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Thierry Solère a été reçu dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre ce mardi 17 juillet.
Thierry Solère a été reçu dans les locaux de la police judiciaire de Nanterre ce mardi 17 juillet.

Le député LREM Thierry Solère en garde à vue pour fraude fiscale et favoritisme

Justice

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Le député macroniste est visé depuis septembre 2016 par une enquête judiciaire qui s'est progressivement étendue à de multiples chefs d'accusation. A l'origine soupçonné de ne pas avoir payé une partie de son impôt sur le revenu, l'ancien membre du parti Les Républicains aurait également profité de sa position d'élu pour favoriser des entreprises.

Sale temps pour Thierry Solère. Le député LREM (ex-Les Républicains) a été placé en garde à vue ce mardi 17 juillet, rapporte le Monde. Cette évolution intervient six jours après que l'immunité parlementaire de l'élu a été levée par le bureau de l'Assemblée nationale, le parquet de Nanterre ayant expliqué aux députés que la garde à vue était "l’unique moyen de parvenir à l’exécution des investigations". Thierry Solère avait d'ailleurs approuvé cet acte, afin de pouvoir "être entendu" par la police judiciaire.

A l'origine, l'enquête porte sur des faits présumés de fraude fiscale : le député des Hauts-de-Seine aurait omis de payer une partie de ses impôts sur le revenu entre 2010 et 2013, ainsi que la taxe foncière de 2013. Plusieurs charges se sont ajoutées au dossier : trafic d'influence, corruption, abus de biens sociaux, financement illicite de campagne électorale et manquements aux obligations des députés de déclarer leurs intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). Le Monde explique que Thierry Solère "est soupçonné de s’être servi de sa position d’élu pour favoriser des entreprises pour lesquelles il travaillait par ailleurs".

Une descente aux enfers depuis la primaire

D'autres soupçons portent sur l'embauche, comme assistante parlementaire, de l'épouse d'un des anciens employeurs de Thierry Solère ; lorsqu'il était conseiller régional LR d'Île-de-France, le quadragénaire travaillait en parallèle pour Aliapur, une entreprise de recyclage de pneus qui le rémunérait 12.000 euros par mois pour un poste de consultant. Et en 2014, Solère avait embauché la compagne d'Eric Fabiuw, l'ancien directeur général d'Aliapur, comme nouvelle assistante parlementaire. Un poste présumé fictif par la justice, ce que Thierry Solère conteste. Autres faits allégués, également démentis par le député LREM : l'obtention de "libéralités" de plus d'un million d'euros sans déclaration de la part d'un promoteur immobilier entre 2011 et 2017, et l'acquisition de trois appartements grâce à de faux prêts.

Le néo-macroniste traverse une période compliquée depuis qu'il s'est fait connaître du grand public en organisant la primaire de la droite, en novembre 2016. Nommé porte-parole de la campagne de François Fillon, il démissionne de ce poste en mars 2017 en raison du tourbillon médiatique et judiciaire qui entoure le candidat LR pour une affaire... d'emploi fictif. Réélu député avec l'étiquette LR en juin 2017 dans les Hauts-de-Seine, Solère est à l'origine de la création du groupe parlementaire Les Constructifs, réunissant des élus de droite prêts à collaborer avec la majorité LREM, ce qui lui permet d'obtenir dans la polémique le confortable poste de questeur de l'Assemblée. Exclu de LR, il passe avec armes et bagages à La République En Marche en novembre 2017 et rejoint la majorité parlementaire, ce qui l'oblige à renoncer à contrecœur à la questure.

En décembre dernier, Thierry Solère est à nouveau fragilisé sur le terrain judiciaire : Le Canard enchaîné révèle qu'il aurait reçu des informations confidentielles concernant l'enquête le visant pour fraude fiscale de la part du socialiste Jean-Jacques Urvoas, alors ministre de la Justice. L'ex-garde des Sceaux a été mis en examen en juin dernier. Quant à Thierry Solère, il est menacé d'exclusion de La République en Marche, Christophe Castaner ayant annoncé en décembre dernier qu'il saisissait le comité d'éthique du parti. Ce n'est pas sa garde à vue qui va arranger ses affaires...

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne