Le phénomène est d’une ampleur telle que les habitants de Bombay ont cessé de compter. Les pluies diluviennes de la mousson – depuis début juin il est tombé 1 817 mm, soit 72 % de la moyenne annuelle –, ajoutées aux coefficients de marée les plus élevés de la saison, font revenir sur le littoral de la capitale économique de l’Inde des tonnes de déchets essentiellement plastiques depuis le 13 juillet, comme le montre un reportage diffusé par Zeenews.

“En 48 heures, la mer a vomi pas moins de 361 tonnes d’ordures, dont 226 tonnes sur les seules plages de Juhu et Versova”, indiquait le Times of India dimanche 15 juillet, en publiant des photos impressionnantes.

Retour à l’envoyeur

Affolés, les défenseurs de l’environnement ont dénoncé “les insuffisances des systèmes de retenue flottants” installés dans les estuaires de la ville et aux sorties des égouts. Il faudrait selon eux “fixer des filets jusqu’au fond de l’eau”, afin d’empêcher les solides de partir librement dans la mer d’Arabie. Lundi 16 juillet, la mer poursuivait ses retours à l’envoyeur. Selon The Hindu, “11 tonnes de déchets ont été ramassés sur la célèbre promenade de Marine Drive” et 199 tonnes sur les principales plages de la ville.

La “vision d’horreur” que donnent ces déchets arrive “au moment précis où le gouvernement régional du Maharashtra impose l’interdiction du plastique dans tout l’État”, fait remarquer India Today, qui s’interroge sur la question de la collecte des ordures. “Malgré les nombreuses campagnes de nettoyage entreprises par des citoyens inquiets, le problème empire avec le rejet d’eaux usées non traitées dans la mer.” Un drame pour “la vie aquatique et la chaîne alimentaire marine”.

L’hiver dernier, le site d’information Scroll.in avait salué l’installation de l’artiste singapourien Tan Zi Xi visant à sensibiliser l’opinion publique à ce sujet. Dans un hangar de Sassoon Dock, le grand marché aux poissons de Bombay, Zi Xi avait “suspendu au plafond 400 kg d’objets en plastique” pour montrer aux visiteurs à quoi ressemble l’océan sous la surface.