EXTINCTION. Les esturgeons pourraient bien disparaître à cause de leurs œufs ! Ce paradoxe biologique doit tout à l’attrait des humains pour le caviar. Bien connu pour son suivi international des trafics illégaux d’animaux dans le monde, Traffic profite de la 30ème session du comité pour les animaux de la Convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flores sauvages menacées d’extinction (CITES) qui se déroule à Genève (Suisse) jusqu’au 21 juillet 2018 pour alerter sur la pression continue exercée sur les 27 espèces d’esturgeons recensées dans le monde. L’esturgeon eurasiatique (Acipenser sp.) et le padulaire américain (Polyodon spathula) sont menacés par la dégradation de leur habitat et surtout par la surpêche. Ces espèces sont presque toutes au bord de l’extinction. De ce fait, le commerce international de ces poissons est interdit sauf autorisation express de la CITES. Dans la réalité, le trafic prospère aussi bien sur les marchés physiques que sur Internet.
Présents seulement dans l’hémisphère nord, les esturgeons ont connu depuis le début du siècle la révolution de l’aquaculture. Les esturgeons sibériens, comme ceux de la mer Caspienne (toujours les plus réputés) et les padulaires que l’on retrouvent essentiellement tout au long du parcours du Mississipi voient officiellement leurs tonnages de captures diminuer. Au niveau mondial, selon les rapports des sociétés importatrices, 1.599 tonnes de caviar sauvage comme "cultivé" ont été commercialisées entre 2000 et 2015. Mais la tendance est nettement à la baisse avec 229 tonnes produites en 2000 contre 108 tonnes en 2015. Et encore, sur ce tonnage, 102 tonnes provenaient de fermes aquacoles.
La production d'esturgeons par les fermes aquacoles explose !
CHINE. En 2016 cependant, révèle le rapport de Traffic, on dénombrait 1.986 fermes d’esturgeons et de padulaires dans 48 pays pour une production totale de 127.780 tonnes de viande d’esturgeons et 340 tonnes de caviar. Une production en forte hausse puisque les producteurs espèrent atteindre 550 tonnes en 2020. La géographie du caviar s’en trouve profondément transformée : 86% de cette production est effectuée en Chine où le poisson était hier encore presqu'inconnu.
Dans ces conditions, la pression sur les stocks sauvages devrait baisser ainsi que les prix de la boîte de caviar. Il n’en est rien.
EXTINCTION. Les esturgeons pourraient bien disparaître à cause de leurs œufs ! Ce paradoxe biologique doit tout à l’attrait des humains pour le caviar. Bien connu pour son suivi international des trafics illégaux d’animaux dans le monde, Traffic profite de la 30ème session du comité pour les animaux de la Convention sur le commerce international des espèces de faunes et de flores sauvages menacées d’extinction (CITES) qui se déroule à Genève (Suisse) jusqu’au 21 juillet 2018 pour alerter sur la pression continue exercée sur les 27 espèces d’esturgeons recensées dans le monde. L’esturgeon eurasiatique (Acipenser sp.) et le padulaire américain (Polyodon spathula) sont menacés par la dégradation de leur habitat et surtout par la surpêche. Ces espèces sont presque toutes au bord de l’extinction. De ce fait, le commerce international de ces poissons est interdit sauf autorisation express de la CITES. Dans la réalité, le trafic prospère aussi bien sur les marchés physiques que sur Internet.
Présents seulement dans l’hémisphère nord, les esturgeons ont connu depuis le début du siècle la révolution de l’aquaculture. Les esturgeons sibériens, comme ceux de la mer Caspienne (toujours les plus réputés) et les padulaires que l’on retrouvent essentiellement tout au long du parcours du Mississipi voient officiellement leurs tonnages de captures diminuer. Au niveau mondial, selon les rapports des sociétés importatrices, 1.599 tonnes de caviar sauvage comme "cultivé" ont été commercialisées entre 2000 et 2015. Mais la tendance est nettement à la baisse avec 229 tonnes produites en 2000 contre 108 tonnes en 2015. Et encore, sur ce tonnage, 102 tonnes provenaient de fermes aquacoles.
La production d'esturgeons par les fermes aquacoles explose !
CHINE. En 2016 cependant, révèle le rapport de Traffic, on dénombrait 1.986 fermes d’esturgeons et de padulaires dans 48 pays pour une production totale de 127.780 tonnes de viande d’esturgeons et 340 tonnes de caviar. Une production en forte hausse puisque les producteurs espèrent atteindre 550 tonnes en 2020. La géographie du caviar s’en trouve profondément transformée : 86% de cette production est effectuée en Chine où le poisson était hier encore presqu'inconnu.
Dans ces conditions, la pression sur les stocks sauvages devrait baisser ainsi que les prix de la boîte de caviar. Il n’en est rien. Les auditions de professionnels du secteur, l’examen des fiches d’importation, les enquêtes sur les sites de vente sur Internet montrent que les ventes "sous la table" et les tractations sécurisées sur Internet concernent encore beaucoup des œufs sauvages. Traffic s’est ainsi intéressé aux trois pays source – Etats-Unis, Chine et Iran - et aux cinq pays spécialistes du conditionnement et de la revente : Suisse, Chine, Iran, France et Allemagne. Les enquêteurs font part de nombreuses manipulations. Outre la vente sur des marchés physiques de viande et de caviar provenant effectivement de poissons sauvages, on trouve aussi du caviar qui ne répond pas aux obligations de déclaration à la CITES, des documents de la CITES falsifiés, du caviar "labellisé" CITES alors que la Convention n’a pas été informé de la vente de ces lots, des productions sauvages passées sous l’étiquette "aquaculture" pour éviter les contrôles et bien sûr des poissons d’aquaculture qui deviennent sauvages pour en multiplier le prix. Selon des sources non révélées par le rapport, le commerce illégal de caviar serait dix fois plus important que les ventes légales.
Un poisson victime de l'industrie du luxe
Pourquoi l’aquaculture n’arrange-t-elle pas les affaires des poissons sauvages ? Malgré la réglementation de la CITES et la rapide croissance de la production aquacole, le prix élevé et la rareté de certaines espèces d’esturgeons et de padulaires rendent le trafic de caviar très attractif. "Le caviar est vu comme un produit de luxe qu’on ne consomme ou trouve en vente que dans des magasins spécialisés, des restaurants haut-de-gamme ou les premières classes des avions et des bateaux de croisière, note le rapport. Le mot caviar est souvent utilisé pour symboliser le luxe inaccessible associé à des émotions au-delà de son usage de produit alimentaire".
Outre ces considérations sociales, les enquêteurs notent également que pour beaucoup d’amateurs, le caviar sauvage est bien supérieur en goût à celui issu de l’aquaculture. Une impression que n’ont pas confirmé les nombreuses dégustations à l’aveugle. Les plus grands spécialistes du produit ont toujours échoué à distinguer l’un de l’autre. Une bonne raison pour laisser en paix les derniers esturgeons sauvages.