Après les faux médecins et les faux avocats, les faux chercheurs. Dans le cadre d’une enquête menée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), The Indian Express a révélé dans son édition du 19 juillet l’ampleur de la fraude à laquelle se livre le monde de la recherche en Inde. Une ombre de plus jetée sur un pays où de récents scandales ont éclaboussé d’autres professions.

Dans tout le sous-continent, des journalistes ont cette fois débusqué d’innombrables maisons d’édition qui monnaient la publication d’articles scientifiques, sans en vérifier le contenu. À Hyderabad, capitale du Telangana, connue pour être la deuxième Silicon Valley de l’Inde après Bangalore, ils ont ainsi découvert “l’un des plus grands éditeurs mondiaux de ce type” : le groupe Omics, qui publie pas moins de 785 journaux dans les domaines de la médecine, de l’ingénierie, des hautes technologies et du management, se fait payer entre 149 et 1 819 dollars pour faire paraître un article. À Bareli, dans l’Uttar Pradesh, ils sont tombés sur “une seule personne” qui se livrait au même trafic “depuis un simple ordinateur installé dans une petite pièce”.

Un joli CV ou une promotion

Parmi les autres noms soupçonnés de “fake science” : Austin, Science Domain, l’International Association of Engineering and Management Education (IAEME) et le Journal of Social Science and Humanities Research (IJRDO). “Dans le monde universitaire, être publié dans une revue internationale de recherches est presque le Saint Graal, explique The Indian Express. Cela permet d’embellir le CV pour une embauche future ou une promotion professionnelle.”

En théorie, ces publications supposent “une recherche rigoureuse et originale”, ainsi que “des évaluations exhaustives par des pairs ou des experts”. Mais pour les chercheurs en mal de reconnaissance, il existe aussi “un moyen facile” d’être publié : payer. Au début de mai, rapporte The Indian Express, la Commission des subventions aux universités (University Grants Commission, UGC) a fait retirer de la liste des 32 000 revues scientifiques homologuées en Inde quelque 4 300 titres “douteux”. Le ménage ne fait que commencer.