émise une semaine plutôt par un Britannique, Vernon Unsworth, qui avait jugé que le prototype d'Elon Musk n'avait "absolument aucune chance de marcher". L'homme n'est pas un anonyme : il a participé aux opérations de secours. Vivant en Thaïlande une partie de l'année, il a fourni des indications topographiques aux secouristes permettant de dessiner précisément l'intérieur de la grotte et donnant ainsi des renseignements essentiels aux sauveteurs. En gros, il dénonce un coup de com' du patron de SpaceX, et déclare, sur CNN, qu'Elon Musk peut "se coller son sous-marin là où ça fait mal".

Des propos, certes pas très classes, qui lui ont valu un rare déchaînement de colère du principal intéressé. Dans plusieurs messages publiés sur Twitter dimanche dernier, le milliardaire fantasque commente, sans le nommer, les propos de Vernon Unsworth. "Désolé, le pédo, c'est toi qui l'a demandé". "Pedo", est le diminutif de pédophile en anglais. Puis en rajoute une couche : "Je parie un dollar signé que c'est vrai."

Sur le réseau social, les critiques sont instantanées. Le patron de Tesla efface ses messages. Trop tard, dans un entretien accordé à l'AFP, Vernon Unsworth annonce son intention de porter plainte.

Le cours de Tesla chute à Wall Street 

Et pour l'image de Tesla et SpaceX, le mal est fait. Lundi, le cours du constructeur de voitures électriques perdait 2,75% à Wall Street. Les analystes voient dans ces propos la lente dérive d'un homme, génie incontrôlable et parano, sous pression après des retards de production de son Model 3, considéré comme vital pour l'avenir de Tesla.

Et l'affaire pourrait aller plus loin. D'après le quotidien britannique The Guardian , James Anderson, associé de Baillie Gifford, un des plus gros actionnaires de Tesla, a confié qu'il allait évoquer ce nouvel écart de conduite d'Elon Musk avec les dirigeants de l'entreprise.