Enedis Hérault : "Il y a eu beaucoup de contre-vérités autour du compteur Linky"

  • Dans l’Hérault, quelque 700 000 foyers seront équipés.
    Dans l’Hérault, quelque 700 000 foyers seront équipés. AFP / DAMIEN MEYER
  • Philippe Malagola : “Le dispositif est très encadré.”
    Philippe Malagola : “Le dispositif est très encadré.” E. Be
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EMILIE BEC

Philippe Malagola, directeur chez Enedis Hérault, fait le point sur ces compteurs communicants.

Qu’est-ce exactement que le Linky ?

C’est un compteur électrique qui est communicant. Il communique avec le client et avec le réseau, d’où son intérêt. C’est une nouvelle génération de compteur qui est adaptée aux nouveaux usages de consommation et de production d’électricité. C’est un programme important en France qui va créer près de 10 000 emplois et représente 5 milliards d’euros.

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En quoi son aspect communicant est-il intéressant ?

Pour le client, par exemple, il n’aura plus à attendre qu’on fasse la relève de son compteur, celle-ci sera faite automatiquement à distance. Il y a aussi un certain nombre d’avantages qui sont : on pourra emménager et avoir son électricité en 24 h dans son nouveau logement, contre cinq jours à l’heure actuelle. Un certain nombre de prestations seront aussi moins coûteuses. Et, en fait, il n’y aura aucun coût supplémentaire pour le client pour la pose des Linky. Elle est gratuite.

Plusieurs témoignages ont fait état de poses de compteur forcées, voire subies comme violentes par les clients. Comment le prenez-vous ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que ce compteur est encadré par une directive européenne et une loi française sur la transition énergétique. Ce compteur s’impose à tous parce qu’il est devenu indispensable pour les nouveaux usages. En plus, ce compteur est aujourd’hui la propriété des collectivités et est mis à disposition du client. Il ne lui appartient pas. C’est bien spécifié dans son contrat. Nous devons en permanence pouvoir y accéder. C’est un problème de sécurité de nos agents et de nos prestataires. S’opposer à sa pose peut mettre en danger la sécurité de nos agents et de nos prestataires mais aussi les installations électriques du client.

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N’aurait-il pas fallu plus de pédagogie, de communication avant de forcer les poses ?

On fait beaucoup de réunions de concertation avec les collectivités. Dans l’Hérault, par exemple, l’an dernier, on en a fait plus d’une par semaine. On rencontre aussi les associations de consommateurs. Nous sommes aussi une entreprise de service public, donc on est très attachés à ce dialogue.

Les rayonnements émis par le compteur sont aussi pointés du doigt comme risqué pour la santé par les anti-Linky...

On avait fait un premier essai de pose de 300 000 compteurs dans les régions de Lyon et de Tours. Ce compteur, comme tout appareil électrique, émet un champ magnétique. La mesure de ce champ magnétique est extrêmement faible. L’agence nationale des radiofréquences a fait des mesures en laboratoire et sur site. On est dans des émissions qui sont inférieures 100 ou 1 000 fois à la norme. Ce compteur émet comme l’ancien compteur, ni plus ni moins.

Ce que l’on reproche également est la collecte possible de données...

Cet appareil collecte des données de consommation que l’on mesure en kilowatt. Ces données sont des données globales. Il est impossible, à partir de cette consommation, de savoir si vous utilisez votre téléviseur ou votre lave-linge. Comme auparavant, la collecte de ces données est transmise, une fois par mois, à votre fournisseur d’énergie. Sur la confidentialité des données, dans le compteur, elles sont cryptées.

Personne ne peut y avoir accès. Pour qu’un client puisse communiquer ses données à un tiers, il faut qu’il donne son consentement délibéré et explicite. C’est la loi qui encadre ça. Toutes ces phases d’opération sont contrôlées par la commission nationale de l’informatique et des libertés.

Cette commission vient d’ailleurs d’épingler Direct Énergie pour avoir récupéré des données sans l’accord des clients...

Justement, la Cnil a rappelé que pour que les données puissent être communiquées, il fallait ce consentement délibéré et explicite du client. Je trouve que c’est un très bon exemple du rôle de contrôle qu’exerce la commission sur les données issues du compteur Linky et de la confidentialité attachée à ces données.

Mais demain, il sera très utile à des clients, des familles qui, par exemple, veulent baisser leur température de 1 °C, éteindre leurs appareils, de pouvoir, une fois qu’elles se seront inscrites gratuitement sur le site internet d’Enedis, examiner ce que cela fait sur leur consommation. Une étude très récente du CNRS met en évidence que par des actes volontaires et simples, on peut baisser sa consommation jusqu’à 25 %.

Comprenez-vous la prise de position de certains maires qui refusent les installations de Linky dans leur commune ?

Un certain nombre en France de collectivités, quelques centaines, a effectivement délibéré contre la pose des compteurs Linky ou d’autres formes d’arrêtés municipaux. Ces arrêtés sont aujourd’hui entachés d’illégalité et donc ce sont les préfectures qui demandent à ce qu’ils soient retirés. Parce que c’est la loi de transition énergétique qui demande à ce que ce nouveau compteur remplace les anciens. Dans l’Hérault, il y en a très peu, une douzaine, dont la moitié a déjà retiré ces délibérations.

Les collectifs anti-linky parlent aussi de 700 000 antennes-relais supplémentaires dans les rues devant être posées à cause de ce compteur. Qu’en est-il ?

On ne pose pas d’antennes-relais pour Linky. Il y a eu beaucoup de fausses rumeurs. À un moment, on a même dit qu’il y avait une caméra dans le compteur ! On a la chance de pouvoir justement utiliser les réseaux électriques par courant porteur en ligne. C’est l’intérêt, d’ailleurs, de ce projet.

En quoi le Linky va jouer un rôle dans cette transition énergétique ?

De nombreux systèmes se mettent actuellement en place et le compteur communicant va devenir indispensable, c’est vraiment une brique importante. C’est pour ça qu’il se déploie un peu partout en Europe. Là aussi, c’est une contre-vérité de dire qu’il ne se fait pas dans d’autres pays : le déploiement est terminé dans les pays scandinaves et en Italie. Dans toute l’Europe c’est lancé, même en Allemagne.

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